Kuwait - Actes de violence contre les employé(e)s domestiques migrants (2012)

Il est estimé qu’entre 650.000 et 750.000 employé(e)s domestiques migrants travaillent au Koweït. Il s’agit essentiellement de femmes originaires d’Asie du Sud-est. Des dénonciations de violences et de mauvais traitements à grande échelle sont encore régulièrement signalées, au même titre que les rapports dénonçant les manquements des autorités koweïtiennes lorsqu’il s’agit d’enquêter, de surveiller et de remédier aux problèmes. Les travailleurs/euses domestiques étrangers, de même que les employé(e)s domestiques locaux et les chauffeurs, sont exclus de la législation du travail et sont vulnérables aux abus, faute de solutions juridiques efficaces. En 2011, environ 300 employé(e)s domestiques originaires du Sri Lanka ont cherché asile à l’ambassade du Sri Lanka en raison de différends avec les employeurs et attendaient de quitter le pays une fois ces conflits résolus et après avoir obtenu un passeport et un billet d’avion.

En 2009, les ambassades présentes au Koweït ont reçu plus de 10.000 plaintes de travailleurs/euses domestiques concernant le non-paiement des salaires, des heures de travail excessives et une multitude de violences physiques, sexuelles et psychologiques. Très souvent au Koweït, les travailleurs/euses domestiques qui tentent d’échapper à un employeur brutal sont poursuivis en correctionnelle pour « fuite » et sont généralement expulsés, même s’ils ont été victimes d’abus et cherchent à obtenir réparation. Le 26 septembre 2010, le Koweït, qui affiche la proportion d’employé(e)s domestiques par habitant la plus élevée du Moyen-Orient, a annoncé qu’il abolirait le système de « parrainage » en février 2011 pour le remplacer par un système basé sur l’employeur, moyennant l’établissement d’une autorité responsable du recrutement placée sous le contrôle du gouvernement. Aucun détail n’a été fourni quant aux protections légales additionnelles qui seraient prévues pour les travailleurs/euses migrants. Le nouveau Code du travail interdit, cependant, aux entreprises du secteur privé et du secteur pétrolier de retenir les passeports des travailleurs et prévoit des amendes en cas d’infraction. La nouvelle législation ne mentionne pas les travailleurs/euses domestiques, qui ne figurent pas non plus dans le texte relatif à l’abolition du système de parrainage.

En juillet, un rapport des Nations Unies appelait le Koweït à améliorer de toute urgence la promotion et la protection des droits des employé(e)s domestiques étrangers. Ce rapport indiquait que de nombreux travailleurs/euses domestiques se plaignaient d’être enfermés dans la maison, d’effectuer des heures de travail excessives sans repos, de ne pas être payés pendant plusieurs mois ou années et parfois de subir des violences verbales, physiques ou sexuelles. La plupart des employeurs détiennent leur passeport et d’autres documents. Le ministère de l’Intérieur a cherché à lutter contre le travail forcé et la traite des êtres humains; davantage d’efforts sont d’ailleurs à noter en ce qui concerne les poursuites, les sanctions et les condamnations rigoureuses des individus accusés d’exploiter des travailleurs/euses, en particulier au titre du système de parrainage, dans le cadre duquel les employé(e)s domestiques sont réduits de force à l’esclavage. De plus, des agences de recrutement aux pratiques frauduleuses ont été fermées, et des bureaux de recrutement ont perdu leur licence car ils ne respectaient pas les règlementations adoptées en février 2010 dans le Code du travail du secteur privé. Malgré tout, de nombreux problèmes graves persistent.

Le 10 mars, trois employeurs koweïtiens – des « parrains » – et deux policiers ont torturé à mort un Asiatique, qui n’a pas été identifié. Les trois Koweïtiens ont capturé cet homme et l’ont « frappé de manière impitoyable » avant de le remettre aux mains de la police, en l’accusant d’avoir mis le feu à leur ferme et de les avoir volés. C’est lors de son « interrogatoire » par la police que le travailleur a perdu connaissance avant de succomber à ses blessures. Les trois Koweïtiens et les policiers sont toujours interrogés par la police à ce sujet. Le même jour, un agent de la circulation, dont l’identité n’est pas connue, a enfermé un migrant asiatique dans sa voiture de patrouille pendant quatre heures; il l’a violemment frappé puis l’a « jeté » à la rue. Un autre cas mentionne qu’une employée domestique indonésienne s’est tuée en se jetant par la fenêtre; d’après la police, la femme a sauté du sixième étage d’un immeuble après avoir subi des violences physiques et sexuelles de la part de deux frères koweïtiens, et son corps portait des traces de brûlures de cigarette. D’autres cas de violence de la part des employeurs et de la police sont fréquemment rapportés, concernant en particulier des employé(e)s domestiques étrangers originaires d’Asie du Sud et d’Éthiopie. En juin, les agences de recrutement cambodgiennes ont opposé leur veto à l’envoi de travailleurs/euses domestiques au Koweït en raison des nombreuses plaintes pour violences.

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