Kuwait - Actions collectives en dépit des restrictions – le gouvernement interdit les grèves (2012)

Les grèves se sont multipliées bien que, officiellement, elles soient uniquement autorisées dans le secteur privé, où les effectifs ne sont pas organisés et sont essentiellement composés de 1,7 million d’étrangers. En 2011, des vagues de grèves et des actions revendicatives sans précédent ont été organisées dans le secteur public, qui emploie près de 80% de la main-d’œuvre koweïtienne, forte de 360.000 travailleurs/euses, après que les employé(e)s du secteur public pétrolier ont réussi à obtenir de l’État jusqu’à 66% d’augmentation de salaire. Ensuite, les employé(e)s de plusieurs ministères et institutions publiques ont fait pression pour obtenir à leur tour de meilleurs salaires et prestations. Les douaniers, les ouvriers portuaires, le personnel des ministères de l’Intérieur, de la Santé, des Affaires sociales et du Travail ont commencé à cesser le travail et à manifester en masse pour protester contre les faibles salaires et le manque de prestations sociales. Les grèves ont également atteint la compagnie aérienne du Koweït, dont les 5.000 employé(e)s étaient concernés par une proposition de privatisation. Alors que les employé(e)s koweïtiens planifiaient leurs grèves, il était conseillé aux travailleurs/euses étrangers de continuer à travailler, car ils risquaient plus facilement d’être licenciés sans préavis pendant la grève.

En septembre, environ 850 travailleurs/euses portuaires ont entamé des grèves quotidiennes de deux heures au sujet des salaires, ce qui a perturbé le fonctionnement de trois ports commerciaux du pays. Le 25 octobre, le gouvernement a consenti à augmenter les salaires, suite à une courte grève organisée par les 4.000 membres du syndicat des travailleurs/euses de Kuwait Airways Corporation, qui ont cloué au sol la moitié de la flotte aérienne de la compagnie. Début octobre, les travailleurs/euses de la Bourse du Koweït ont renoncé à une grève planifiée le 19 octobre après avoir trouvé un accord avec le gouvernement sur les sommes dues. Le différend portait sur le paiement des primes et sur la mutation imminente d’employé(e)s de la Bourse à une nouvelle entité, Capital Markets Authority (autorité des marchés de capitaux). Le cercle universitaire de l’Université du Koweït a également prévu une manifestation le 26 octobre en faveur de la hausse des salaires.

Les fonctionnaires du gouvernement koweïtien ont sans cesse rappelé aux grévistes qu’ils n’étudieraient aucune demande tant qu’il y aurait des arrêts de travail. En octobre, le gouvernement a annoncé qu’il prévoyait une nouvelle loi visant à sanctionner les fonctionnaires qui feraient grève et à limiter le processus de grève. En réaction à la vague de grèves du 17 octobre, le ministre des Affaires étrangères a présenté sa démission et, apparemment, au moins un autre ministre songeait également à démissionner. Le 19 décembre, la Kuwait Trade Union Federation (fédération des syndicats du Koweït – KTUF) a organisé une manifestation devant le ministère de la Fonction publique, suite à la déclaration du ministre de la Justice Ahmed Al Mulaifi, annonçant que les grèves étaient interdites et que les conventions internationales qui garantissaient les droits des travailleurs/euses ne s’appliquaient pas à lui. Cette déclaration visait à répondre à la grève entreprise par les employé(e)s du ministère de la Justice. Ces derniers s’étaient également élevés contre la pression exercée sur les expatrié(e)s non qualifiés pour qu’ils travaillent au ministère à la place des citoyen(ne)s koweïtiens, et contre certaines questions liées aux retraites. Les syndicalistes du syndicat des travailleurs/euses du pétrole et du syndicat des employé(e)s des pétroliers ont également participé aux manifestations en signe de solidarité.

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