Bahreïn

L’organisation affiliée à la CSI au Bahreïn est la General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU).
Le Bahreïn n’a ratifié ni la Convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (1948) ni la Convention n° 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective (1949).
Dans la loi
Liberté syndicale / Droit d’organisation
Liberté syndicale
Le droit à la liberté syndicale est garanti par la Constitution.
Le droit à la liberté syndicale est reconnu par la législation mais est strictement réglementé.
Discrimination antisyndicale
La législation interdit la discrimination antisyndicale mais ne prévoit aucun moyen de protection adéquat.
Obstacles juridiques à l’établissement d’organisations
- Autorisation ou approbation préalables par les autorités nécessaires pour établir un syndicat
- Une autorisation/approbation du gouvernement est nécessaire pour créer des organisations de travailleurs et pour conclure des conventions collectives.
- Pouvoir de refuser l’enregistrement officiel pour des raisons arbitraires, injustifiées ou ambiguës
- La législation prévoit l’enregistrement de syndicats multiples au niveau de l’entreprise, à condition que ces syndicats ne soient pas créés pour des motifs sectaires, religieux ou raciaux (décret n°35 de 2011). La plupart des travailleurs/euses bahreïnis étant musulmans chiites, les syndicats craignent que la loi soit invoquée pour empêcher ou annuler l’enregistrement de syndicats, en prétextant qu’ils ont été créés pour des motifs sectaires ou religieux.
- Restrictions au droit des syndicats d’établir des sections, une fédération et confédération ou de s’affilier à des organisations nationales et internationales)
- L’article 8.1 du décret législatif n°35 de 2011, qui amende la loi sur les syndicats, n’autorise la création de fédérations syndicales que pour des professions ou des secteurs semblables).
Restrictions au droit des travailleurs/euses de former des syndicats de leur choix et d’y adhérer
- Système syndical unique imposé par la législation et/ou système interdisant ou limitant la syndicalisation à un certain niveau (de l’entreprise, industriel/sectoriel, régional/territorial, national)
- La législation semble favoriser un système syndical unique au niveau national, dans la mesure où elle précise que «la structure syndicale se compose des syndicats et de la Confederation of Bahrain's Trade Unions» (Confédération des syndicats du Bahreïn) (article 6 de la loi sur les syndicats, telle qu’elle a été amendée par la loi 49 de 2006).
Restrictions au droit des syndicats d’organiser leur gestion
- Restrictions au droit d’élaborer librement leurs Statuts et règlements
- La législation prévoit des règles très détaillées concernant la gestion des syndicats et la façon dont ils doivent diriger et organiser leurs affaires (articles 12, 13, 14 et 15 de la loi sur les syndicats).
- Restrictions au droit d’élire des représentants et de s’autogérer librement
- Toute personne déclarée coupable de violations entraînant la dissolution d’une organisation syndicale est privée du droit de siéger dans les instances dirigeantes des syndicats pour une période de cinq ans (article 35 du décret législatif n°35 de 2011)
- Autres ingérences externes autorisées par la législation
- Le ministre a le droit de déterminer l’organisation de travailleurs/euses la plus appropriée pour représenter les travailleurs/euses du Bahreïn dans les forums internationaux et les négociations au niveau national (loi sur les syndicats (telle qu’elle a été amendée par la loi n°49); article 8.3 du décret législatif n°35 de 2011). En outre, les syndicats ne peuvent pas investir d'argent dans des activités financières, immobilières ou autres activités spéculatives (art. 20 (b), loi n° 33 de 2002 sur le droit syndical des travailleurs) et ils ne peuvent pas se livrer à des activités politiques (art. 20 (d), loi n° 33 de 2002 sur le droit syndical des travailleurs).
Catégories de travailleurs/euses à qui la loi interdit ou restreint la possibilité de former un syndicat ou d’y adhérer, ou d’occuper une fonction syndicale
- Autres fonctionnaires ou agents publics
- Les travailleurs/euses dont l’activité est régie par les réglementations de la fonction publique n’ont pas le droit de former de syndicats. Ils/elles peuvent uniquement adhérer à des organisations existantes qui regroupent des travailleurs/euses ayant une activité ou une profession semblables à la leur (article 10 de la loi sur les syndicats; circulaire n°1 du 10 février 2003 sur le droit des fonctionnaires à adhérer à des syndicats de travailleurs/euses).
- Travailleurs/euses agricoles
- Les travailleurs/euses agricoles n’ont pas le droit de former un syndicat ni d’adhérer à un syndicat (article 2 du droit du travail de 2012 du secteur privé)
- Travailleurs/euses domestiques
- La législation du travail ne s’applique pas aux travailleurs/euses domestiques et aux «personnes considérées comme tels» qui, par conséquent, n’ont pas le droit de former un syndicat ni d’adhérer à un syndicat (article 2 du droit du travail de 2012 du secteur privé).
- Travailleurs/euses temporaires/sous contrat
- Les travailleurs/euses temporaires qui dispensent des services auxiliaires chez un employeur pour une durée inférieure à un an n’ont pas le droit de former un syndicat ni d’adhérer à un syndicat (article 2 du droit du travail de 2012 du secteur privé).
Droit de négociation collective
Droit de négociation collective
Le droit de négociation collective est reconnu par la législation mais n’est pas adéquatement encouragé ni promu.
Restrictions au principe de négociation libre et volontaire
- Procédure d’arbitrage obligatoire en cas E149de différend durant la négociation collective, à l’exception des services essentiels
- L’article 158 du droit du travail de 2012 du secteur privé prévoit qu’aucune partie ne peut individuellement demander la conciliation ou l’arbitrage dans le secteur privé pour régler un différend collectif relatif au travail. De plus, le gouvernement peut imposer la conciliation et l’arbitrage, même si aucune des parties de l’a demandé.
Restrictions à la portée de l’application et à l’effectivité juridique des conventions collectives conclues
- Approbation par les autorités des conventions collectives conclues librement
- Le ministre du Travail est chargé de réviser les conventions collectives de travail; il peut émettre des objections et refuser de mentionner les conventions dans le registre ou de les publier (article 143 du droit du travail de 2012 du secteur privé).
Limitations ou interdiction de la négociation collective dans certains secteurs
- Autres fonctionnaires et agents publics
- Le droit à la négociation collective ne s’applique pas aux fonctionnaires.
Droit de grève
Droit de grève
Le droit de grève est garanti par la Constitution.
Le droit de grève est reconnu par la législation mais est strictement réglementé.
Obstacles juridiques aux actions de grève
- Préavis/période de réflexion excessivement longs
- La loi requiert un préavis de 15 jours avant toute action de grève (article 21.2 de la loi sur les syndicats (telle qu’elle a été amendée par la loi n°49).
- Recours obligatoire à l’arbitrage ou à des procédures de conciliation et de médiation longues et complexes préalablement aux actions de grève
- La conciliation et l’arbitrage dans des services considérés comme «stratégiques» sont obligatoires s’il n’a pas été possible de régler le différend entre les travailleurs/euses et l’employeur (article 21.3 de la loi sur les syndicats (telle qu’elle a été amendée par la loi n°49)).
Ingérence injustifiée par les autorités ou les employeurs au cours d’une grève
- Autorités ou employeurs habilités à empêcher une grève ou à y mettre fin en soumettant le différend à l’arbitrage
- Les travailleurs/euses doivent s’abstenir de tout arrêt de travail pendant que le processus de conciliation et d’arbitrage est en cours (article 21.2.c. de la loi sur les syndicats (telle qu’elle a été amendée par la loi n°49)). Dans la pratique, ces processus peuvent durer des années, privant de fait les travailleurs/euses du droit de grève.
Limitations ou interdiction de grèves dans certains secteurs
- Détermination discrétionnaire ou liste excessivement longue des « services essentiels » dans lesquels le droit de grève est interdit ou strictement limité
- Les grèves sont interdites dans les infrastructures importantes et indispensables si elles présentent une menace pour la sécurité nationale et la vie des individus. La décision n°62, toujours en vigueur, donne une liste des services essentiels dans lesquels l’action de grève est interdite: aéroports, ports, centres médicaux, tous les moyens de transport de personnes ou de marchandises, boulangeries, institutions éducatives, installations pétrolières et gazières (article 21 de la loi sur les syndicats (telle qu’elle a été amendée par la loi n°49)).
En pratique
La General Federation of Bahrain Trade Unions (GFBTU) fait état de difficultés pour engager un réel dialogue social constructif avec le gouvernement et les employeurs. Elle souligne en particulier que, malgré la convention tripartite conclue sous l’égide de l’OIT en ce qui concerne la réintégration des travailleurs/euses licenciés illégalement sur la base de leurs opinions politiques en 2011, les dispositions restantes à mettre en oeuvre ne sont toujours pas appliquées, notamment le paiement d’une indemnisation pour licenciement sommaire et l’établissement du comité tripartite national visant à garantir la non-discrimination dans l’emploi.
La General Federation of Bahrain Trade Unions (GFBTU) a indiqué que l’Administration portuaire avait exercé de fortes pressions sur les travailleurs portuaires, membres du syndicat oeuvrant sous l’égide de la GFBTU, pour les contraindre à s’affilier à un nouveau syndicat jaune. La plupart des travailleurs portuaires n’ont heureusement pas cédé aux menaces de mesures disciplinaires et sont restés membres du syndicat indépendant.
La General Federation of Bahrain Trade Unions a indiqué que Muhammad Zain Al-Din, président du Syndicat des transports publics de Bahreïn, avait été licencié sans préavis en 2019. Quelques semaines plus tard, son bras droit au syndicat, Ahmed Al-Ansari, a également été licencié pour des raisons douteuses.
Le Gulf Air Pilots Union (Syndicat des pilotes de Gulf Air) tente de se faire officiellement reconnaître depuis des années, mais les autorités refusent toujours de procéder à son inscription, privant ainsi les pilotes d’une représentation au sein de l’entreprise. À la suite du refus des autorités, la compagnie aérienne Gulf Air a cessé de déduire les cotisations syndicales des salaires en dépit de l’accord de prélèvement conclu. Tant le Gulf Air Pilots Union que l’Air Crew General Union sont confrontés à de grandes difficultés financières.
La direction de Gulf Air bafoue également le droit de négociation collective des travailleurs dans la mesure où elle refuse constamment d’engager une négociation collective avec les syndicats représentatifs. La compagnie Gulf Air est même allée plus loin en s’opposant à la négociation collective après avoir modifié unilatéralement le système d’assurance maladie sans consulter les syndicats et en suspendant la convention collective de l’entreprise.
La General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU) déclare que les secrétaires et assistants de l’entreprise Bahrain Public Transport Company et de Carrefour ont été licenciés en raison de leurs activités syndicales.
La General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU) indique que plusieurs grandes entreprises du Bahreïn ont refusé d’engager des négociations avec les syndicats, en dépit des mécanismes de négociation collective existant dans chacune de ces entreprises, notamment Aluminium Bahrain B.S.C. (Alba), Arab Shipbuilding and Repair Yard, Batelco, Bahrain Petroleum Company (Bapco), Gulf Air, Gulf Aluminium Rolling Mill (Garmco), DHL et Bahrain Airport Services. Garmco a même commencé à négocier directement avec les travailleurs au lieu de passer par les représentants syndicaux.
La direction de l’entreprise Aluminium Bahrain B.S.C. (Alba) refuse constamment d’autoriser le prélèvement direct des cotisations syndicales sur le salaire des employé(e)s depuis la création du syndicat d’entreprise en 2013.
La General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU) fait savoir que le producteur d’aluminium Gulf Aluminium Rolling Mill (Garmco) et DHL menacent de prendre des mesures de rétorsion contre les travailleurs/euses qui adhéreraient à la GFBTU. Garmco a même suspendu les prestations de dix employés en raison de leur appartenance à la GFBTU.
La General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU) signale que la Chambre de commerce et d’industrie du Bahreïn a rejeté l’instauration d’un syndicat soutenu par la GFBTU mais qu’elle a accepté la création d’un autre syndicat, soutenu par la Bahrain Labour Union Free Federation (Fédération libre des syndicats du Bahreïn – BLUFF).
Le 3 juin 2017, les autorités de l’aéroport international du Bahreïn ont interdit à une délégation de la General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU) de se rendre à Genève pour participer aux travaux de la 106e session de la Conférence internationale du travail. Bien que la GFBTU ait communiqué le nom de ses délégués au ministère du Travail, conformément à la procédure habituelle, les autorités ont refusé l’accès à l’embarquement de la délégation sans préciser ce qui avait motivé cette décision arbitraire. Ensuite, le 6 novembre et le 26 novembre 2017, le secrétaire général adjoint de la GFBTU s’est vu interdire le déplacement à une réunion syndicale internationale qui avait lieu à Muscat, Oman, et à la Conférence de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) en Afrique du Sud. Les autorités n’ont fourni aucune explication. Le gouvernement a également refusé d’accorder des visas d’entrée aux spécialistes de l’OIT et aux représentant(e)s de syndicats étrangers, ce qui les a empêchés de prendre part aux activités de la GFBTU.
Le 3 octobre 2017, une entreprise a licencié tous les représentant(e)s syndicaux ainsi que 35 travailleurs/euses du Bahreïn suite à une plainte déposée au ministère du Travail au sujet de sept mois d’arriérés de salaires. Face à la pression du ministère du Travail, l’entreprise a versé cinq mois de salaires impayés à 40 employés, mais elle en a licencié 35 autres, en plus de tous les représentants syndicaux. Un représentant de la General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU) a déclaré que l’entreprise avait payé les salaires qu’elle devait seulement après la décision du tribunal d’interdire au président directeur général de l’entreprise de se déplacer, ce qui a donné lieu à une réunion en présence des représentants du ministère. Bien qu’un accord partiel ait été conclu, l’entreprise a arbitrairement licencié les syndicalistes et refusé de considérer le ministère du Travail comme un acteur de l’accord et de payer les arriérés de salaire restants.
Le 9 mai 2017, l’ancien secrétaire général de la General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU), Salman Al-Mahfouz, et son fils ont fait l’objet d’une attaque. Un inconnu a brisé la vitre arrière de la voiture de M. Al-Mahfouz, qui était garée devant son domicile, dans le quartier Sar, et la voiture de son fils, M. Louai, a été incendiée. La police enquête toujours, mais les auteurs de ces agissements demeurent inconnus.
Suite à une décision du ministère de l’Intérieur, le défilé du 1er mai 2017 a été interdit. Hassan Halwachi, le secrétaire général de la General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU), a déclaré dans la presse qu’il regrettait profondément cette interdiction de l’exercice de la liberté de réunion. Il a précisé, alors que la GFBTU ne contestait pas la décision, qu’il était « important de dire que le fait d’empêcher les travailleurs d’organiser le défilé avait un impact négatif non seulement sur le syndicat et sur le mouvement syndical, mais aussi sur l’économie du pays ».
Depuis avril 2017, Mahdi Abu Dheeb et Jalila al Salman, respectivement président et vice-présidente du syndicat d’enseignants Bahrain Teachers’ Association (BTA), sont assignés à résidence et leurs déplacements sont limités, ce qui les empêche de diriger le BTA et d’assister aux conférences internationales. Mahdi a été libéré de prison en 2016, où il avait été incarcéré en 2011 pour avoir simplement demandé des réformes du système d’enseignement du pays. En prison, il a subi des violences physiques répétées et des actes de torture. Jalila a également été détenue et torturée par les autorités. Le syndicat britannique de l’enseignement NASUWT a décerné à Mahdi le Prix de la solidarité internationale 2017 et, le 15 avril 2017 à Manchester, il a assisté à la conférence annuelle du NASUWT en compagnie de Jalila. Lorsqu’ils sont rentrés au Bahreïn, ils ont été informés des restrictions arbitraires relatives à leur liberté de mouvement. Avec ces restrictions injustifiables, il leur est très difficile de mener à bien leurs activités pour le BTA, qui est une organisation internationalement reconnue et respectée.
Le 15 janvier 2017, une importante manifestation à Manama a mobilisé plus de 200 ouvriers indiens qui réclamaient le paiement de leurs arriérés salariaux. La police a lancé un assaut brutal contre les protestataires à l’issue duquel un travailleur a été tué et un nombre indéterminé de personnes ont été blessées. Suite à cet incident, le Bahreïn et l’Inde ont eu des consultations urgentes pour tenter de désamorcer la situation. Les ministres bahreïnis refusent de reconnaître que la mort du manifestant était causée par le raid policier, affirmant à la place que le ressortissant indien était décédé de causes naturelles. Cet effroyable incident est venu rallonger la longue liste de violations des droits humains et des travailleurs dans le pays du Golfe, causant un trouble prolongé parmi les travailleurs indiens. Qui plus est, il est survenu à un moment particulièrement délicat : Une semaine après le festival Pravasi Bharatiya Divas, célébré en l’honneur de la diaspora indienne, en présence d’un groupe très nombreux de ressortissants indiens de la région du Golfe.
Jalila al-Salman, vice-présidente du syndicat d’enseignant(e)s Bahrain Teachers’ Association (BTA), signale que les enseignants ne peuvent plus organiser d’activités syndicales comme ils en avaient l’habitude, depuis les mesures de répression prises à l’encontre du syndicat en 2011. Jalila al-Salman et Mahdi Abu Dheeb, le président du BTA, ont tous deux été emprisonnés en 2011 pour avoir organisé des grèves d’enseignants et ont subi des tortures et des humiliations en prison. Jalila a été libérée au bout de six mois mais il lui est interdit d’enseigner et sa liberté d’expression est extrêmement limitée. Elle a toutefois été autorisée à se rendre en Norvège en juin 2015 afin de recevoir le prix international Arthur Svensson pour les droits syndicaux, qui est décerné chaque année par le syndicat norvégien Industri Energi. Mahdi Abu Dheeb, condamné à cinq ans de prison, n’a pas pu l’accompagner, étant toujours incarcéré à ce moment-là. Il a été libéré le 4 avril 2016, mais il souffre de problèmes de santé depuis son emprisonnement. Entre-temps, la situation des enseignants ne s’est pas améliorée, et ils risquent d’être sanctionnés s’ils essaient simplement de participer à des négociations collectives, explique Jalila. Les enseignants peuvent être mutés de leur lieu de travail au seul motif qu’ils appartiennent au BTA ou si les autorités soupçonnent le syndicat de les aider.
Khalil Ibrahim Fardan, président du syndicat des dockers General Union of Port Workers in Bahrain (GUPWB), a été licencié le 11 novembre par APM Terminals, à Bahreïn. L’entreprise a affirmé que ce licenciement était dû aux « pratiques de travail » mais M. Fardan avait déjà été pris pour cible par l’entreprise en raison de ses activités syndicales, et la fédération syndicale nationale General Federation of Bahrain Trade Unions (GFBTU) pensait que son licenciement visait à l’empêcher de jouer son rôle de dirigeant syndical. La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) a rencontré la direction de l’entreprise une semaine plus tard pour essayer d’inverser la décision de la direction de l’entreprise, en vain.
Le 30 avril 2015, le gouvernement a interdit tous les rassemblements du 1er mai, obligeant la fédération syndicale nationale General Federation of Bahrain Trade Unions (GFBTU) à annuler à la dernière minute les manifestations prévues pour la Fête du travail, notamment un rassemblement, des camps médicaux, des sorties familiales et des cérémonies de remises de prix axées sur les droits des femmes et des travailleurs migrants sur le lieu de travail. Des milliers de personnes étaient attendues au rassemblement, notamment les membres de plus de 45 syndicats affiliés à la GFBTU.
En juin 2014, près de 2000 travailleurs/euses de l’usine de prêt-à-porter de Riffa, qui fabrique des vêtements pour des marques comme Macy’s, C&A, GAP, JC Penney et Walmart, se sont mis en grève pour protester contre les salaires trop bas et impayés, et les mauvaises conditions de travail. Les travailleurs, essentiellement originaires de l’Inde et du Bangladesh, se sont réunis à l’usine de Hajiyat et ont remis une liste de 12 demandes pour obtenir une hausse des salaires, l’amélioration de la nourriture et des soins médicaux. Actuellement, les travailleurs gagnent environ 55 BHD (145 USD) par mois. Le ministère du Travail a publié une déclaration pour annoncer que la grève était illégale et qu’une action en justice, impliquant l’expulsion, serait intentée contre les travailleurs qui refusaient de reprendre le travail.
Bien que le comité tripartite ait réussi à faire réintégrer un nombre significatif des travailleurs/euses licenciés après leur participation aux manifestations pour la démocratie, d’après le GFBTU, 657 travailleurs/euses n’ont toujours pas été réintégrés depuis les événements de 2011, y compris des dirigeant(e)s syndicaux. Par ailleurs, parmi les travailleurs/euses réintégrés, certains ont été réembauchés à des conditions moins favorables, avec un statut professionnel inférieur et un salaire moins important qu’avant leur licenciement.
Les travailleurs/euses qui ont participé aux manifestations au « rond-point de la Perle » ont été systématiquement licenciés par leurs employeurs. La General Federation of Bahrain Trade Unions (Fédération générale des syndicats du Bahreïn – GFBTU) a déclaré que certains employeurs refusaient de réintégrer ces travailleurs/euses aux termes de leur ancien contrat et qu’ils les obligeaient à signer de nouveaux contrats.
La GFBTU ne reçoit plus aucun soutien financier public, alors que la Chambre de commerce et l’Association des employeurs du Bahreïn continuent d’obtenir des financements. Au total, 55 dirigeant(e)s syndicaux du GFBTU ont été licenciés.
Le 1er mai 2012 à Manama, lors de la Journée mondiale du travail, la police antiémeute a lancé des gaz lacrymogènes et des grenades incapacitantes à des manifestant(e)s qui demandaient la libération des leaders du soulèvement de 2011, toujours emprisonnés.
Mahdi Issa Abu Dheeb et Jalila Al-Salman, de la Bahraini Teachers Association (Association des enseignant(e)s du Bahreïn – BTA), ont été arrêtés en 2011 pour avoir participé à des manifestations en faveur de la démocratie. Ils sont toujours détenus.
Le gouvernement a créé la Bahrain Labor Union Free Federation (Fédération libre des syndicats du Bahreïn) dans le but d’affaiblir la GFBTU.
Le 21 octobre 2011, la Cour d’appel a confirmé le verdict de culpabilité prononcé contre les dirigeant(e)s de la Bahrain Teachers Association (Association des enseignant(e)s du Bahreïn – BTA) le 25 septembre 2011 parce qu’ils/elles auraient tenté de renverser par la force le système au pouvoir et incité à la haine à l’égard du régime. La peine d’emprisonnement de Mahdi Abu Dheeb a été réduite à cinq ans et celle de Jalila al-Salman à six mois. Les avocats des dirigeant(e)s du BTA ont formé opposition auprès de la Cour suprême au sujet de ce verdict.
Le 7 novembre 2012, Jalila al-Salman, qui avait été libérée sous caution, a été convoquée sans explication au Service des enquêtes, à Manama, pour effectuer les 6 mois d’emprisonnement qui lui restaient. Elle a été transférée à la prison pour femmes d’Isa Town. Son avocat et sa famille n’ont pas été autorisés à l’accompagner ni à la contacter. Jalila al-Salman a été libérée le 25 novembre au terme de sa peine d’emprisonnement. Mahdi Abu Dheeb purge sa peine de cinq ans d’incarcération. Une procédure d’appel final est toujours en instance.
Selon des informations sérieuses, Mahdi Abu Dheeb et Jalila al-Salman ont tous deux été torturés pendant leur détention. Mahdi Abu Dheeb souffre par ailleurs de diabète et d’hypertension artérielle et il a des problèmes de cœur et d’estomac.
Début juillet, plusieurs centaines d’ouvriers de la construction ont participé à une grève de deux jours pour protester contre des salaires insuffisants et des conditions de travail précaires. La grève aurait été suspendue quand les organisateurs ont accepté de quitter le Bahreïn et de rentrer dans leur pays. D’après le directeur de l’entreprise, les 10 hommes qui avaient « incité les travailleurs » à se mettre en grève auraient accepté de rentrer dans leur pays de leur plein gré. Il a aussi assuré que les griefs concernant les conditions de travail, les salaires et les heures supplémentaires seraient examinés. Toutefois, d’après la Bahrain Human Rights Watch Society, les hommes craignaient d’être traités en boucs émissaires et persécutés s’ils restaient et n’avaient dès lors pas énormément de choix autre que d’accepter le rapatriement, malgré leur droit d’objection.