Burundi
Les troubles politiques au Burundi ont pris une tournure fatale en 2015 après que l’ancien président Pierre Nkurunziza ait annoncé son intention de briguer un troisième mandat. Les manifestations de rue ont entraîné de violents affrontements, et des centaines de milliers de personnes ont fui vers les pays voisins en quête de sécurité.
Nkurunziza est mort en juin 2020, quelques jours après l’arrivée au pouvoir d’Évariste Ndayishimiye au Burundi à la suite des élections présidentielles de mai 2020. Cependant, la grave situation des droits de l’homme dans le pays est restée largement inchangée. Les membres de l’opposition et les personnes perçues comme des opposants au gouvernement ont continué à subir les attaques des autorités et des membres du parti au pouvoir.
La Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi, créée en septembre 2016 est le seul mécanisme d’enquête international encore en activité sur le Burundi, bien que sans accès au pays. Chaque année depuis sa création, la commission a documenté de graves violations des droits de l’homme, qui dans certains cas peuvent s’apparenter à des crimes contre l’humanité.
Selon son rapport publié en septembre 2020, l’espace démocratique reste très étroit, l’impunité persiste et rien n’indique que le niveau des violations des droits de l’homme ait diminué sous le nouveau gouvernement. La corruption et les flux financiers illicites ont réduit les ressources de l’État et affecté tous les droits de l’homme dans un pays où soixante-quatorze pour cent de la population vit dans une pauvreté multidimensionnelle.
Lors de sa mise à jour de mars 2021, la commission a déclaré que les partenaires du Burundi devraient utiliser des facteurs concrets et objectifs pour évaluer les progrès du gouvernement burundais dans la lutte contre la situation désastreuse des droits de l’homme.
Les organisations affiliées à la CSI au Burundi sont la Confédération des syndicats du Burundi (COSYBU) et la Confédération syndicale du Burundi (CSB).
Le Burundi a ratifié la Convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (1948) en 1993 et la Convention n° 98 sur le droit d’organisation organisation Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat. et de négociation collective (1949) en 1997.
Dans la loi
Liberté syndicale / Droit d’organisation
Liberté syndicale
Le droit à la liberté syndicale est garanti par la Constitution.
Discrimination antisyndicale
La législation interdit la discrimination antisyndicale mais ne prévoit aucun moyen de protection adéquat.
Obstacles juridiques à l’établissement d’organisations
- Autorisation ou approbation préalables par les autorités nécessaires pour établir un syndicat
- La loi n° 1/015 portant réglementation de l’exercice du droit syndical et du droit de grève dans la fonction publique dispose que les syndicats de fonctionnaires doivent s’enregistrer auprès du ministère de la Fonction publique pour pouvoir être reconnus. Aucune autorisation préalable n’est exigée aux syndicats du secteur privé, mais ceux-ci doivent être enregistrés en vertu du Code du travail pour jouir de la personnalité juridique (articles 265 et 278 du Code du travail).
- Un nombre minimum de membres excessif est nécessaire pour établir un syndicat
- Tous les syndicats – dans les secteurs public et privé – doivent compter au moins 50 membres (article 270 du Code du travail; article 8 de la loi n° 1/015 portant réglementation de l’exercice du droit syndical et du droit de grève dans la fonction publique).
- Restrictions au droit des syndicats d’établir des sections, une fédération et confédération ou de s’affilier à des organisations nationales et internationales)
- Les syndicats du secteur public ne peuvent s’affilier qu’à des fédérations ou à des confédérations de fonctionnaires. Ils ne peuvent s’affilier à des organisations représentant des travailleurs du secteur privé (article 21 de la loi n° 1/015).
Restrictions au droit des syndicats d’organiser leur gestion
- Restrictions au droit d’élire des représentants et de s’autogérer librement
- Dans le secteur privé, les membres chargés de l’administration et de la direction d’un syndicat doivent: 1) être âgés de 25 ans au moins; 2) savoir lire et écrire; 3) ne pas avoir encouru une condamnation à une peine définitive sans sursis privative de la liberté dépassant six mois de servitude pénale; 4) exercer la profession ou le métier depuis au moins un an (article 275 du Code du travail). Les travailleurs du secteur public ne sont éligibles aux instances de direction d’un syndicat que s’ils ont travaillé dans le secteur public pendant au moins trois ans (article 10 de la loi n° 1/015). L’article 7 de la loi n° 1/015 dispose, en outre, qu’en cas de conflit à la direction d’un syndicat, le ministre de la Fonction publique peut saisir la chambre administrative de la Cour suprême en vue de trancher le litige.
- Autorités administratives habilitées à dissoudre, à suspendre ou à annuler unilatéralement l’enregistrement d’organisations syndicales
- Bien que l’article 289 du Code du travail stipule que les organisations de travailleurs ne sont pas sujettes à dissolution ou à suspension par voie administrative, l’article 288 dispose que nul syndicat ne peut subsister s’il compte moins de 50 membres.
- Autres ingérences externes autorisées par la législation
- Aux termes de l’article 283 du Code du travail, les syndicats du secteur privé ont l’obligation de fournir toutes informations que le ministre du Travail sollicite, en tant qu’il s’agit exclusivement des activités syndicales. Le Code du travail n’établit aucune restriction concernant le type d’informations que le ministre peut solliciter ou la fréquence à laquelle les informations doivent être fournies.
Catégories de travailleurs/euses à qui la loi interdit ou restreint la possibilité de former un syndicat ou d’y adhérer, ou d’occuper une fonction syndicale
- Autres catégories
- Les mineurs de moins de 18 ans ne peuvent adhérer aux syndicats sans autorisation expresse parentale ou tutélaire (article 271 du Code du travail).
- Autres fonctionnaires ou agents publics
- L’article 14 du Code du travail exclut le personnel fonctionnaire de l’État et les magistrats de son champ d’application. Voir les autres restrictions au droit à la liberté syndicale des fonctionnaires prévues par la loi n° 1/015, telles qu’énoncées ci-dessus.
Droit de négociation collective
Droit de négociation collective
Le droit de négociation collective est reconnu par la législation.
Obstacles juridiques à la reconnaissance des agents de la négociation collective
- Absence de critères ou critères discrétionnaires, incertains ou déraisonnables pour déterminer les organisations représentatives
- Le caractère représentatif d’une organisation professionnelle est déterminé par le ministre en fonction des éléments d’appréciation suivants: • expérience de l’organisation et ancienneté; • étendue et nature de son activité; • ses effectifs; • son indépendance; • les résultats obtenus aux élections des représentants (article 15(l) du Code du travail).
- Possibilité d’éviter les syndicats représentatifs et de négocier directement avec les représentants des travailleurs/euses
- En vertu de l’article 224 du Code du travail, les conventions collectives sont conclues entre, d’une part, les représentants d’un ou plusieurs syndicats, des groupements professionnels de travailleurs ou des travailleurs d’une entreprise et, d’autre part, une ou plusieurs organisations syndicales d’employeurs ou un ou plusieurs employeurs pris individuellement. Toutefois, l’article 242 du Code du travail dispose que des conventions concernant une ou plusieurs entreprises ou un ou plusieurs établissements peuvent être conclues entre, d’une part, un ou plusieurs employeurs et, d’autre part, des représentants des syndicats des travailleurs ou, à défaut, des délégués du personnel.
- Absence d’un organe indépendant chargé de déclarer si une organisation organisation Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat. peut ou non négocier
- Est considérée comme la plus représentative l’organisation reconnue comme telle par une ordonnance du ministre ayant le travail dans ses attributions (article 15(l) du Code du travail).
Restrictions au principe de négociation libre et volontaire
- Exclusion de certaines questions du champ de la négociation (par exemple, salaires, horaires)
- La négociation salariale dans le secteur public n’est pas autorisée.
- Procédure d’arbitrage
arbitrage
Mécanisme de résolution extrajudiciaire des litiges impliquant l’intervention d’un tiers neutre, qui peut être soit un arbitre unique, soit une commission d’arbitrage. Dans le cadre d’un arbitrage non contraignant, les parties en désaccord sont libres de rejeter la recommandation émise par le tiers. Si elles se soumettent à un arbitrage contraignant, elles sont alors liées par sa décision. On parlera d’arbitrage obligatoire lorsqu’il s’agit d’une procédure prescrite par la loi ou relevant d’une décision des autorités, à laquelle les parties ne se soumettent pas volontairement.
Voir conciliation, médiation
obligatoire en cas E149de différend durant la négociation collective négociation collective Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
, à l’exception des services essentiels services essentiels Services dont l’interruption mettrait en danger la vie, la sécurité personnelle ou la santé de l’ensemble ou d’une partie de la population. C’est par exemple le cas du secteur hospitalier, des services d’approvisionnement en électricité et en eau et du contrôle du trafic aérien. Les grèves y sont soumises à des restrictions, voire interdites.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI - Tout employeur impliqué dans un conflit collectif du travail doit aviser immédiatement l’inspecteur du travail de l’existence du conflit (article 192 du Code du travail). Lorsque les parties ne parviennent pas à régler le différend par voie de négociations, l’inspecteur du travail le soumet à la conciliation et, à défaut de règlement, au ministre, qui établit à son tour un Conseil d’arbitrage tripartite (articles 193-199 du Code du travail).
- Autorités habilitées à intervenir dans la préparation des conventions collectives
- La négociation d’une convention collective a lieu au sein d’une commission comprenant un nombre égal de représentants des organisations des travailleurs et de représentants des organisations des employeurs. Deux représentants du ministre du Travail participent aux travaux à titre consultatif (article 227 du Code du travail).
- Autorités ou employeurs habilités à annuler, à modifier ou à élargir unilatéralement les dispositions ou la portée des conventions collectives
- Le ministre du Travail peut exiger le retrait ou la modification des clauses d’une convention collective contraires à la législation et à la réglementation en vigueur (article 229 du Code du travail).
Restrictions à la portée de l’application et à l’effectivité juridique des conventions collectives conclues
- Restrictions à la durée, à la portée de l’application ou à la couverture des travailleurs/eusses par les conventions collectives
- L’article 234 du Code du travail stipule qu’une convention collective est applicable pendant une durée déterminée ou une durée indéterminée. L’article 234 poursuit en déclarant que sa durée ne peut être inférieure à deux ans ni supérieure à cinq ans.
- Approbation par les autorités des conventions collectives conclues librement
- Une convention collective est soumise au visa du ministre du Travail (article 229 du Code du travail).
Dispositions sapant le recours aux conventions collectives et leur efficacité
- Droit discrétionnaire des employeurs de refuser de négocier avec les syndicats représentatifs
- Aucune disposition dans le Code du travail n’établit de mécanisme juridique permettant à un représentant syndical de contraindre un employeur à engager des négociations collectives avec lui.
- Autres dispositions juridiques sapant la négociation collective
- Une ordonnance du ministre du Travail, prises après avis du Conseil national du travail peut, à défaut, ou en attendant l’établissement d’une convention collective, réglementer les conditions de travail pour une profession ou pour une ou plusieurs branches d’activités (article 245 du Code du travail).
Limitations ou interdiction de la négociation collective dans certains secteurs
- Autres fonctionnaires et agents publics
- L’article 14 du Code du travail exclut le personnel fonctionnaire de l’État et les magistrats de son champ d’application.
Droit de grève
Droit de grève
Le droit de grève est garanti par la Constitution.
Obstacles juridiques aux actions de grève
- Autorisation ou approbation préalables par les autorités nécessaires pour organiser une grève légale
- Le ministère du Travail et de la Sécurité sociale doit avoir la confirmation que les procédures de règlement des différends ont été épuisées pour qu’une grève soit légale (articles 208 et 215 du Code du travail).
- Obligation d’atteindre un quorum excessif ou d’obtenir une majorité excessive lors d’un vote pour convoquer une grève
- En vertu de l’article 213 du Code du travail, la grève est légale quand elle est réalisée par un groupe de travailleurs après avis conforme de la majorité simple des effectifs de l’établissement ou de l’entreprise.
- Absence d’un organe indépendant chargé de déclarer si une grève est légale ou non
Interdiction ou limitations de certains types d’actions de grève
- Restrictions en ce qui concerne l’objectif d’une grève (par exemple, différends du travail, questions économiques et sociales, raisons politiques, de sympathie et de solidarité)
- Les grèves de solidarité sont interdites pour les travailleurs du secteur public (article 39 de la loi n° 1/015 portant réglementation de l’exercice du droit syndical et du droit de grève dans la fonction publique).
Ingérence injustifiée par les autorités ou les employeurs au cours d’une grève
- Autorités ou employeurs habilités à empêcher une grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage ou à y mettre fin en soumettant le différend à l’arbitrage arbitrage Mécanisme de résolution extrajudiciaire des litiges impliquant l’intervention d’un tiers neutre, qui peut être soit un arbitre unique, soit une commission d’arbitrage. Dans le cadre d’un arbitrage non contraignant, les parties en désaccord sont libres de rejeter la recommandation émise par le tiers. Si elles se soumettent à un arbitrage contraignant, elles sont alors liées par sa décision. On parlera d’arbitrage obligatoire lorsqu’il s’agit d’une procédure prescrite par la loi ou relevant d’une décision des autorités, à laquelle les parties ne se soumettent pas volontairement.
Voir conciliation, médiation
- La loi n° 1/015 portant réglementation de l’exercice du droit syndical et du droit de grève dans la fonction publique dispose qu’un conflit impliquant les travailleurs du secteur public peut être soumis à l’arbitrage par l’une des parties au conflit (article 35 de la loi n° 1/015).
Dispositions sapant le recours aux actions de grève ou leur efficacité
- Sanctions civiles ou pénales excessives imposées aux travailleurs/euses et aux syndicats impliqués dans des actions de grève non autorisées
- La grève pratiquée en violation des dispositions qui précédent constitue une faute lourde justifiant la rupture du contrat à compter du jour de la cessation de travail, sans autres droits que le salaire et l’indemnité de congés payés acquis à cette date (article 219 du Code du travail).
Limitations ou interdiction de grèves dans certains secteurs
- Restrictions injustifiées en ce qui concerne les fonctionnaires
- Pour qu’une grève des fonctionnaires soit légale, elle doit remplir plusieurs conditions, notamment: (1) le préavis déposé doit spécifier la durée de la grève (article 30 de la loi n° 1/015); et (2) elle doit être convoquée par un groupe de fonctionnaires, qu’ils soient syndiqués ou non, suite à l’approbation par la majorité absolue du personnel dans le service public concerné (article 31 de la loi n° 1/015).
- Absence de garanties compensatoires pour les catégories de travailleurs/euses privé(e)s du droit de grève
- Détermination discrétionnaire ou liste excessivement longue des « services d’utilité publique » dans lesquels un service minimum
service minimum
Opérations normalement requises dans un établissement public ou privé lors d’une grève, pour ne pas mettre en danger la vie ou les besoins élémentaires de la population ou causer des dégâts irréversibles.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI peut être imposé en cas de grève grève Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage - L’article 217 du Code du travail stipule que, pendant la grève, les travailleurs en grève sont tenus d’assurer les services minima dans l’entreprise.
- Détermination déraisonnable ou discrétionnaire (sans négociation avec les partenaires sociaux
partenaires sociaux
Désigne les syndicats et les employeurs ou leurs organisations représentatives.
ou absence d’une autorité indépendante en cas de désaccord)de la portée du « service minimum
service minimum
Opérations normalement requises dans un établissement public ou privé lors d’une grève, pour ne pas mettre en danger la vie ou les besoins élémentaires de la population ou causer des dégâts irréversibles.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI » à garantir pendant les grèves dans les services publics - En vertu de l’article 217 du Code du travail, par les services minima, il faut entendre les services indispensables pour la sûreté et l’entretien des équipements et installations de l’entreprise, de façon que, une fois la grève terminée, le travail puisse reprendre normalement. L’article 218 établit, en outre, que la désignation des travailleurs chargés du fonctionnement des services et activités visés incombe à l’employeur après consultation de l’organe syndical ou, à défaut de ce dernier, du conseil d’entreprise.
En pratique
Le président du Syndicat général du personnel enseignant de l’éducation du Burundi (Sygepebu) vient de passer sa première nuit aux cachots du commissariat de la province Rutana.
D’après Gérard Niyongabo, président du Sepeduc (Syndicat des enseignants professionnels de l’éducation), Antoine Manuma, président du Syndicat général du personnel enseignant de l’éducation du Burundi (Sygepebu) a été interpellé dans la soirée du 8 janvier 2020 par le chargé des services de renseignement de la province Rutana. Le premier craint lui-même une arrestation d’un moment à l’autre : « Nous sommes accusés de nous opposer contre les retenues sur salaire forcées de 500 BIF par la Cossesona sur les comptes des enseignants », s’insurge Niyongabo.
Le président du Sepeduc tranquillise tous les enseignants et leur demande de poursuivre leur tâche quotidienne en dépit de cette mauvaise passe. Il les exhorte également à signer et à relayer la pétition en ligne des syndicats Sygepebu et Sepeduc contre les retenues sur salaire forcées exercées par la Cossesona.
Quant à la Cossesona, M. Niyongabo leur demande de respecter la loi. « S’ils ont opté de nous arrêter, ce n’est pas leur tâche ». Il demande que la justice fasse son travail.
Contacté, Victor Ndabaniwe, président de la Cossesona, affirme qu’il a effectivement demandé au parquet d’arrêter les responsables des deux syndicats. D’après lui, il y aurait des infractions pour lesquelles la justice va les auditionner.
Le 28 décembre 2016, Tharcisse Gahungu, président de la Confédération syndicale du Burundi (COSYBU), une affiliée de la CSI, a été arrêté en compagnie de trois autres syndicalistes par des agents du Service de renseignement burundais. Les faits se sont déroulés à Ijenda, à une trentaine de kilomètres de Bujumbura. Tharcisse Gahungu devait tenir une réunion le lendemain, destinée à créer un syndicat dans le secteur de la théiculture. Le directeur de l’Office du thé du Burundi (OTB) avait alerté les autorités dans une lettre où il leur demandait de « prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher la réunion ». Il avait ajouté qu’« un syndicat serait de nature à créer le désordre et le chaos dans la filière du thé ». Certains médias proches du pouvoir n’ont pas hésité à affirmer que le militant syndical était instrumenté par des Occidentaux désireux de nuire à l’OTB. Après trois nuits en prison, les quatre syndicalistes ont été libérés le 31 décembre.
Selon le Bureau régional africain de l’Internationale de l’éducation (IE) qui a diligenté une mission au Burundi en octobre suite à la grave crise que connaît le pays, au moins 250 enseignants se sont exilés en 2015. L’organisation organisation Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat. affiliée de l’IE, le Syndicat des travailleurs de l’enseignement du Burundi (STEB), serait décimée. Selon les conclusions de la délégation, « les membres du STEB vivent dans un climat de peur et n’osent pas s’exprimer ouvertement ». La délégation s’est notamment alertée du sort réservé à Oscar Ndabazaniye, membre du STEB, emprisonné depuis le 6 juillet et qui a participé quelques semaines plus tôt à un atelier de jeunes enseignants organisé par l’IE et la Fondation Friedrich Ebert à Dakar. En décembre, le STEB voyait ses activités suspendues par décision du ministère de l’Intérieur comme une douzaine d’autres organisations actives dans le développement, la communication et la défense des droits humains.
Les autorités ont ordonné la fermeture de la principale radio de Bujumbura, Radio publique africaine (RPA), l’accusant « d’incitation » alors qu’elle couvrait les manifestations qui ont eu lieu dans la capitale à l’approche des élections législatives controversées. De plus, Bob Rugurika, un journaliste employé chez RPA et membre de l’Union burundaise des journalistes, a été arrêté pour avoir enregistré la confession d’un crime impliquant des services de sécurité. En septembre 2014, trois nonnes catholiques romaines, âgées de 75 à 83 ans, avaient été assassinées dans un couvent au nord de Bujumbura.
Après l’absence de réaction des autorités à des revendications portant sur le coût du carburant et des appels téléphoniques, puis ensuite au dépôt d’un préavis de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
, les deux affiliées de la CSI, la Confédération des syndicats du Burundi (COSYBU) et la Confédération syndicale du Burundi (CSB) collaborant ensemble au sein du Collectif contre la vie chère, ont observé une grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
générale le 5 mars. La veille, les deux centrales ont reçu un courrier de la ministre compétente cherchant à les intimider en stipulant que la grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
constituerait une faute lourde passible de licenciements.
Dans les jours qui ont suivi la grève
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Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
, la répression a frappé de nombreux grévistes. Aux abords et dans un marché de la capitale, le président du marché escorté par des jeunes affiliés au parti au pouvoir ont empêché des transporteurs et des commerçants qui avaient suivi le mot d’ordre de grève
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Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
de travailler. Des stands et boutiques fermés avaient été marqués d’une croix durant la grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
, des plaques de véhicules avaient aussi été relevées. Dans les secteurs de l’enseignement et de la santé, les menaces et les intimidations ont visé les grévistes. En province, le directeur de l’hôpital de Rumonge a porté plainte contre Claudine Nkurikiye, une infirmière, responsable locale du Syndicat national du personnel médical et aide-soignant (SYNAPA) au motif qu’elle avait déstabilisé les services de santé, alors qu’elle avait veillé à ce qu’un service minimum
service minimum
Opérations normalement requises dans un établissement public ou privé lors d’une grève, pour ne pas mettre en danger la vie ou les besoins élémentaires de la population ou causer des dégâts irréversibles.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI
soit maintenu. Devant la multiplication des faits de répression et d’intimidation, la COSYBU a porté plainte devant le Comité de la liberté syndicale de l’OIT
Organisation internationale du travail
Structure tripartite créée par les Nations Unies (ONU) en 1919 pour promouvoir de bonnes conditions de vie et de travail. Principale instance internationale chargée de développer et de contrôler les normes internationales du travail.
Voir tripartisme, Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI
.
Le 15 mai, David Dusabe, vice-président de la Fédération nationale des travailleurs du transport du social et de l’informel (FNTT-SI) et conseiller juridique de la COSYBU, a été arrêté à Kirundo au motif qu’il aurait appelé à des manifestations contre le troisième mandat de l’actuel président. Il a été libéré le 28 mai. De nombreux syndicats et organisations d’autres pays ont fait campagne pour sa libération.
En février, le Syndicat des magistrats du Burundi (SYMABU) a dénoncé une vague de mutations visant ses membres et en particulier les magistrats faisant partie de son exécutif. Pas moins de huit de ses dirigeants ont été visés avec des affectations souvent très éloignées de leur domicile. Des revendications salariales du SYMABU étaient ici en cause, mais plus globalement, le SYMABU fait l’objet depuis plusieurs années d’attaques constantes de la part du gouvernement à travers des nominations orchestrées par les autorités et faisant fi des règles de séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judicaire ; par des tentatives de noyautage du syndicat ; par une sanction administrative visant Jean-Pierre Munyembari, magistrat, mais aussi secrétaire général du SYMABU et par les difficultés rencontrées par le syndicat pour se faire reconnaître.
Depuis plus d’un an, les journalistes tentent d’effectuer l’enregistrement de leurs syndicat, mais le ministère le leur refuse. Cinq syndicats du secteur informel attendent la fin de la procédure d’enregistrement.
L’entreprise Sosuno a licencié des membres syndicaux parce qu’ils avaient pris part à une grève.
Les enseignants qui ont participé au mouvement de grève de 3 à 5 jours en juin 2013 se sont vu retenir 2 à 3 mois de salaires sous prétexte qu’ils n’appartiennent à aucun syndicat.
Le 8 février 2013, le gouvernement a suspendu l’enregistrement du Syndicat général des commerçants (SYGECO), mais il a révoqué cette décision le 26 février suite à des négociations avec la Commission nationale indépendante des droits de l’homme.
Les autorités n’ont répondu que très partiellement aux revendications des syndicats du secteur public et souvent au terme de longues et épuisantes grèves. De plus, en septembre, des prélèvements salariaux abusifs lors de grèves ont été opérés dans l’enseignement. Ces dernières années, le gouvernement a déclaré plusieurs grèves illégales, invoquant notamment l’incidence négative qu’elles auraient sur l’économie nationale. Les syndicats sont également régulièrement accusés d’être à la solde des partis d’opposition.