5 – Les droits ne sont pas garantis
L’indice CSI des droits dans le monde

Égypte

Les organisations affiliées à la CSI en Égypte sont l’Egyptian Democratic Labour Congress (EDLC) et l’Egyptian Federation of Independent Trade Unions (EFITU).

L’Égypte a ratifié la Convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (1948) en 1957 et la Convention n° 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective (1949) en 1954.

En pratique

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Mutation et rétrogradation d’un syndicaliste de l’Autorité de la formation pour adultes15-01-2020

L’organisation de défense des syndicats et des travailleurs, Trade Union and Workers Services House, a dénoncé sur sa page Facebook les incessantes restrictions aux activités du syndicat indépendant au sein de l’Autorité générale de la formation pour adultes et a confirmé que le président de l’Autorité avait rendu une décision administrative visant à muter et à rétrograder le trésorier du Comité syndical, Izzat Hamza Ali al-Sayed, à un poste d’employé dans le service du personnel alors qu’il est le directeur du service de la formation pour adultes d’Abu Kabir, dans le gouvernorat d’ach-Charqiya. En conséquence, son salaire a été réduit de plus de 1.000 EGP.

Le Centre des services syndicaux a exhorté le premier ministre, en sa qualité de président du Conseil d’administration de l’Autorité, et le ministre de l’Éducation, en tant que responsable de l’Autorité, à intervenir rapidement pour mettre fin à ces pratiques à l’encontre de membres du Comité syndical, qui constituent une violation manifeste du principe de liberté syndicale.

Des travailleurs arrêtés lors d’une grève à Eastern Company16-10-2019

Le 6 octobre, le bureau du procureur de la ville a arrêté sept employés d’Eastern Company pendant quatre jours dans le cadre d’une enquête menée auprès des employé(e)s pour refus de travailler, incitation à la grève et entrave au travail. Jusqu’alors, 17 employés au total avaient été convoqués chez le juge d’instruction.

Le 10 octobre, les travailleurs ont organisé un rassemblement de protestation au siège de l’entreprise pour demander le renvoi du président, Hani Aman, et du membre délégué, Imed Eddine Mustapha. Les travailleurs ont bloqué les unités de production pour faire pression sur l’administration afin qu’elle augmente les primes quotidiennes et qu’elle maintienne l’assurance de santé.

Le 14 octobre, le bureau du procureur de la ville a ordonné la libération des 17 employés d’Eastern Company moyennant une caution de 1.000 EGP pour chacun d’entre eux.

Des syndicalistes arrêtés pendant une grève25-09-2019

Rached Kamel et Mustapha Massri, deux syndicalistes qui travaillent chez Suez Station pour les transports publics, ont été arrêtés suite à une manifestation organisée par les employé(e)s. D’après des sources syndicales, les employés sont descendus dans les rues pour protester contre les problèmes sociaux et matériels qu’ils rencontraient, rappelant qu’ils n’avaient pas eu d’augmentation de salaire depuis cinq ans et que leurs primes étaient gelées depuis 2014.

Les mêmes sources ont indiqué que les travailleurs dénonçaient également l’ingérence manifeste des services de sécurité dans les élections syndicales. Les militants et les syndicalistes de Suez ont exigé la libération de toutes les personnes arrêtées, et ont appelé l’entreprise à verser les primes et à cesser de demander aux syndicats et aux employés de soutenir le régime.

Des travailleurs arrêtés lors d’une grève dans une entreprise textile23-07-2019

Le 20 juillet 2019, les forces de sécurité égyptiennes sont intervenues au siège de l’entreprise textile Middle Egypt Company for Spinning and Textile, où plusieurs centaines d’employé(e)s étaient en grève depuis le 15 juillet. Quatre travailleurs – Amrou Farouk Saad, Imad Mansour, Islam Yahya et Ayman Osman – ont par ailleurs été arrêtés à leur domicile, accusés d’avoir organisé un rassemblement et perturbé le travail.

Les employés de l’entreprise d’al-Minya demandaient une hausse de salaire de 10 à 200 EGP, l’augmentation d’autres indemnités et la garantie des droits aux congés annuels.

Arrestation arbitraire de militants syndicaux19-07-2019

Le journaliste syndical Hisham Fouad et le juriste syndical Haitham Mohamedain ont été arrêtés par le régime militaire égyptien sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, lors de la dernière vague d’arrestations ciblant les opposants au gouvernement égyptien.

Le juriste Haitham Mohamedain a été arrêté une deuxième fois après avoir été injustement accusé de ne pas avoir respecté sa période de probation suite à sa sortie de prison en octobre. Le 13 mai 2019, il a été convoqué au commissariat de police de Saf, au sud du Caire, et arrêté sans pouvoir contacter d’avocat, avant de comparaître devant des procureurs publics et de rester en garde à vue pendant 15 jours pour avoir « aidé un groupe terroriste à atteindre ses objectifs ». Mostafa Maher, ancien militant politique, a été détenu séparément, faisant craindre une nouvelle répression à l’encontre des opposants au régime.

Au moins huit autres activistes, parmi lesquels le journaliste syndical Hisham Fouad, ont été arrêtés par les forces de sécurité le 25 juin. Le ministre de l’Intérieur égyptien a déclaré qu’ils étaient accusés d’avoir mené une « conspiration économique » dans le but de détourner des fonds dans 19 entreprises au profit d’activités planifiées par le mouvement d’opposition des Frères musulmans, qui est interdit. Selon les informations disponibles, Ziyad al-Alimi, avocat et ancien député du parti social-démocrate, et Omar El-Shenety, directeur exécutif de la banque d’investissement Multiples Group, feraient partie des personnes arrêtées.

Dissolution du syndicat des gens de mer31-12-2018

L’enregistrement de la section alexandrine du Syndicat égyptien des gens de mer a été sans cesse refusé au long de l’année 2018, et ses activités suspendues. Le motif invoqué est qu’il s’agirait d’une section active ouvertement opposée au gouvernement.
En outre, le Syndicat égyptien des gens de mer a été dissous, à l’exception de ses sections de Suez et Port Saïd, en vertu de la nouvelle loi 213/2017. Toujours en raison des dispositions de cette loi, tous les comptes bancaires du syndicat sont gelés.

On empêche des responsables syndicaux d’organisations non affiliées à la centrale de l’État de se présenter aux élections syndicales nationales01-08-2018

Le ministère égyptien de la Main-d’œuvre a délibérément exclu des centaines de membres syndicaux souhaitant se porter candidats pour les comités syndicaux lors des récentes élections qui se sont déroulées entre le 15 et le 31 mai 2018. C’est là, de toute évidence, une tentative d’étouffer l’influence des syndicats indépendants et d’accroître le pouvoir de l’Egyptian Trade Union Federation (ETUF, Fédération égyptienne des syndicats), centrale contrôlée par le gouvernement.
Des centaines de candidats ont été injustement disqualifiés pour ne pas avoir présenté des documents alors que ces derniers n’étaient pas requis en vertu de la réglementation officielle, tandis que de nombreux autres ont été disqualifiés sans qu’aucune raison ne leur ait été communiquée. D’autres encore se sont entendu dire que leur demande n’avait jamais été reçue, alors qu’ils l’avaient remise avant la date limite. Par exemple, Amr Shahat Gad El Rab, président du comité syndical des travailleurs des transports publics, avait bien obtenu un récépissé lors de la remise de son dossier administratif de candidature ; mais le 18 mai 2018 on lui a dit que son dossier s’était perdu et qu’il était par conséquence disqualifié et ne pouvait pas prendre part aux élections. Tareq Qo’eb, président du Syndicat général des employés de l’agence de l’impôt foncier à Qalioubia, a dit que sa candidature avait été écartée parce qu’il avait omis de présenter ses diplômes. Or, la réglementation n’exige pas des candidats potentiels qu’ils présentent des documents concernant leur éducation. Au sein des 19 usines de production pour l’armée, 300 des 1000 membres syndicaux qui avaient été nommés en vue des élections aux comités syndicaux ont été disqualifiés, mais aucun d’entre eux n’a été informé des motifs de cette disqualification.
Fathy Morsi, employé des Ahram Consumer Complexes, s’est désigné lui-même candidat à la direction de son comité. Deux jours avant la tenue des élections, Morsi a été informé que les dossiers de 14 des 53 candidats, y compris le sien, avaient été perdus, alors que l’ensemble des candidats avaient remis leurs documents en même temps et avaient reçu leur récépissé. Morsi a fait appel de cette exclusion, et son nom a été inclus à la liste des candidats à des postes de membres du comité, mais pas à celle pour la présidence du comité. Le jours de la tenue des élections, c’est en fait un autre candidat, dont on pense qu’il est proche de l’Egyptian Trade Union Federation (ETUF, Fédération égyptienne des syndicats), centrale contrôlée par le gouvernement, qui a été élu sans opposition à la présidence du comité.

Arrestation de travailleurs en grève chez Bisco Misr15-07-2018

Des travailleurs de Bisco Misr ont entamé ouvertement une action de grève le samedi 21 avril 2018 pour protester contre la décision du conseil d’administration de l’entreprise de ne pas procéder à une répartition des bénéfices annuels parmi les travailleurs. Les travailleurs de la succursale d’Alexandrie ont rejoint le mouvement de grève le 29 avril, et ne sont pas retournés au travail avant le 6 mai. À l’issue de cette grève d’une semaine, les services de la sécurité ont arrêté au Caire six travailleurs de la zone d’Amiri, accusés d’avoir organisé une protestation sans avoir obtenu de permis préalable. Ces travailleurs étaient Mahmoud Abdel-Baki, conducteur ; Hany Al-Bushei, conducteur ; Raafat Madboli ; Ahmed Abu Hashim ; Alaa Abomena, tisserande. Les travailleurs ont été détenus 60 jours.

Le CTUWS tient une conférence de presse et critique les élections syndicales inéquitables 03-06-2018

Lors d’une conférence de presse organisée le 3 juin par le Centre for Trade Unions and Workers Services (CTUWS) au sujet des inquiétudes électorales, Kamal Abbas, qui dirige le CTUWS, affirmait que non seulement les élections de 2018 étaient loin d’être « équitables », mais qu’elles étaient les pires élections syndicales jamais tenues en Égypte. Lors de cette conférence de presse, les travailleurs ont recensé une série de violations dont ils avaient été témoins dans leurs comités syndicaux respectifs. La liste des violations esquissée à cette occasion par Abbas comprenait des exclusions de certaines personnes en vue de favoriser les candidats de l’ETUF, la partialité à l’encontre des syndicats indépendants dont faisaient preuve les comités de supervision des élections (qui incluaient un représentant du ministère de la Main-d’œuvre et un représentant de l’ETUF), ainsi que des retards dans la publication des listes des candidats, empêchant certains des candidats d’exercer leur droit de faire appel. Il avait également cité les retards dans l’ouverture de certains bureaux de vote lors de la tenue des élections, la présence de documents sans tampons et l’absence de surveillance et de transparence dans le dépouillement des votes.

Entrave délibérée à l’enregistrement des syndicats indépendants, en vertu de la nouvelle loi sur les syndicats 213/201727-05-2018

La nouvelle loi sur les syndicats (la loi 213/2017), approuvée par le Parlement égyptien le 5 décembre 2017, sape la liberté syndicale, le droit de constituer et de faire fonctionner un syndicat libre et indépendant, et le droit d’entreprendre librement une négociation collective.
En vertu des règlements d’exécution publiés le 14 mars, tous les syndicats indépendants ont été dissous et se sont vu accorder 60 jours (jusqu’au 14 mai 2018) pour enregistrer leur organisation comme prévu dans la nouvelle législation. Ces règlements comportent des exigences administratives et des procédures complexes, qui rendent très difficile d’en respecter les dispositions. À la lumière des expériences dont les syndicats ont fait état, il apparaît clairement que ce processus a été conçu délibérément en vue d’entraver l’enregistrement des syndicats, tout en favorisant les syndicats soutenus par la Fédération générale des syndicats, proche du gouvernement. Seulement 122 syndicats indépendants sur 1000 ont été en mesure de procéder à leur enregistrement à temps aux termes de la nouvelle législation.

Des rapports font état de refus de demandes par le ministère du Travail au prétexte d’erreurs triviales, et de retards excessivement longs sans raison. Tariq Kaib, qui dirige le Syndicat général des employés de l’agence de l’impôt foncier, a signalé que le dossier de son syndicat avait été rejeté après que le ministère du travail avait demandé des documents qui n’étaient pas requis en vertu de la législation. Il s’agit d’après lui d’une tentative délibérée d’empêcher l’enregistrement de son organisation syndicale. De nombreux autres syndicats indépendants ont dénoncé des demandes exagérées et injustes de la part du ministère de la Main-d’œuvre durant le processus de conciliation ayant débouché sur le refus de leur demande d’enregistrement.
Mohamed Abu Jricha, président du Syndicat indépendant des travailleurs de la compagnie égyptienne des télécommunications, a indiqué que son syndicat avait rencontré une série de retards et d’obstacles lorsqu’il avait tenté de s’enregistrer. Tout comme d’autres dirigeants syndicaux, il a fait état de pressions exercées par le ministère de la Main-d’œuvre visant à le faire s’affilier à l’Egyptian Trade Union Federation (ETUF, Fédération égyptienne des syndicats), lui disant que ce serait la seule manière de faire que le statut de son organisation corresponde aux dispositions de la nouvelle législation.

Grévistes de Ceramica (La Botte) arrêtés 03-02-2018

Le 3 février 2018, les ouvriers de Ceramica (La Botte) et de Majestic ont fait grève pour protester contre le refus par l’employeur de respecter l’augmentation annuelle de salaire et d’octroyer les congés payés lors des jours fériés officiels, pourtant prévus par le droit du travail égyptien. Les autres revendications des grévistes portaient sur des indemnités de risque accrues, une carte pour la couverture médicale et des changements à la procédure électorale pour la constitution de comité syndicaux.
Lorsque les travailleurs refusèrent de retourner au travail, la direction fit éteindre le gaz et l’électricité dans l’usine. Le lendemain, la direction donnait à la police les coordonnées des travailleurs qui avaient fait grève, et le 17 février 2018 sept travailleurs furent arrêtés. Au moment de l’arrestation, un des travailleurs, Mohamed Abdel Hakim, s’est retrouvé gravement blessé après avoir sauté du troisième étage. Il est resté en état d’arrestation à l’hôpital. Le 25 mai 2018, les travailleurs ont été accusés d’incitation à la grève et de vandaliser l’usine, et condamnés à 15 jours de détention. Le même jour, le Bureau du travail publiait une déclaration rendant la grève illégale. Lors d’une session de négociation subséquente avec le ministère de la Main-d’œuvre, les travailleurs ont accédé au retrait de certaines de leurs revendications si la police à son tour accédait à cesser les poursuites contre leurs collègues. Le Ministère a promis aux travailleurs de communiquer avec la direction en vue de résoudre la crise. Le Ministère a fait signer aux travailleurs un engagement à ne plus faire grève.

Transfert du président du Syndicat indépendant de l’Autorité en charge de l’éducation des adultes23-10-2017

Le 30 octobre 2017, Ahmed Abdel Mordi, président du Syndicat indépendant de l’Autorité en charge de l’éducation des adultes, a annoncé qu’il entamait une occupation des lieux au siège du ministère de l’Éducation pour dénoncer une série de mesures coercitives le visant ainsi que son organisation syndicale. En effet, le président de l’Autorité en charge de l’éducation des adultes a décidé d’empêcher le syndicat de recueillir les cotisations syndicales et a adressé un courrier à la banque Misr pour qu’elle bloque toutes les transactions prévues sur le compte du syndicat, ce qu’elle a accepté de faire alors que c’est contraire à toutes les politiques ou traditions du secteur bancaire. Mais, la situation a encore empiré lorsqu’Ahmed Abdel Mordi a fait l’objet d’un transfert arbitraire de son lieu de travail au Caire vers la ville de Kafr Shokr dans le gouvernorat de Menoufia. En outre, le décret 682, publié le 25 septembre 2017, prévoit de lui déduire cinq jours de salaire alors qu’aucune procédure d’enquête n’a été entamée. Les mesures de représailles se sont encore accentuées et un nouveau décret (747) a été émis le 16 octobre 2017 pour le transférer, pour une durée d’un an, dans la ville d’Aswan.

Des tribunaux de sécurité de l’État saisis dans en cas de grève et de manifestation22-10-2017

Le Premier ministre a émis un ordre de renvoyer tous les cas de manifestation, de grève et de sit-in devant des tribunaux de sécurité de l’État après leur passage devant des tribunaux généraux. Le Syndicat général des travailleurs du pétrole s’est fermement opposé à cette décision, qui viole de façon flagrante les droits des syndicats et des travailleurs reconnus à l’échelle internationale.

La société pharmaceutique Memphis ferme ses portes aux manifestants plutôt que de négocier04-10-2017

Le 4 octobre 2017, la société pharmaceutique Memphis a décidé de fermer ses portes à des travailleurs sur le point d’entamer une grève pour exiger le versement d’arriérés. Le prétexte invoqué par la société est qu’elle redoutait que les grévistes fassent des dégâts. De plus, l’administration a menacé de fermer la société si les travailleurs maintenaient leurs revendications et a déclaré qu’elle avait subi de fortes pertes en 2017.

Quinze travailleurs arrêtés dans le sud de Port-Saïd22-09-2017

Le 22 novembre, la police a arrêté 15 travailleurs dans l’usine Sinmar dans le sud de Port-Saïd prétendant vouloir fermer l’unité de refroidissement pour éviter d’exposer l’usine à un risque de catastrophe environnementale ou d’explosion. En réalité, les travailleurs avaient entamé une grève de deux semaines pour exiger la réintégration de 24 collègues renvoyés pour avoir demandé la mise en place de mesures de sécurité et de protection de l’environnement pour le personnel et la population avoisinante. Selon les travailleurs, la direction a rejeté toutes leurs propositions de négociation et a déposé une plainte contre les travailleurs pour avoir protesté.

Des dirigeants syndicaux arrêtés avant une grève15-09-2017

Le 15 septembre 2017, en application de mesures de rétorsion sans précédent et injustifiées, des agents des services de la sécurité ont arrêté plusieurs importants responsables de syndicats indépendants et ont procédé à des descentes dans les maisons d’autres responsables afin de terrifier leurs familles et enfants.

Dix-huit salariés de l’Autorité en charge des impôts fonciers avaient signalé au poste de police de Kasr El Nil leur intention d’organiser un sit-in pacifique le 19 septembre devant leur bureau pour exiger l’ajustement, dû de longue date, du système de primes à la suite de l’adoption de la loi no 81/2016 sur les fonctionnaires. Plutôt que d’adopter les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs, les services de sécurité ont lancé une vague d’arrestations et de répression.

Les salariés suivants ont été arrêtés : Tarek El Kashef (impôts généraux, Giza), Mohamed Bassiouni Hassan Badr (impôts généraux, gouvernorat de Gharbiya), Said Ali Gamei (impôts fonciers, Kafr El Zayyat, gouvernorat de Gharbiya), Ayman Fathi El Sabbagh (impôts fonciers, Berket El Sab’a, gouvernorat de Menoufiya), Mahmoud Mohamed Zeidan (impôts fonciers, Abou Tig, gouvernorat d’Assiout), Mohamed El Hendawi Said (société d’électricité, Sammanoud, gouvernorat de Gharbiya), Abd El Ghoneimi Qaddous (société d’électricité, Sammanoud, gouvernorat de Gharbiya), ainsi qu’un autre salarié du service des impôts généraux de Port-Saïd.

En outre, les services de sécurité ont arrêté Fatma Fouad, présidente du Syndicat du service des taxes sur les ventes, le 17 septembre 2017 et l’ont emmenée au siège de la Sécurité nationale à Abbassieh, où elle est restée en détention toute la nuit avant d’être relâchée le lendemain dans l’après-midi.

Le domicile de Tarek Moustafa Ke’eib, secrétaire général du Syndicat du service des taxes sur les ventes, a été perquisitionné et il a été arrêté deux jours plus tard devant l’hôpital de Kafr Shukr où il se rendait pour suivre son traitement médical. Malgré son mauvais état de santé et la faiblesse des accusations portées à son encontre, la cour d’appel des infractions mineures a décidé de maintenir Ke’eib en détention pendant 15 jours.

Tarek El Kashef et Mohamed Bassiouni ont tous les deux été détenus pendant quatre jours et accusés par le procureur de Giza d’incitation à la grève et à la manifestation, de mauvais usage des médias sociaux et d’affiliation à un groupe interdit par la loi et la constitution.

Lors d’une audience le 27 septembre 2017, la cour d’appel des infractions mineures a décidé de relâcher les deux dirigeants syndicaux. Comme toujours, le procureur a interjeté appel de cette décision. Les autres responsables syndicaux sont restés emprisonnés jusqu’au 16 octobre 2017, date à laquelle la cour a décidé de les libérer moyennant une caution de 5 000 livres égyptiennes chacun.

Le président de la Fédération indépendante des travailleurs du secteur de l’eau fait l’objet d’une enquête29-08-2017

Le 29 août 2017, la compagnie des eaux potables et usées a demandé au Département des affaires juridiques d’entamer une enquête à propos de Mohamed Herdan, le président de la Fédération des travailleurs du secteur de l’eau, qui avait lancé une campagne en faveur du versement des montants dus en application des augmentations salariales décidées lors de l’adoption d’un décret présidentiel. Dans le même temps, la société a déduit deux mois de salaire à Mohamed Herdan qui a transmis l’affaire au Bureau du travail. Le tribunal va vérifier la légalité de cette sanction salariale.

Des travailleurs de la société Aswan Cement arrêtés pour l’organisation d’une grève30-07-2017

Le 27 juillet 2017, les forces de sécurité ont arrêté un groupe de travailleurs de l’usine de ciment d’Aswan, accusés de projeter une grève et de gêner les activités. Les travailleurs avaient entamé une occupation de lieux pour protester contre le manque de mesures de sécurité sur le site après un grave accident industriel, survenu le 23 juillet, au cours duquel deux travailleurs ont été gravement brûlés par le déversement de substances chimiques dangereuses, alors que trois autres salariés ont succombé à leurs blessures. Le 30 juillet 2017, le tribunal d’Aswan a décidé de relâcher les huit salariés et a refusé d’entériner les accusations portées à leur encontre.

Arrestation d’un travailleur à l’usine nationale de ciment06-07-2017

Le 6 juillet 2017, le tribunal des infractions mineures d’Helwan a décidé de maintenir Walid Ragab en prison pendant 15 jours parce qu’il avait soi-disant incité d’autres travailleurs à faire grève à l’usine nationale de ciment. L’usine a déposé plainte contre quatre travailleurs, les accusant d’organiser une grève dans l’usine. Les quatre salariés ont alors été arrêtés et interrogés par la police ; ils risquent toujours des poursuites.

Le tribunal condamne les travailleurs de la société Tourah à trois ans de prison pour « grève illégale »18-06-2017

Trente-deux salariés de l’entreprise Tourah Cement ont été condamnés à trois ans de prison pour une « manifestation illégale ». En avril, le personnel avait entamé une action de protestation contre le refus de l’entreprise d’appliquer une décision de justice exigeant qu’elle offre à ces salariés, employés depuis 10 à 15 ans en tant que travailleurs occasionnels, des contrats permanents. Après avoir occupé les lieux pendant 55 jours, la société Tourah Cement refusait toujours de se conformer à la décision de justice ou de payer les salaires en suspens aux travailleurs. En revanche, elle a fait appel à 70 gardes de sécurité privés pour disperser les manifestants en les évacuant par la force et les arrêtant. Les 32 travailleurs ont été accusés de résistance aux forces de l’ordre. Alors qu’ils étaient détenus au poste de police de Maadi, les travailleurs grévistes ont été torturés. La peine de trois ans de prison a été réduite par la Cour d’appel des infractions mineures du Caire à deux mois de prison pour manifestation illégale.

Transfert arbitraire de travailleurs du Groupe Faragalla pour avoir fait grève 15-06-2017

Le 15 juin 2017, des travailleurs du groupe alimentaire Faragalla, à Borg El Arab, ont entamé une grève pour réclamer le paiement de leurs avantages. Néanmoins, la société a rejeté leur demande et a appelé les forces de l’ordre pour disperser les travailleurs en les accusant de vandalisme. Les travailleurs ont déposé plainte contre l’entreprise auprès du Bureau du travail de Borg El Arab. Alors que la société a promis de satisfaire leurs revendications, les travailleurs ont cessé leur grève. Toutefois, le 16 juillet 2017, un mois après l’arrêt de travail, un décret a été publié pour transférer 45 salariés qui avaient été photographiés pendant la grève vers différentes usines situées à Sharm El Sheikh, El Obour et Giza.

Poursuites en justice contre des salariés de la compagnie des eaux d’Alexandrie, accusés d’incitation à la grève14-06-2017

Le 14 juin 2017, le personnel de la compagnie des eaux d’Alexandrie a entamé une grève pour exiger le paiement de l’augmentation annuelle de 10 pour cent. Mais, le cinquième jour de la grève, Ahmed Gaber, président de la société, a déposé plainte. La police a alors convoqué et interrogé 24 travailleurs. Le personnel a présenté une demande de médiation auprès de la présidence et du secrétariat du parlement.

Les forces de l’ordre font irruption lors d’un sit-in à la société Tourah Cement et emmènent 32 personnes au poste de police23-05-2017

Les forces de l’ordre ont fait irruption alors que des travailleurs de la sécurité de la société Tourah Cement occupaient les lieux et ont emmené 32 personnes au poste de police. Poursuivis pour incitation à la grève, les travailleurs sont toujours emprisonnés dans la prison d’Helwan.

Cette affaire est très importante et montre ce qu’endurent les travailleurs temporaires. Dans ce cas-ci, les travailleurs sont employés par un sous-traitant et perçoivent de faibles salaires. L’année dernière, selon une décision de justice qui s’appuyait sur l’article 79 de la législation du travail, ces travailleurs avaient droit à un contrat d’emploi permanent compte tenu de la durée de leur période de service. Ils ont donc réclamé des contrats permanents et l’administration a alors décidé de les transférer vers un autre sous-traitant pour interrompre leur période de service. Les travailleurs ont donc entamé une grève qui a duré environ deux mois (55 jours) jusqu’à ce que les forces de l’ordre interrompent le mouvement et arrêtent les 32 travailleurs grévistes.

L’usine chimique et pétrochimique Sinmar renvoie trois syndicalistes qui s’étaient montrés solidaires envers un collègue hospitalisé19-05-2017

Trois syndicalistes ont été arbitrairement renvoyés par l’usine chimique et pétrochimique Sinmar de Port-Saïd pour s’être montrés solidaires envers un collègue. Celui-ci, hospitalisé après un accident du travail, était détenu à l’hôpital parce qu’il était incapable de payer ses factures. Sinmar l’a seulement informé qu’il avait dépassé les montants couverts par l’assurance santé de la société et donc que son traitement ne serait plus pris en charge ; celui-ci a donc été interrompu. Le comité syndical est intervenu en son nom auprès de la direction de l’usine qui a réagi en licenciant trois syndicalistes. Un mémo a été envoyé au ministère de la Main-d’œuvre à la suite d’une entrevue avec le responsable de la résolution des conflits au sein du ministère et au directorat de la Main-d’œuvre de Port-Saïd. Les membres du syndicat continuent de réclamer leur réintégration, puisque leur licenciement est contraire à la section 48 de la loi n° 35 de 1976.

Le gouvernement interdit les cérémonies du Premier mai01-05-2017

Le 1er mai 2017, le gouvernement égyptien, prétextant des raisons de sécurité, a interdit aux syndicats indépendants d’organiser des cérémonies. Compte tenu du contexte actuel de discrimination antisyndicale et de répression de la part de l’État, l’invocation d’une raison antiterroriste est clairement une fausse excuse pour museler le mouvement syndical indépendant et pour réprimer la liberté syndicale et d’autres droits fondamentaux civils et politiques.

Neuf arrestations lors d’une grève chez Telecom Egypt23-04-2017

Le 23 avril, les forces de l’ordre ont arrêté neuf travailleurs chez Telecom Egypt à Ramses alors qu’ils avaient organisé une manifestation devant la société. Ils sont poursuivis pour « obstruction au travail » et ont été détenus pendant quatre jours pour l’enquête. Le personnel de Telecom Egypt réclamait que le directeur de la société et son PDG interviennent pour faire libérer leur collègue, mais la compagnie n’a entrepris aucune action.

Trois travailleurs de la raffinerie de sucre Al-Basel Palace arrêtés et détenus pour activités syndicales20-12-2016

Trois travailleurs de la raffinerie de sucre Al-Basel Palace ont été arrêtés et détenus durant quatre jours sur ordre du procureur général. À l’issue d’une enquête, les deux employés ont été accusés de perturbation de la production et de menace au libre exercice de l’activité industrielle. Cette procédure judiciaire a été intentée parce que les deux travailleurs tentaient d’organiser une grève au sein de l’entreprise pour réclamer une augmentation salariale.

Six syndicalistes du Syndicat indépendant des ouvriers du transport séquestrés par la police et portés disparus 19-11-2016

Le 23 septembre, six travailleurs de l’Autorité générale du transport, tous membres du Syndicat indépendant du transport public, ont été arrêtés à leur domicile par les forces de sécurité. Le jour de leur arrestation, une grève des travailleurs de l’Autorité générale du transport était prévue pour réclamer une participation accrue de 13 à 17% dans les bénéfices de l’institution et le rétablissement de celle-ci sous l’autorité du ministère du Transport, plutôt que celle du gouvernorat du Caire.

Au lieu de cela, les six travailleurs (Tariq Mohammed Youssef Mustafa, Tareq Mohammed, Ayman Abdel Tawab Salem Mahmoud, Mohammad Hashim Farghali Suleiman, Mohammed Abdul Khaliq Awad Allah et Ahmad Mahmoud Ahmed Mahmoud) ont disparu durant une semaine sans que leurs familles ni leurs collègues ne soient informés de leur lieu de détention.

Le 29 septembre, ils ont été retrouvés dans la prison de Tora, tandis que les médias diffusaient de fausses informations concernant la chute d’une cellule des Frères musulmans dans les quartiers généraux de l’Agence nationale de sécurité, où les six travailleurs arrêtés étaient supposément détenus. Les six travailleurs ont été maintenus en détention par le procureur pour des chefs d’appartenance à la cellule interdite des Frères musulmans. Le 17 novembre, les épouses des six travailleurs détenus se sont adressées au Conseil national pour les droits de l’homme pour informer celui-ci de la détention arbitraire de leurs époux. Malheureusement, il ne s’agit pas du premier incident de cette nature à survenir sous le gouvernement d’Al-Sisi, où des ouvriers du transport qui ont présenté des revendications concernant leurs conditions de travail ont été accusés de conspirer contre le gouvernement.

Le trésorier du syndicat indépendant des travailleurs d’Exxon Mobil licencié pour avoir dénoncé de la corruption21-08-2016

Dans un acte sans précédent, le trésorier du syndicat des travailleurs d’Exxon Mobil – M. Yasser Mahmoud Al Sayed – a été licencié pour avoir dénoncé la corruption au sein de son entreprise et facilité l’ouverture d’une procédure judiciaire par le procureur général.

Avec le concours de M. Sayed, le procureur général d’Alexandrie-Ouest a engagé des poursuites contre le PDG et chef du conseil d’administration de la société Abou Al Hol (huiles et produits de nettoyage), contre le directeur des entrepôts Exxon Mobile, M. Ahmed Maher, et contre le PDG et président du conseil d’administration de la société Ezz Al Dekhila Fer et Acier. D’après l’accusation de M. Al Sayed, l’entreprise Abou Al Hol produisait de l’huile alimentaire destinée à être utilisée par la société Ezz al Dekhila pour le refroidissement du fer ; celle-ci était subséquemment revendue à Exxon Mobil au prix de 9 livres le litre, avant d’être une nouvelle fois revendue par Exxon Mobil – sans le moindre raffinage – à une quatrième entreprise, cette fois au prix de 40 livres le litre. Cette opération frauduleuse constituait une atteinte à la loi n° 95 de 1945 amendée par la loi n° 92 de 2012.

D’autre part, Exxon Mobil s’est livrée à des pratiques antisyndicales à plus d’une occasion. Selon les déclarations du secrétaire général du syndicat indépendant de l’entreprise, M. Shokry Ahmed Kishta, Exxon Mobil a unilatéralement révoqué la convention collective, laquelle prévoyait la fin du recours abusif aux travailleurs en sous-traitance à des fins d’évitement des coûts de main-d’œuvre liés à l’embauche de nouveaux employés. Le licenciement de Yasser Mahmoud Al Said n’est qu’un exemple des pratiques illicites de l’entreprise alexandrine. De fait, M. Al Said a été illégalement congédié par téléphone, sans avoir reçu le moindre avertissement ni la moindre justification préalable. D’autre part, dû à sa fonction de syndicaliste, M. Al Said tombait sous le champ d’application d’une procédure spéciale relative à la discrimination antisyndicale, laquelle n’a pas été respectée. En vertu de la loi Egyptienne, pour qu’un tel licenciement soit légal, il doit être précédé par une enquête menée en présence d’un représentant du conseil syndical.

Dix travailleurs du comité syndical de l’entreprise Ceramica Cleopatra licenciés en représailles de leurs activités syndicales02-08-2016

Le 2 août 2016, le conseil d’administration de la Ceramica Cleopatra Company, à Suez, a émis la Décision n° 50 ordonnant le licenciement de dix travailleurs membres du conseil syndical et l’élimination de leurs noms des listes des salariés de l’entreprise. Les dix travailleurs congédiés étaient Reda Mohamed Saad, Omar Salah Ibrahim, Yasser Mustafa, Mohammed Abdel Gawad, Jamal Mohammed Attia, Hamada Tawfiq Mohammed, Walid Saad, Sami Gamal Shawky et Abdul Rahman Badawi.

La direction a justifié sa décision en affirmant qu’il s’agissait d’une mesure prise pour assurer la sécurité et la stabilité au sein de l’entreprise. Nonobstant, si l’on tient compte des plaintes multiples déposées par l’administration accusant les membres du conseil syndical de détruire et d’entraver l’activité et la productivité de l’entreprise, il devient clair qu’il s’agit dans ce cas d’un licenciement à caractère de représailles. Les membres du syndicat demandent, en effet, depuis longtemps que la direction de l’entreprise mette en œuvre une convention collective signée en 2012. En particulier, en dépit des pressions, les membres du comité syndical ont refusé de retirer leur demande d’allocation de prestations aux travailleurs, d’allocations pour risques, les frais de repas et autres incitations. Qui plus est, les travailleurs licenciés ont refusé de retirer la procuration donnée par 5400 travailleurs à un avocat afin qu’il défende leurs intérêts et accorde la mise en œuvre de la convention collective de 2012. Il apparaît, dès lors, clair qu’un tel licenciement discriminatoire constituait une violation flagrante du droit de liberté syndicale et de négociation collective, attendu que l’entreprise a manqué de mettre en œuvre une convention collective signée quatre ans auparavant.

Dix travailleurs de l’Egypt International Company for Ceramic licenciés pour avoir organisé une grève02-07-2016

Plus de 1500 travailleurs de l’Egypt International Company for Ceramic ont participé à une grève organisée dans le district industriel de la ville de Quesna. Les travailleurs demandaient une participation aux bénéfices de l’entreprise et une amélioration des normes de sécurité et de santé pratiquement inexistantes sur les lieux de travail. Un nombre très important de travailleurs de cette entreprise souffraient de troubles respiratoires causés par une exposition prolongée – sans aucune protection – à la poussière provenant de la production de carrelages et de céramiques. En réponse à cette action collective, l’entreprise a décidé, au lieu d’un dialogue ouvert, d’arrêter la production et de licencier dix travailleurs au motif d’incitation à la grève.

Assassinat de Giulio Regeni03-02-2016

Le 3 février, le corps supplicié de ce jeune doctorant italien travaillant sur le mouvement syndical indépendant égyptien a été retrouvé dans un fossé d’une banlieue cairote. L’homme avait disparu le 25 janvier, le jour anniversaire de la « révolution égyptienne ». Il venait de publier sur le site Nena News un article intitulé « L’Égypte des grèves à la recherche de l’unité syndicale ». L’indignation a été internationale. Dans une lettre de protestation, la CSI a déclaré qu’ « Il est évident qu’avec l’escalade des mesures hostiles à la liberté, et en particulier, à la liberté des syndicats, Giulio était considéré comme une menace pour le gouvernement égyptien ». Fin mars, les autorités ont affirmé avoir abattu cinq malfaiteurs désignés comme les auteurs du crime, mais, pour beaucoup, le mode opératoire du meurtre porte la marque des services de sécurité égyptiens. Selon les organisations de défense des droits humains, les disparitions forcées ont concerné des centaines d’Égyptiens rien que durant les derniers mois de 2015. Dans le meilleur des cas, ils réapparaissent après quelques jours ou semaines, mais beaucoup n’ont pas cette chance et croupissent ou meurent dans des prisons de haute sécurité

Un militant du syndicat des médecins emprisonné14-01-2016

Le 14 janvier 2016, à l’approche du cinquième anniversaire de la « révolution du 25 janvier », le docteur Taher Mokhtar, membre du Syndicat des médecins égyptiens, et deux de ses amis ont été arrêtés à leur domicile du Caire pour possession de documents jugés séditieux. En réalité, il s’agissait de feuillets dénonçant les conditions de santé dans les prisons, un dossier sur lequel le syndicaliste travaillait activement à la demande de son organisation. Le 2 mars, malgré une campagne internationale, la détention des trois militants a été prolongée pour 45 jours supplémentaires.
À noter que le 12 février, ce syndicat a bravé les interdictions de manifestation en rassemblant plusieurs milliers de médecins devant leur siège pour protester contre les violences policières, en particulier l’attaque de deux médecins dans un hôpital par deux policiers

Interdiction de faire grève31-12-2015

Aujourd’hui comme hier, le droit de grève est subordonné à l’accord de la centrale syndicale officielle, la Fédération syndicale égyptienne (ETUF), ce qui revient à dire qu’il n’y a pas de grève légale, puisque cette organisation adossée au pouvoir ne cesse de proclamer son opposition aux grèves et aux manifestations. Malgré la persistance d’une forte contestation sociale et de très nombreuses grèves, toutes illégales donc, les libertés syndicales n’ont cessé de se dégrader depuis 2013. Dans les médias qui soutiennent le pouvoir (les seuls qui peuvent fonctionner librement), le militantisme syndical est sévèrement critiqué et dépeint comme traître à la patrie ou suspect de collaboration avec les Frères musulmans.

Répression et déliquescence des syndicats indépendants31-12-2015

L’absence d’organisation affiliée à la CSI et la position peu enviable du pays dans le classement des dix pires pays au monde pour les droits des travailleurs et des travailleuses en 2015 confirment toutes les inquiétudes que le mouvement syndical peut avoir quant au respect des libertés syndicales. Les espoirs nés de la révolution de janvier 2011 se sont dissipés. Il n’y a eu aucune avancée législative, que du contraire. Les seules discussions sérieuses sur l’adoption d’une nouvelle loi sur les syndicats après le renversement du régime Moubarak n’ont débouché sur rien de tangible. Des centaines de syndicats indépendants ont émergé, un décret présidentiel sur les libertés syndicales leur a octroyé une certaine forme de légitimité, mais ce ne fut que temporaire. Cela ne s’est jamais traduit par une reconnaissance officielle qui leur permette de se structurer, de se positionner, avec un droit de vote, dans des organes nationaux aussi importants que le Conseil national des salaires et d’exercer pleinement comme des organisations de défense des travailleurs. Après que les Frères musulmans ont été chassés du pouvoir fin juin 2013, on aurait pu penser que la vague de contestation sociale allait redonner des ailes au syndicalisme indépendant, mais c’est tout le contraire qui est arrivé. Au nom de la lutte contre le terrorisme et du patriotisme, toutes les voix discordantes ont été considérées comme suspectes. Le syndicalisme indépendant a été soit réprimé soit étouffé. Des dirigeants de ces nouvelles organisations ont été « cooptés » par le pouvoir. Ainsi le passage de Kamal Abu-Eita, grande figure du militantisme syndical, à la tête du ministère du Travail doit être considéré comme faisant partie d’une stratégie de récupération par le pouvoir.

Grévistes sanctionnés fin 201531-12-2015

Fin de l’année, une nouvelle vague de protestation a déferlé dans le secteur industriel. Les revendications des milliers de travailleurs en grève portaient presque toujours sur le paiement des primes dues, des augmentations salariales, l’application de décisions de justice et le réengagement de centaines de travailleurs licenciés. De nouveau, le droit de grève a été bafoué, comme dans l’usine Petrotrade où 10.000 salariés ont arrêté le travail pour réclamer de meilleures conditions de travail et la réintégration de collègues arbitrairement licenciés. La réponse de l’employeur a été de licencier 165 grévistes, de porter plainte et de faire appel à la police contre 30 « meneurs de grève » opérant en violation de la loi de 2013 sur les restrictions aux protestations.

Grandes manoeuvres contre les syndicats indépendants15-12-2015

Alors que le rapport 2015 du Comité sur la liberté d’association de l’OIT demandait que « le projet de loi (sur les syndicats) soit adopté à titre prioritaire et à ce qu’il confère une protection juridique claire aux nombreux syndicats indépendants nouvellement créés et garantisse le plein respect des droits relatifs à la liberté syndicale », les attaques contre ces organisations ont redoublé d’intensité depuis lors.

Fin 2015, le Center for Trade Unions and Workers’s Services (CTUWS) a dénoncé une nouvelle tentative de museler les syndicats indépendants. En effet, dans un document officiel, la Présidence a recommandé à ses ministres d’organiser des réunions mensuelles avec les représentants de l’ETUF en présence des médias pour mettre en exergue la soi-disant volonté du gouvernement de défendre les droits des travailleurs.

Dans la même escalade antisyndicale, une directive gouvernementale du 1er mars 2016 a donné instruction à toutes les instances étatiques de ne plus reconnaître les syndicats indépendants ni de traiter avec eux et d’invalider les sceaux qui apparaissent dans leurs documents. Dans les tribunaux aussi, ces organisations luttent pour leur survie. Un jugement important est attendu en 2016 dans le procès qui oppose un syndicat officiel à un syndicat indépendant dans le secteur des finances.

Enfin, sur le plan politique, lors du remaniement ministériel de mars 2016, le poste de ministre du Travail est revenu à Mohamed Saafan, jusque-là vice-président de l’ETUF et qui n’a jamais fait mystère de son hostilité envers les syndicats indépendants. Avec la désignation d’un cacique de la centrale officielle, c’est une longue tradition qui reprend, après une interruption de cinq années.

Le 8 avril, l’OIT, par la voix de son directeur général Guy Ryder, a exprimé toute son inquiétude concernant les menaces contre les droits humains et syndicaux dans un pays qui a pourtant ratifié les Conventions 87 et 98. Quelques jours plus tôt, une déclaration du Groupe des travailleurs de l’OIT allait déjà dans ce sens. Il dénonçait les « attaques systématiques » menées par le ministère du Travail contre les syndicats indépendants. L’ETUF a réagi en qualifiant ces critiques « d’ingérence sans fondements dans les affaires égyptiennes ».

Répression féroce contre les syndicalistes et les meneurs de grève30-09-2015

Dans une interview diffusée le 26 avril par Mada Masr, un site d’information en ligne indépendant, Nadeem Mansour, directeur de l’Egyptian Center for Economic and Social Rights (ECESR) a souligné que si l’attention de l’opinion publique se focalise sur les partis politiques et les activistes, les attaques contre les syndicats sont parfois bien plus féroces. Selon lui, les travailleurs ne sont pas seulement victimes de menaces et de sanctions comme des mutations ou des licenciements, mais ils sont aussi battus, emprisonnés et, dans des cas extrêmes, torturés ou assassinés. Dans un article de septembre 2015 de Fatima Ramadan et d’Amr Adly pour le Centre Carnegie au Moyen-Orient, les deux chercheurs estiment à plusieurs milliers le nombre de militants sur le lieu de travail et de syndicalistes licenciés arbitrairement durant les deux dernières années. Impossible dès lors de répertorier tous ces cas.

Syndicalistes du secteur public menacés et presque bâillonnés10-08-2015

Le 10 août au Caire, plusieurs milliers de travailleurs ont défié les autorités et les restrictions très sévères à la liberté de rassemblement en se regroupant devant le Syndicat de la presse, historiquement un haut lieu de la contestation parce que, par définition, il induit que les actions de protestation qui y sont menées seront répercutées dans la presse. Les manifestants, des salariés du secteur public (finances, assurance sociale, chemins de fer, etc.) affiliés à des syndicats indépendants protestaient contre la nouvelle loi sur le service public, en application depuis fin juillet sans que les représentants des travailleurs aient jamais été consultés et qui, comme beaucoup le craignaient, se concrétise souvent par des baisses de revenus. La loi fragilise aussi les six à sept millions de salariés du public par rapport à leur direction. Une manifestation similaire devait se tenir le 17 août mais elle a été interdite. La date du 5 septembre a alors été arrêtée pour manifester de nouveau contre cette loi.
Le contexte qui a prévalu lors de l’action de protestation du 5 septembre en dit long sur la liberté d’expression et de rassemblement en Égypte en 2015. Les organisateurs se sont vu refuser l’autorisation de tenir leur activité place Tahrir ou devant le Syndicat de la presse. Ils ont dû se rabattre sur le parc Fustat, l’un des deux seuls endroits autorisés par le gouverneur du Caire, deux sites relativement isolés, difficiles d’accès et loin de la vue des passants. Plusieurs témoins ont expliqué que des bus remplis de manifestants venant parfois de province ont été bloqués par la police et contraints de rebrousser chemin. Sur le site, les forces de l’ordre ont refusé l’accès aux manifestants présents sous le prétexte que des travaux de maintenance avaient lieu, ce qui a été démenti ensuite. Après une heure de négociation, elles leur ont finalement accordé l’accès par une entrée secondaire. Les jours précédents, d’innombrables tentatives d’intimidation ont ciblé les organisateurs et tous ceux qui envisageaient de participer à cette manifestion. Elles ont émané du gouvernement, de la centrale syndicale officielle et des médias proches du pouvoir.

Comme les syndicats, la presse prise comme cible22-07-2015

Le 22 juillet, le fondateur de l’Electronic Media Syndicate, Abu Bakr Khalar a été arrêté dans les locaux du General Syndicate for Press, Printing and Advertising. Depuis lors, Abu Bakr Khalar a été maintenu en prison. Il est suspecté d’appartenir aux Frères musulmans, de promouvoir leur idéologie et de recevoir des fonds du Qatar à cette fin, toutes accusations qu’il dément. Electronic Media Syndicate a été créé en 2011 et est affilié à la centrale indépendante EFITU. En décembre, il a reçu le soutien du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) qui a rappelé que l’Égypte était, après la Chine, le pays qui a emprisonné le plus de journalistes en 2015.

Cimenterie d’Al Arish, usine de non-droit, un ouvrier assassiné, trois autres blessés02-06-2015

Le 2 juin, des militaires ont ouvert le feu sur des travailleurs de la cimenterie d’Al Arish, une entreprise appartenant à l’armée, tuant l’un d’entre eux et blessant trois autres. Un accident de travail est à l’origine de cette bavure. Des ouvriers ont tenté de porter secours à un des leurs, gravement blessé par un engin de chantier. Suite à l’incurie de l’entreprise, un attroupement s’est formé devant les bureaux de l’administration. Plusieurs militaires sont intervenus et ont tiré dans le tas. Selon l’armée et les médias d’État, l’ambulance venue chercher les quatre ouvriers aurait été attaquée par des terroristes. Mais cette version officielle n’a pas résisté aux images et témoignages qui ont déferlé sur les réseaux sociaux. En 2014 déjà, huit ouvriers avaient péri dans un accident de travail. Al Arish se situe dans le Sinaï, une région considérée comme une zone de non-droit par les organisations de défense des droits humains.

Une fête du travail « anti-travailleurs », la grève criminalisée01-05-2015

Suite à un jugement donné le 28 avril par une cour administrative, trois fonctionnaires de Garous dans le gouvernorat d’Al-Monufia ont été envoyés à la retraite et 14 autres ont vu leur promotion gelée pour deux ans au motif qu’ils ont participé à une grève, empêchant leur service public de fonctionner. La cour a justifié ce verdict sans appel sur la base de la charia, « la source principale des lois », alors que celle-ci ne fait pas directement mention des grèves. Selon certains experts, ce serait la première fois qu’un tribunal civil se baserait sur la charia pour statuer sur une grève et il est à craindre que ce jugement fasse jurisprudence.
La veille, lors de la célébration officielle du 1er mai dans les murs de l’académie de police, le président Al-Sissi, en présence des seuls dirigeants de l’ETUF, a mis l’accent sur la productivité. Les représentants de la très servile ETUF ont présenté un code de conduite où il est notamment mentionné que « les travailleurs égyptiens rejettent la grève et confirment leur engagement pour le dialogue social ». Quant aux syndicats indépendants et aux militants ouvriers, ils ne sont pas parvenus à se mobiliser pour défiler le 1er mai au Caire, confrontés à leurs faiblesses organisationnelles, aux interdictions et à la présence en nombre de policiers anti-émeutes.

Quelques cas documentés de militants et de grévistes punis durant les six premiers mois de 201530-04-2015

En janvier, quatre travailleurs de l’aciérie Steel and Iron Company à Helwan ont été mutés à Minya, soit à 250 km de chez eux, dans une filiale de cette compagnie étatique. Ils ont été punis par leur employeur qui les a accusés d’avoir incité leurs collègues à faire grève, de recevoir des fonds étrangers illégaux et de menacer l’économie et la sécurité nationale. Quelques semaines plus tard, Ayman Al-Fakhri, un activiste qui avait été arrêté en décembre 2014, a été condamné à six mois de prison.
Le 25 mars à Alexandrie, les forces de l’ordre ont arrêté cinq militants syndicaux au troisième jour d’une grève nationale des postiers. Sept autres grévistes ont reçu des mandats d’arrêt. Le directeur de la poste à Alexandrie aurait dénoncé ces personnes non seulement comme les instigateurs des arrêts de travail, mais aussi comme des membres des Frères musulmans, une organisation interdite en Égypte. Mais ces allégations sont réfutées par les familles des travailleurs arrêtés qui ont dénoncé les raids policiers à leur domicile.
Le 16 avril, Kamal al-Fayoumi, militant ouvrier notoire de la Misr Spinning and Weaving Company à Mahalla al Kubra, un haut lieu de la contestation sociale, a été licencié pour incitation à la grève. Quelques jours plus tard, quatre autres travailleurs étaient suspendus pour le même motif. Beaucoup des 18 000 membres du personnel sont fatigués des promesses continuellement non tenues de la direction et contestent la légitimité du syndicat maison affilié à l’ETUF.
Le 27 avril, Yasser Sayyid Abu al-Saud, un travailleur d’Egypt Gas à Giza a été arrêté chez lui après avoir pris part à une grève de trois semaines motivée par des coupes salariales. L’ECESR a dénoncé les charges qui pèsent sur le travailleur comme étant fabriquées à des fins politiques. Il a été libéré sous caution un mois plus tard. L’Arabic Network for Human Rights Information a également documenté nombre d’affaires où des sociétés ont « fabriqué des accusations » contre des dirigeants grévistes.

Arrestation d’un dirigeant syndical qui a dénoncé la corruption04-12-2014

Le 10 novembre 2014, Mahmoud Rehan, le vice-président du syndicat indépendant des travailleurs de l’aéroport du Caire a été arrêté et placé en garde à vue au poste de police d’Al Mozah. Rehan avait contribué à révéler des scandales de corruption à l’aéroport et à organiser des manifestations. Le 4 décembre 2014, le tribunal correctionnel d’Al Nozha a déclaré Rehan innocent. Il était resté en garde à vue pendant 24 jours consécutifs.

Des grévistes blessés par les forces de sécurité03-12-2014

Le 3 décembre 2014, plusieurs dizaines de travailleurs/euses ont été blessés lors d’une manifestation et 28 arrêtés lorsque les forces de sécurité s’en sont pris à 500 employé(e)s d’une mosquée qui étaient en grève et manifestaient devant le ministère des Awqaf (fondations religieuses). Ils protestaient parce qu’ils avaient été licenciés pour avoir refusé de signer de nouvelles modalités d’emploi et de renoncer aux droits d’assurance sociale.

Licenciement de neuf membres syndicaux qui demandaient le respect de leurs droits01-12-2014

Moustafa Al Masri, le président du syndicat indépendant de la filiale Alico Co. du groupe Orascom, appartenant lui-même à Sawiris, a été licencié le 1er décembre 2014 en raison de ses activités syndicales, en particulier parce qu’il avait demandé le paiement des primes des travailleurs/euses prévues dans le règlement de l’entreprise. Huit autres travailleurs ont été licenciés et 98 personnes ont été mutées arbitrairement de Suez au Caire.

Non-respect des droits des syndicats indépendants28-10-2014

La demande de créer une association de logement pour les travailleurs/euses, soumise par les membres du syndicat indépendant de l’entreprise d’assainissement et d’eau potable Drinking Water & Sanitation, à Qena, a été rejetée parce que l’Autorité générale des coopératives de construction et de logement a refusé de reconnaître ce syndicat. Le courrier, daté du 28 octobre 2014 et adressé au secrétaire général du gouvernorat de Qena, indiquait : « Nous vous informons que nous avons reçu la lettre de M. Khairy Omar Mohamed, secrétaire général du syndicat indépendant de la société Drinking Water & Sanitation de Qena. Veuillez noter que le comité de coordination a décidé de ne pas autoriser la création d’une association de logement pour les membres des syndicats indépendants, étant donné que ces syndicats ne sont pas organisés aux termes de la loi. Seuls les membres du syndicat de l’entreprise peuvent obtenir l’autorisation de créer une association de logement ».

Sanctions suite à l’organisation d’une grève22-10-2014

Le 16 octobre 2014, une sanction équivalant à dix jours de salaire a été imposée à Saied Saad Al Deen, dirigeant du syndicat des travailleurs/euses de la société Iron and Steel Company, pour avoir incité les travailleurs à manifester le 21 juillet 2014 et insulté le président de l’entreprise. Le 22 octobre, une autre sanction de dix jours de salaire a été décidée pour Mohamed Omar, qui avait déjà été mis à pied pendant deux mois pour incitation à la grève et insulte au président. En outre, deux travailleurs, Ayman Ahmed Hefny et Mahoud Abdel Rahman, ont été licenciés, et trois autres mutés de façon arbitraire : Mahmoud Abdel Dayem, Mohamed Nasr et Emad Abdel Haleem.

Des travailleurs blessés par balle et gaz lacrymogène pendant une manifestation01-10-2014

Les forces de sécurité ont déployé des moyens excessifs pour mettre fin à une grève à l’entreprise de tissage Alex Weaving and Spinning Company à Aboud, le 1er octobre 2014. Ils ont tiré sur les manifestant(e)s et lancé des gaz lacrymogènes, blessant cinq travailleurs, dont Mohamed Kamal Mahmoud, qui a reçu une balle dans la jambe. Quatre travailleurs ont été arrêtés et ils ont été contraints de dire qu’ils avaient été blessés lors d’une bagarre entre deux familles.

Des employé(e)s de l’entreprise, qui en compte 3000, ont organisé une manifestation devant leur usine après avoir déposé plusieurs plaintes au bureau du travail et essayé à diverses reprises de négocier le paiement de leurs arriérés de salaire. Or, le président de l’entreprise n’a assisté à aucune réunion de négociation et est resté sourd aux revendications des travailleurs. Lorsque ceux-ci ont décidé d’organiser une manifestation pacifique devant l’usine, le président a appelé la police, qui est arrivée aussitôt et a commencé à tirer sur les manifestants.

Des travailleurs contestataires condamnés à des peines de prison13-09-2014

Le 13 septembre 2014, le tribunal correctionnel d’Abdin a condamné à deux ans d’emprisonnement 13 travailleurs du ministère des Awqaf (fondations religieuses). Ils travaillaient tous à la mosquée Kaft Al Sheikh et ont été arrêtés le 16 avril 2014 alors qu’ils manifestaient devant le ministère. Ils demandaient à être reconnus comme employés du ministère. Apparemment, ils ont été arrêtés pour avoir insulté un employé du ministère.

Mutation arbitraire de dirigeants de syndicats indépendants24-08-2014

La municipalité de Naga Maday a muté contre leur volonté quatre membres du comité exécutif du syndicat indépendant de la commune, Galal Ayed, Khalaf Ahmed Mohamed, Tharwat Mohamed Balash et Abdel Hakeem Amer Ali, dans des villages périphériques. C’est ce qu’avait ordonné le président de la municipalité le 4 août 2014 lorsque les quatre dirigeants syndicaux avaient demandé le paiement des indemnités des travailleurs qui n’avaient toujours pas été versées. Le président de la municipalité a affirmé qu’il ne reconnaissait pas l’existence des syndicats indépendants et a menacé d’emprisonner les quatre dirigeants syndicaux pour incitation à la grève. Ces derniers ont entamé une grève de la faim, à laquelle ils ont mis fin le troisième jour, lorsqu’ils ont eu l’autorisation de regagner leur poste.

Le 24 août 2014, la direction de l’entreprise de prêt-à-porter Al Nahar Al Khaled à Port-Saïd a ordonné la mutation de 14 travailleurs sur des sites qui ne correspondaient pas à la nature de leur travail. Il y avait parmi les employés mutés des membres du comité exécutif du syndicat indépendant. Le syndicat faisait pression sur la direction depuis un an et demi pour faire entendre ses revendications, mais la direction reportait sans cesse ses décisions. Les travailleurs craignaient qu’elle ne planifie des licenciements.

Mise à pied de travailleurs qui demandaient le respect de leurs droits20-06-2014

Le 20 juin 2014, l’entreprise Al Behira a mis à pied trois travailleurs, Islam Abdel Razek, Farid Ismail et Mohamed Gamal, parce qu’ils avaient demandé une subvention d’urgence au ministère de la Main-d’œuvre après la cessation d’activité de l’entreprise. En 2014, des employé(e)s d’Al Behira ont protesté à plusieurs reprises pour demander le paiement de cinq mois d’arriérés de salaire et dénoncer la corruption.

Mise à pied de 16 travailleurs suite à un arrêt de travail de deux heures03-06-2014

Le 3 juin, l’aciérie National Port Said Steel, membre du groupe Al Masren Steel, a mis à pied 16 travailleurs. Les 500 employé(e)s de la société avaient demandé le paiement de leur prime de 2013, à percevoir en mars 2014 mais qui n’avait toujours pas été versée. Les travailleurs/euses ont cessé le travail pendant deux heures pour exprimer leurs revendications, et la direction a riposté en faisant venir la police. L’entreprise a ensuite accepté de négocier avec les représentant(e)s des travailleurs, mais la direction a tout de même décidé de mettre à pied 16 travailleurs, parmi lesquels des membres du conseil exécutif du syndicat indépendant, à savoir Mohamed Rashad Taha, le président, Montaser Anwar, le secrétaire général, Mahmoud Moustafa, le trésorier, ainsi que Mahmoud Gaber, Mohamed Ahmed et Moawad Ibraheem.

Arrestation de travailleurs qui avaient organisé une grève pour demander l’application de la convention collective19-05-2014

Trois employés de l’entreprise Cristal Asfoor ont été arrêtés le 19 mai et interrogés au poste de police de Subra pour incitation à la grève. Ahmed Gaber, Hassan Abdel Latif et Al Sayed Zaki ont été arrêtés suite à une grève dans les usines de l’entreprise, à Shubra Al Khema et Bahteem. L’appel à la grève visait à demander l’application de la convention collective et à protester contre le licenciement de milliers d’employés. L’entreprise avait perdu beaucoup d’argent du fait d’une mauvaise gestion et de la corruption.

Ingérence dans la gestion des syndicats18-05-2014

L’Egyptian Democratic Labour Congress (Confédération égyptienne démocratique du travail – EDLC) a accusé le gouvernement de s’ingérer dans les affaires internes du syndicat. Le 11 avril 2014, l’assemblée générale de l’EDLC a voté pour remplacer le président sortant mais le ministère de la Main-d’œuvre a refusé de reconnaître cette décision, de même que l’élection de Saeed Shabban en tant que président et de Hani Mohamed Afifi au poste de secrétaire général de l’EDLC. Le syndicat pense que le gouvernement cherche à contrôler le syndicat en en choisissant lui-même les dirigeant(e)s.

Un autre coup a été porté aux syndicats indépendants le 18 mai 2014, lorsque le ministre du Tourisme a interdit les transactions financières et administratives avec les syndicats indépendants libres, invoquant le caractère illégal de ces syndicats.

Tentative d’assassinat à l’encontre d’un dirigeant syndical04-05-2014

Mohamed Omar, dirigeant du syndicat de la Compagnie du fer et du charbon, a été gravement blessé lors de la tentative d’assassinat dont il a fait l’objet le 4 mai 2014. À huit heures du matin, alors que Mohammed Omar se rendait à l’atelier dans lequel il travaillait, il a été agressé par deux hommes masqués qui l’ont frappé à la tête avec une barre de fer avant de partir sur une moto banalisée. Des collègues l’ont conduit à l’hôpital, où il est resté inconscient plusieurs heures.

Mohamed Omar était dans le collimateur de l’entreprise depuis qu’il avait organisé une grève, en décembre 2013. Le 22 janvier, il a remis un rapport au procureur général dans lequel il accusait Mohamed Saad Negeda, le président de l’entreprise, de mauvaise gestion et de corruption ayant entraîné la perte de 92% du capital de la société. Il a également incité ses collègues à créer un syndicat indépendant.

Représailles suite à une grève27-04-2014

Le 27 avril 2014, la Compagnie égyptienne du charbon a muté cinq travailleurs de façon arbitraire sur différents sites de production en raison de leur rôle dans l’organisation d’une grève. Il s’agissait d’Ayman Sobhi, Ahmed Kassem, Ashraf Mohamed Hassan, Essam Mohamed Hassan et Tharwat Abo Amr. Le Premier ministre a intercédé en leur faveur et les travailleurs mutés ont été réintégrés à leur poste d’origine. Toutefois, cinq jours de salaire ont été déduits de leur rémunération et une augmentation de salaire de 7% leur a été refusée.

Arrestation de trois travailleurs qui demandaient l’autorisation d’organiser une grève27-04-2014

Trois employés de l’entreprise Propylene & Polypropylene Co., à Port Saïd, ont été arrêtés le 27 avril 2014 pour incitation à la grève. Ces trois travailleurs, Kamal Arafat, Mohammed Ahmed Ibrahim et Mohamed El-Sayed Radi, ont été arrêtés alors qu’ils se rendaient au poste de police pour demander l’autorisation d’organiser une grève, suite au refus de la direction d’appliquer un accord conclu en janvier 2014. Cet accord avait été signé pour mettre fin à une grève de trois jours après les négociations auxquelles avait participé le conseiller militaire.

Lors de cette réunion, la direction de l’entreprise avait refusé que le syndicat indépendant créé par les travailleurs/euses soit présent ; les membres de ce syndicat avaient déposé les documents nécessaires au ministère de la Main-d’œuvre, en attendant la promulgation de la loi sur la liberté syndicale. L’entreprise avait consenti à ce qu’un budget soit prévu pour permettre aux représentant(e)s des travailleurs de calculer la participation aux bénéfices. Il avait également été convenu de rendre accessibles le règlement de l’entreprise et les politiques de sanctions dont les travailleurs n’avaient pas connaissance, et de finaliser les évaluations annuelles en vue du paiement des primes annuelles. Cependant, l’entreprise n’a pas respecté son propre accord. Les accusations à l’encontre des travailleurs arrêtés ont ensuite été abandonnées.

Suite de la protestation contre des mutations injustes imposées après des actions de solidarité14-04-2014

Le 14 avril 2014, trois employés de la société de métallurgie Iron and Steel Co., Amr Abdul, Rashid Hilal et Hussein Kamal Mohammed, ont poursuivi leur action de protestation contre leur mutation arbitraire en entamant une grève de la faim. Ils avaient été mutés six mois plus tôt parce qu’ils avaient soutenu des collègues qui demandaient le respect de leurs droits. Amr Abdul et Rashid Hilal ont été mutés le 18 septembre 2013 au motif qu’ils avaient distribué un tract incitant les travailleurs à se mettre en grève pour exiger le paiement de leurs primes de participation aux bénéfices, qui n’avaient toujours pas été versées. Hussein Kamal Mohammed avait quant à lui été muté le 14 avril 2013 parce qu’il avait soutenu une grève pour appeler à une meilleure protection contre les bandes organisées qui avaient attaqué l’entreprise et tué un travailleur.

Quatre travailleurs arrêtés pour cause de grève10-04-2014

Le 10 avril 2014, les forces de sécurité ont arrêté quatre travailleurs de la Compagnie du gaz, à Alexandrie, afin de les intimider pour qu’ils mettent fin à la grève. Les travailleurs de cette entreprise étaient en grève depuis un mois pour protester contre la liquidation de la société appartenant au groupe Al Kharafy. Les négociations entre la direction et les représentant(e)s des travailleurs/euses avaient échoué la veille. Les forces de sécurité ont arrêté à leur domicile Mohammed Saleh, Mohammed Abdel-Rahman, Ahmed Adel et Al Saied Al Semman. L’entreprise a déposé une plainte contre les employés contestataires, les accusant d’avoir incité les travailleurs à la grève et d’avoir interrompu le bon déroulement du travail. Le procureur a libéré les quatre travailleurs le soir même.

Enlèvement de quatre dirigeants syndicaux31-01-2014

En janvier 2014, les forces de sécurité ont libéré quatre dirigeants syndicaux qui avaient été enlevés alors qu’ils se rendaient à une conférence sur les statuts, à Charm el-Cheikh, au bord de la mer rouge. La fédération syndicale General Federation of Trade Unions (GFTU) a annoncé que le dirigeant du syndicat du tourisme General Union of Tourism, ainsi que son adjoint, le secrétaire général et un fonctionnaire du ministère du Travail avaient été pris en otage par des agresseurs armés non identifiés à Oyoun Moussa, à quelques kilomètres du tunnel Ahmed Hamdi qui relie la péninsule du Sinaï à la ville de Suez. Ils allaient à Charm el-Cheikh pour assister à une conférence de la fédération sur les statuts récemment amendés.

Licenciement de membres syndicaux dans l’entreprise National Vegetable Oil Company13-01-2014

Les employé(e)s de National Vegetable Oil Company, une entreprise appartenant à Cargill et située à Alexandrie, ont créé leur syndicat le 1er mars 2012 suite à un différend au sujet du partage des bénéfices avec les employé(e)s. La résolution du différend ayant donné satisfaction, des relations de travail constructives ont régné dans l’entreprise jusqu’en août 2013, à l’arrivée d’une nouvelle équipe de dirigeants. Tout d’abord, les nouveaux dirigeants ont annoncé que les accords signés avec la précédente direction étaient nuls et de nul effet et qu’une nouvelle politique des relations de travail allait être mise en place. C’est alors que les dirigeants ont commencé à harceler les travailleurs/euses, à rechercher des infractions mineures, à donner des avertissements et à menacer les employé(e)s de licenciement. Pour protester contre les sanctions arbitraires et la détérioration de l’environnement de travail, les employé(e)s ont organisé un sit-in le 15 décembre 2013. La direction a riposté en fermant l’usine et en mettant 84 travailleurs/euses (sur les 122 que compte l’usine) en congé prolongé. Les travailleurs/euses ont continué d’occuper l’usine jusqu’au 23 décembre, date à laquelle ils/elles ont été délogés par des gardes avec des chiens d’attaque. L’usine a rouvert ses portes le 13 janvier 2014 et du personnel de remplacement a été embauché. Alors que la direction empêche toujours les travailleurs/euses de reprendre le travail, ces derniers maintiennent leur piquet de grève sur le parking de l’usine. Au mépris de la loi, Cargill a commencé à envoyer des lettres de licenciement aux travailleurs/euses.

Attaque de la police municipale de Nasr contre des travailleurs02-10-2013

Le 2 octobre 2013, la police municipale de Nasr est intervenue de manière agressive contre des travailleurs/euses qui participaient à un sit-in pacifique devant le ministère de la Main-d’œuvre pour demander l’aide du ministère au sujet de leur licenciement. En effet, bien que le tribunal ait statué en faveur de la réintégration des travailleurs/euses, les entreprises ont refusé d’appliquer cette décision. Les entreprises en questions sont Faragalla, Petrojet, Petro Trade et Cabu.

Violentes attaques des forces de sécurité égyptiennes contre des travailleurs de la cimenterie de Portland à Alexandrie24-09-2013

450 salariés avaient commencé la grève afin de demander à l’entreprise de respecter les promesses faites en janvier d’accorder un emploi permanent aux contractuels et d’augmenter les salaires.

Les grévistes faisaient la prière du matin quand l’assaut a été lancé. Ils ont été violemment battus par le personnel de sécurité et attaqués par des chiens, ce qui a fait des dizaines de blessés dont quatre en soins intensifs.

Selon des sources syndicales, près de cent personnes ont été arrêtées, 18 restent en détention, dont deux gravement blessées au cours de l’attaque. Les travailleurs font face à l’accusation d’entrave à un investissement étranger et de détention d’otages (la direction) dans l’usine.

Des grévistes agressés par les forces de sécurité24-09-2013

Les forces de la « troisième armée » ont agressé les employé(e)s de Suez Steel Company qui demandaient la réintégration de douze collègues licenciés.

Ils/elles protestaient également contre le président de la société, qui avait annoncé le licenciement de 40 autres personnes.

Les forces de la troisième armée ont pris les travailleurs/euses par surprise en intervenant dans leur sit-in avec de nombreux véhicules militaires et des soldats ; elles ont empêché deux travailleurs d’entrer dans l’entreprise. Lorsqu’ils ont essayé de faire entrer leurs collègues, les forces de sécurité les ont attaqués et frappés avec une violence excessive, blessant deux manifestants, avant d’arrêter deux travailleurs à la station de police d’Attaka.

Des travailleurs exclus par l’autorité ferroviaire11-09-2013

Le 11 septembre 2013, l’autorité ferroviaire a déposé une plainte contre des travailleurs/euses qui avaient participé à une grève. Le tribunal a exclu les travailleurs/euses pour une période de six mois et a ordonné des déductions de salaire. Les travailleurs/euses avaient demandé l’égalité des salaires au sein de l’entreprise. La direction avait accepté et promis qu’aucune sanction ne serait appliquée à l’égard des travailleurs/euses qui avaient pris part à la grève.

Arrestation de travailleurs21-08-2013

Le 21 août 2013, les forces de sécurité ont fouillé le domicile de quatre employés de la société Suez Cement Company, accusés d’avoir encouragé les travailleurs/euses à faire grève trois semaines auparavant. Un des employés a été arrêté. En conséquence, des travailleurs/euses ont manifesté devant l’usine pour demander la libération de leur collègue et protester contre la persécution et le harcèlement exercés par la police.

Ingérence dans les locaux des syndicats19-08-2013

Le directeur de la société Qena est entré de force dans les bureaux de l’Independent Union of the Railway Workers (Syndicat indépendant des employé(e)s des chemins de fer) en menaçant de licencier des membres du conseil d’administration s’ils/elles se mettaient en grève.

Des travailleurs agressés par les forces de sécurité18-08-2013

Le 18 août 2013, les forces de sécurité ont agressé des travailleurs/euses de l’entreprise pétrolière Sinitar Oil et ont arrêté des dirigeants syndicaux. Les travailleurs/euses étaient accusés d’avoir retardé le travail et empêché la direction de pénétrer dans les locaux de l’entreprise. Les travailleurs/euses avaient commencé à organiser un sit-in pour demander que les travailleurs/euses intérimaires obtiennent un emploi définitif mais ils/elles nient avoir fait obstacle à l’entrée de la direction dans l’entreprise.

Arrestation de travailleurs12-08-2013

Le 12 août 2013, les forces armées chargées de protéger la zone industrielle d’Itaqa et de Sukhna s’en sont pris à des travailleurs/euses qui s’étaient déclarés en grève pour demander la réintégration de 12 travailleurs/euses licenciés arbitrairement. Deux dirigeants syndicaux ont été arrêtés et d’autres n’ont pas pu entrer dans l’entreprise.

Licenciements arbitraires11-08-2013

Le 11 août 2013, plusieurs dizaines de travailleurs/euses de Kabu Textiles Co. ont manifesté dans les locaux de l’entreprise à Al Hadra, à Alexandrie, pour protester contre la décision du conseil d’administration de licencier 11 syndicalistes parce qu’ils/elles avaient participé à des grèves et à des manifestations contre la direction. Les travailleurs/euses ont déposé une plainte au poste de police contre le conseil d’administration et sa décision arbitraire.

Licenciement de 15 grévistes à Cairo Airport Company05-06-2013

Wael El-Maadawy, le ministre de l’Aviation civile, a ordonné le licenciement de 15 employé(e)s de Cairo Airport Company, qui avaient précédemment participé à une grève pour demander de meilleures conditions financières. Il les a accusés d’incitation à la désorganisation du travail.

Arrestation de travailleurs28-05-2013

Le 28 mai 2013, le secrétaire général du syndicat indépendant de l’entreprise textile Alexandria Spinning and Weaving Company a été arrêté alors que des travailleurs/euses venaient d’annoncer un sit-in en réaction à la décision de la direction de déduire de leur salaire le pourcentage des assurances sociales avec effet rétroactif à compter de janvier 2013. Ensuite, la direction a déposé un recours au poste de police el Sadat contre Abdel Aleem el Bekeemy, le président du syndicat indépendant, et Nasef el Shahat, son secrétaire général, accusés d’avoir appelé les travailleurs/euses à faire grève et à empêcher les produits de sortir de l’usine. Les travailleurs/euses ont rejeté cette accusation et précisé que l’usine fonctionnait à plein rendement.

Exclusion de travailleurs suite à une grève25-05-2013

Le 25 mai 2013, le président de l’autorité portuaire d’Alexandrie, le général de division Adel Yaseen Hammad, a décidé de prendre des mesures de rétorsion à l’encontre de 28 employé(e)s du service électronique qui s’étaient mis en grève. Les travailleurs/euses ont été exclus pendant trois mois et le différend a été présenté au procureur.

Licenciement des membres syndicaux qui avaient demandé une augmentation de salaire15-05-2013

Le 15 mai 2013, la direction d’Al Ragaa Co., qui travaille pour Clay Products, a licencié trois membres du conseil du syndicat indépendant, Ahmed Sobhy, Ragab Gad et Asaad el Sayed el Nady. Le syndicat avait demandé une hausse de salaire de 10 %, que l’employeur avait dans un premier temps approuvée mais il a ensuite refusé de la payer. De plus, la direction a limité à une heure quotidienne le temps consacré aux activités syndicales. Les représentant(e)s syndicaux ont par la suite été licenciés sans préavis.

Agression de grévistes dans une usine de ciment05-05-2013

Le 3 mai, plus de 350 travailleurs/euses d’une usine de ciment d’Assouan, en Haute-Égypte, ont annoncé une grève alors que la direction de l’usine venait de refuser de négocier les revendications des employé(e)s. Le 5 mai, la direction de l’usine a décidé de mettre fin à la grève en recourant à la force et les travailleurs/euses ont été attaqués par le personnel de sécurité de l’usine qui a tiré à balles réelles pour intimider les grévistes.

Quatre jours de garde à vue pour des grévistes à Qena13-04-2013

Les personnes arrêtées faisaient partie d’un groupe de travailleurs/euses en grève de Ganoub El Wadi Petroleum Company, qui campaient devant la société depuis le mois de février pour demander des contrats de travail à temps plein.

Les familles des grévistes affirment qu’ils/elles ont été arrêtés chez eux tôt le matin.
Trois d’entre eux/elles ont été libérés le 13 avril et les autres ont été retenus à la Direction de la sécurité de Qena jusqu’après minuit, accusés de résister aux autorités.

Les forces de sécurité ont démonté les tentes des grévistes à proximité de la compagnie pétrolière et ont rouvert le siège de la société de force le 14 avril après presque deux mois d’arrêt en raison du sit-in.

Sanctions contre des travailleurs qui ont dénoncé la corruption04-04-2013

Le 4 avril 2013, quatre dirigeants syndicaux qui travaillent à l’aéroport du Caire ont été mutés sur des sites éloignés pour avoir demandé au ministre de l’Aviation civile de démissionner parce qu’il venait de renvoyer le président de l’aéroport du Caire, au motif que ce dernier avait déposé une plainte pour corruption auprès du procureur. Plus de 50 agents de la surveillance aérienne ont manifesté pour protester contre la mutation de leurs collègues.

Plus de 15 travailleurs arrêtés par la police18-03-2013

Le 18 mars 2013, la police a arrêté plus de 15 travailleurs/euses de l’entreprise Alexandria Fertilizers’ Company, qui participaient à un sit-in dans les locaux de la société pour demander des emplois permanents et une hausse de salaire, tous les travailleurs/euses étant embauchés par un sous-traitant.

L’entreprise Globe Co. refuse d’appliquer la convention collective 13-03-2013

Le 13 mars 2013, la direction de Globe Co., à el Sadat City, a licencié 11 membres du conseil exécutif du syndicat indépendant au seul motif qu’ils/elles avaient demandé l’application d’une convention collective comprenant des dispositions relatives au partage des bénéfices, à la durée des contrats et au paiement des pauses-déjeuner.

L’entreprise Ideal Standard demande le licenciement de tous les membres syndicaux03-03-2013

Le 3 mars 2013, la direction d’Ideal Standard, à Ramadan City, a licencié 29 travailleurs/euses, y compris des membres du comité syndical. En réaction, les travailleurs/euses ont organisé un sit-in pour demander une prime de risque et des jours de congés, conformément aux recommandations du ministère de la Main-d’œuvre. Par ailleurs, les travailleurs/euses ont annoncé que la grève durerait jusqu’à ce que leurs collègues soient réintégrés. Le lendemain, la direction a décidé d’arrêter complètement la production, de couper le gaz et l’électricité, stoppant ainsi l’usine pour l’équipe du matin. L’entreprise a déposé une plainte auprès du tribunal du travail pour demander le licenciement de tous les membres syndicaux. La direction a également mis un terme au service de bus assurant le transport des travailleurs/euses.

Mesures de rétorsion de la direction contre des travailleurs/euses28-01-2013

Le 28 janvier 2013, la compagnie d’eau et d’assainissement de Luxor a arbitrairement muté cinq ingénieurs du service des projets à d’autres services. Leurs collègues ont annoncé qu’ils/elles organisaient un sit-in devant le bureau du service des projets pour protester contre la décision de mutation prise par le président de la compagnie. D’après les employé(e)s, cette décision est une mesure de rétorsion de la direction suite à la demande de hausse de salaire.

Ingérence dans les négociations collectives15-01-2013

Le porte-parole des travailleurs/euses de l’entreprise ABB Arab Contractors Electrical Industries a été obligé de démissionner après avoir essayé de mener des négociations entre la direction de l’entreprise et les employé(e)s au sujet des licenciements collectifs, le 15 janvier 2013.

Mesures de rétorsion contre des travailleurs02-01-2013

Le 1er janvier 2013, l’entreprise Care Service and Maintenance Co., à Charm el-Cheikh, a muté cinq travailleurs sur des sites éloignés. Le 2 janvier 2013, plusieurs dizaines de travailleurs/euses ont annoncé qu’ils/elles organisaient un sit-in pour appeler au retour de leurs collègues et ils/elles ont accusé l’entreprise d’avoir pris des mesures de rétorsion contre les travailleurs/euses qui demandaient de meilleurs salaires et des congés payés annuels. Le sit-in a pris fin lorsque la direction de l’entreprise a promis aux employé(e)s de faire revenir leurs collègues et de ne pas licencier ni muter les travailleurs/euses de manière arbitraire.

Ingérence des employeurs11-11-2012

Le 11 novembre 2012, Ataef Mohamed, président de Independent Regional Federation of the Independent Unions in South Egypt (Fédération régionale indépendante des syndicats indépendants du sud de l’Égypte) et responsable du bureau de CTUWS à Naji’ Hamady, a été muté, sans aucune justification, à un autre site de travail situé à 60 kilomètres de son domicile.

Intervention pendant les manifestations03-10-2012

Le 3 octobre 2012, les forces de sécurité ont arrêté 14 chauffeurs de taxi qui manifestaient devant l’Administration générale de la circulation, située à Salah Salim Street, pour demander une baisse des impôts et des amendes imposées aux chauffeurs de taxi. Dix d’entre eux ont été relâchés le jour-même et les quatre autres ont été libérés sous caution le lendemain.

Arrestation et détention de syndicalistes24-09-2012

Le 24 septembre 2012, sept infirmiers employés à l’hôpital universitaire Zagazig ont été arrêtés pour avoir lancé un appel à la grève suite à l’échec des négociations salariales avec le directeur de l’hôpital. Quatre infirmiers ont été libérés et les trois autres sont restés en prison pendant 4 jours, durant lesquels une enquête a été menée : Ashraf Abdel Monem, Mohamed el Sayed et Ayman Almaz.

Discrimination contre des membres syndicaux16-09-2012

Le 16 septembre 2012, Rashad Shabaan et Aly Hassan Kenawy ont été licenciés après avoir participé à l’occupation de l’usine de la société Al-Ameriya Spinning and Weaving Company pour protester contre le non-paiement de leur salaire. Le tribunal a demandé à l’entreprise de les réintégrer et de leur verser leur salaire.

Les employeurs ne respectent pas les conventions collectives31-07-2012

L’entreprise Nile Spinning and Weaving Company a refusé de verser les augmentations de salaires convenues en juillet 2012 dans une convention collective. 34 des travailleurs/euses qui se sont mis en grève pour protester contre cette violation ont été licenciés.

Le ministre autorise l’ancien syndicat officiel à représenter l’Égypte aux conférences internationales31-12-2011

En mai, le ministre de la Main-d’œuvre, Ahmed al-Borei, a annoncé que la Fédération syndicale égyptienne officielle (ETUF) continuerait de représenter l’Égypte aux conférences internationales, malgré la décision du Conseil d’État de dissoudre le conseil d’administration de l’ETUF.

Le syndicat officiel tente d’empêcher des travailleurs/euses de participer à la révolution31-12-2011

Le 25 janvier, au début de la révolution, l’ETUF a aussitôt mis en place des comités destinés à empêcher tout groupe de travailleurs/euses de se mettre en grève et de se joindre aux manifestants, d’après Kamal Abou Aita, président du syndicat indépendant Real Estate Tax Authority Union (RETA), qui représente les employés des services fiscaux du secteur foncier. L’argent que l’ETUF avait accumulé au moyen des cotisations syndicales obligatoires et des apports financiers du gouvernement a servi à payer des casseurs, qui sont descendus dans les rues pour terroriser la population. Le membre de l’ETUF représentant le même secteur que le RETA a déclaré devant les caméras qu’ils allaient punir les manifestants et couper court à la révolution, tout en lançant des insultes aux membres du RETA, avant que les manifestants révolutionnaires ne mettent un terme à son intervention.

Les droits syndicaux en attente31-12-2011

Peu de temps après le renversement du président Moubarak et de son gouvernement, le nouveau ministre de la Main-d’œuvre, Ismail Fahmy, a déclaré en février que « la question des droits syndicaux restait en attente jusqu’à ce que le Code du travail soit révisé… et que le ministère continuerait à travailler en étroite collaboration avec la fédération syndicale nationale ETUF (Egyptian Trade Union Federation) et son président Hussein Megawer ». M. Fahmy a été trésorier de l’ETUF, alors contrôlée par le régime de Moubarak.

L’OIT critique le gouvernement pour ses ingérences dans les affaires des syndicats31-12-2010

Lors de sa Conférence de juin, l’OIT a critiqué le gouvernement égyptien pour ses ingérences dans les affaires syndicales. L’Organisation a été particulièrement critique à l’égard des forces de sécurité égyptiennes pour leur rôle au cours des récentes manifestations syndicales de protestation, qu’elles avaient dispersées. L’OIT a pris note du fait que le gouvernement égyptien n’avait pas donné de réponse aux commentaires négatifs formulés auparavant par l’Organisation au sujet d’ingérences répétées dans les affaires des syndicats et des travailleurs égyptiens, et que l’Égypte continuait de violer les Conventions 87 et 98.

Le patronat et les autorités font toujours preuve d’antisyndicalisme malgré la pression croissante en faveur du changement31-12-2010

La vague de protestations des travailleurs qui avait commencé en 2006 s’est poursuivie tout au long de l’année. Les travailleurs ont opté de manière croissante pour des manifestations dans la rue, rendant ainsi plus difficile pour les autorités de les maltraiter ou de les ignorer. Lors des actions sur le lieu de travail, la police a tendance à agresser brutalement les grévistes, au prétexte que leur action serait « illégale ». À partir du mois de février, des travailleurs ont campé devant le Parlement et d’autres bâtiments du gouvernement pour exprimer leur mécontentement, réclamer de plus hauts salaires et le respect de leurs droits. Dans certains cas, il est dit que les agences de sécurité de l’État auraient demandé instamment aux ministres de répondre favorablement aux revendications des travailleurs, dans l’espoir de maîtriser la vague de manifestations et d’empêcher que les travailleurs protestataires ne viennent gonfler les rangs du mouvement militant pour la réforme démocratique. Le 19 février Nasha’t el-Qassass, membre du Parlement du parti national démocratique (PND) du président Moubarak, a exhorté à ce que l’on tire sur les protestataires. (Il a par la suite été déféré devant une commission disciplinaire.)

La négociation collective est inefficace, voire inexistante31-12-2010

Le ministre de la Main-d’œuvre et de la Migration supervise et contrôle les négociations et les conventions collectives. Le gouvernement fixe les salaires et les prestations et décide de la classification des emplois des fonctionnaires et employés du secteur public. Le conseil salarial national a toutefois été critiqué pour ne pas mener une révision globale des salaires au lieu de n’intervenir que lorsqu’une situation devient épineuse dans un secteur donné. Un syndicaliste indépendant a observé que « les outils de la négociation collective sont en pleine décomposition à l’échelon national, ainsi que dans les secteurs industriels et au niveau des lieux de travail ». Dans le secteur privé, où la représentation de la Fédération égyptienne des syndicats (FES) est très faible, les employeurs évitent toute négociation collective et refusent d’appliquer les décisions du gouvernement concernant le salaire minimum, la sécurité sociale ou d’autres dispositions. L’absence d’une centrale syndicale nationale digne de ce nom fait qu’il est très difficile pour les travailleurs de régler un différend au moyen de la négociation, d’où la tendance à recourir aux actions de grève et aux manifestations.

Zones économiques spéciales 31-12-2009

Les employeurs privés des Zones économiques spéciales d’Égypte manifestent toujours peu de respect pour les droits du travail. La plupart des travailleurs de la zone 10 de Ramadan City sont forcés de signer des lettres de démission à leur engagement, ce qui permet ainsi à l’employeur de les renvoyer à son gré. Les conditions de travail sont très mauvaises, les horaires longs, les salaires peu élevés et les normes de sécurité insuffisantes, mais les militants syndicaux ne peuvent pas faire grand-chose en raison des restrictions imposées à la négociation collective et de l’interdiction des grèves.

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