Hong Kong (RAE - China) - Interdiction brutale des rassemblements pro-démocratie

Les syndicats ont activement participé aux manifestations massives organisées contre le projet de loi de 2019 visant à modifier l’ordonnance sur les délinquants fugitifs ainsi que l’ordonnance sur l’entraide judiciaire en matière pénale, connu sous le nom de projet de loi sur les extraditions. Le mouvement a débuté en juin 2019 par une série de manifestations et de rassemblements pour dénoncer le projet de loi qui autoriserait les autorités et les tribunaux chinois à extrader tout individu originaire de Hong Kong ou y résidant, y compris les dissidents et les opposants politiques, pour les juger conformément à la juridiction de la Chine continentale. Des millions de personnes ont participé aux rassemblements des 9 et 16 juin pour réclamer la suppression définitive du projet sur les extraditions et la libération inconditionnelle des manifestants arrêtés, exiger des autorités qu’elles cessent de caractériser les manifestations du 12 juin comme des « émeutes », demander la tenue d’une enquête indépendante sur les violences policières et les abus de pouvoir, et exiger le plein exercice du suffrage universel.

Les manifestations contre le projet de loi sur les extraditions ont été brutalement réprimées alors qu’elles prenaient de l’ampleur et devenaient un mouvement de protestation continu pour réclamer des réformes démocratiques et la protection des libertés et des droits civils fondamentaux contre l’escalade de la violence policière à la suite du retrait du projet de loi, le 4 septembre. Au moins 6 943 manifestants ont été arrêtés pour leur participation à des émeutes et des rassemblements illégaux et 80 pour cent des enquêtes liées à ces cas sont toujours en cours, un moyen d’intimider les personnes arrêtées pour qu’elles ne manifestent plus. La police a fait preuve d’une violence disproportionnée contre les manifestants, en tirant à 19 reprises des balles réelles, en utilisant 15 972 grenades à gaz lacrymogène, ainsi que des dizaines de milliers de balles en caoutchouc, de grenades à éponge et de projectiles en sachet, en violation flagrante de l’ordonnance sur la police et des Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois (Rapport annuel d’Amnesty International Hong Kong). Des manifestants auraient été torturés et auraient subi des agressions sexuelles, sans avoir pu contacter d’avocats pendant leur détention. Le Bureau des plaintes contre la police, mis en place par le gouvernement, ne dispose d’aucun pouvoir pour exiger des comptes à la police ni de voies de recours pour en finir avec les entraves aux libertés fondamentales.

De juin à décembre 2019, la police de Hong Kong s’est servie de l’ordonnance sur l’ordre public pour rejeter 47 des 537 demandes d’organisation de réunions ou de défilés publics, en violation du principe de liberté de réunion pacifique garanti dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le 23 août 2019, la Hong Kong Airport Authority (Autorité de l’aéroport de Hong Kong, HKAA) a obtenu une injonction interdisant de façon indéfinie toute manifestation à l’aéroport. À la suite de l’objection de la HKAA et de la compagnie aérienne, la Hong Kong Confederation of Trade Unions (Fédération des syndicats de Hong Kong, HKCTU) n’a pas pu organiser un rassemblement devant le siège de la compagnie Cathay Pacific à l’aéroport, le 26 août 2019, pour dénoncer des licenciements de personnel en lien avec les manifestations contre le projet de loi sur les extraditions. L’organisation syndicale a pu organiser sa manifestation loin du lieu de travail, dans le centre de la ville, le 28 août.

La HKCTU a activement soutenu les appels à la grève générale du 5 août 2019, à laquelle ont participé 3 500 travailleurs et travailleuses, et du 3 septembre pour exiger le retrait pur et simple du projet de loi. Un nombre encore plus important de personnes ont pris part à des grèves et à des rassemblements spontanés depuis que l’ordonnance sur les syndicats et l’ordonnance sur l’emploi n’autorisent les grèves économiques qu’en dehors des heures de travail ou pendant la journée de travail moyennant l’autorisation de l’employeur. Dans les faits, la réintégration obligatoire des salariés illégalement licenciés est compromise par une sanction financière de substitution plafonnée à 9 300 dollars US conformément à l’ordonnance (amendement) no 2 sur l’emploi, adoptée en 2018.

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