Pakistán - Interdiction d’adhérer à un syndicat pour une majorité de travailleurs

Pour Karamat Ali, le directeur général du PILER (Institut pakistanais pour l’éducation et la recherche sur le travail), moins d’un pour cent des travailleurs/euses pakistanais adhèrent à un syndicat, étant donné que la loi sur les relations de travail de 1969 limite le droit de liberté syndicale. «Cette loi a privé de nombreux travailleurs du droit de se syndiquer et les amendements adoptés ultérieurement n’ont fait qu’empêcher davantage de travailleurs de bénéficier de ce droit», a-t-il indiqué lors d’une conférence en septembre 2014. Ali a également rappelé qu’il fallait lutter pour protéger les syndicats, garantir au moins un salaire minimum aux travailleurs, et appeler à la formation d’un syndicat national.

Pendant cette même conférence, le juge retraité Rashee A Rizvi a déclaré que les partis politiques n’avaient pas réussi à jouer leur rôle dans le développement des syndicats. Selon lui, les ailes des partis avaient pris place dans les syndicats existants, mais sans jamais essayer de rendre les syndicats opérationnels dans les usines.

Il est particulièrement difficile pour les travailleuses, qui sont presque toutes embauchées sous contrat dans le secteur de l’économie informelle, d’exercer leur droit à la liberté syndicale, dans la mesure où elles n’entrent pas dans le cadre de la législation, qu’elles n’ont pas forcément connaissance de leurs droits et que les autorités ne font pas appliquer leurs droits.

En octobre 2014, la Fédération des travailleuses à domicile a tenu une conférence de presse pendant laquelle la secrétaire générale, Zehra Khan, a précisé que plus de 12 millions de travailleurs et travailleuses à domicile étaient privés de leurs droits fondamentaux au Pakistan.

«Compte tenu de l’évolution de la situation, il devrait y avoir une nouvelle définition des travailleurs, qui spécifie que les travailleurs ne sont pas uniquement présents dans les usines et les entreprises. Cela permettrait d’inclure aussi les travailleurs à domicile», Khan a-t-elle expliqué.

La directrice de Working Women’s Organisation, Aima Mehmood, a signalé que les ouvrières représentaient moins d’un pour cent des adhérents des syndicats et que seulement cinq ou six femmes occupaient des postes de dirigeantes dans les organes exécutifs des syndicats, tandis que les autres n’étaient pas en mesure de bénéficier d’un accès direct aux postes administratifs. «Nous n’arriverons à rien tant que nous ne privilégierons pas les intérêts des personnes».

La secrétaire générale du syndicat Women Worker Union, Shaheena Kausar, et la présidente de la Confédération des travailleurs du Pakistan, Rubina Jamil, pensent que les inspecteurs du travail ne sont pas sensibilisés aux différences entre les sexes et que le système de notification préalable avantage plus les employeurs que les travailleurs. Kausar dit que son organisation vise à aider les travailleuses à s’élever, en les syndiquant et en leur donnant des compétences en matière de négociation collective. Cependant, Kausar note que le Pakistan n’a toujours pas réussi à faire appliquer la Convention de l’OIT sur l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes et que les hommes ont un meilleur salaire pour un travail égal.

Le 28 février 2015, le secrétaire général adjoint de la Fédération syndicale nationale, Nasir Mansoor, a signalé qu’environ 98% de la main-d’œuvre totale du Pakistan n’étaient pas autorisés à créer leur propre syndicat. Il a également déclaré que près de 95% des travailleurs n’avaient pas de sécurité sociale.

D’après Mansoor, «le Pakistan a signé des conventions internationales du travail depuis le début, mais les travailleurs attendent toujours de faire valoir leurs droits».

Les restrictions au droit de créer et d’adhérer à un syndicat résultent du fait que la législation du travail ne reconnaît pas ou ne s’applique pas à ces travailleurs, en raison du caractère informel ou incertain de leur travail.

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