Qatar - Les réformes proposées ne donnent toujours pas aux travailleurs le droit de former des syndicats et d’y adhérer

En dépit des nombreuses promesses, le gouvernement du Qatar tarde à mettre en place des réformes destinées à améliorer les droits des travailleurs/euses migrants. En mars 2015, le Conseil d’administration de l’OIT a rappelé au Qatar qu’il devait réformer le système de la Kafala (parrainage) avant novembre 2015, au plus tard. Les représentants des travailleurs et des employeurs de l’OIT ont exhorté le Qatar à prendre des mesures immédiates pour abolir ce système, qui autorise l’extrême exploitation et l’oppression des travailleurs migrants. Ils ont également demandé l’adoption des droits du travail élémentaires, notamment le droit de se syndiquer.

Depuis que le Qatar s’est vu accorder le droit d’organiser la Coupe du monde de la FIFA en 2022, il fait l’objet d’une surveillance de plus en plus étroite compte tenu des épouvantables conditions de vie et de travail des migrants qui ont été dénoncées. Les travailleurs sont liés à leur employeur d’origine au titre du système de la Kafala et, de ce fait, ils ne peuvent pas quitter le pays sans la permission de leur employeur. Le taux de mortalité des travailleurs migrants, qui sont contraints de travailler de longues heures sous une chaleur écrasante, s’élève à une personne par jour, au moins. Malgré ces chiffres scandaleux et l’indignation internationale face aux conditions de travail assimilables à de l’esclavage, la FIFA n’a pas pris de mesures vraiment efficaces, à part quelques améliorations au niveau de l’hébergement des travailleurs migrants et du système de paiement des salaires.

Après de multiples retards, le gouvernement a annoncé en octobre 2015 que les réformes n’entreraient en vigueur que fin 2016. Cependant, il est peu probable que ces mesures améliorent la situation des travailleurs migrants. En effet, la nouvelle loi du travail ne prévoit pas l’abolition des tristement célèbres permis de sortie, et les travailleurs devront toujours obtenir la permission de leur employeur pour quitter le pays. Les travailleurs pourront faire appel au ministère de l’Intérieur en cas de problème, mais la plupart d’entre eux craignent ce ministère. Les travailleurs migrants n’ont toujours pas le droit d’adhérer à un syndicat ou de faire entendre collectivement leur voix par l’intermédiaire de comités de représentants élus sur les lieux de travail. Les travailleurs/euses domestiques restent totalement exclus de la nouvelle loi du travail.

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