Équateur

L’organisations affiliéesà la CSI en Équateur est la Central Ecuatoriana de Organizaciones Clasistas Unitarias de Trabajadores (CEDOCUT).
Dans la loi
Liberté syndicale / Droit d’organisation
Discrimination antisyndicale
La législation interdit la discrimination antisyndicale.
Obstacles juridiques à l’établissement d’organisations
- Un nombre minimum de membres excessif est nécessaire pour établir un syndicat
- Le Code du travail exige un nombre minimum de 30 travailleurs/euses pour qu'un syndicat ou un comité d’entreprise puisse être constitué. En outre, pour constituer un comité d’entreprise, il est nécessaire d'obtenir l’approbation de la moitié plus un des effectifs de l’entreprise. Si le comité d’entreprise a davantage de membres que le syndicat, ce dernier n’aura aucun pouvoir sur le lieu de travail (Code du travail, articles 450, 459 et 466).
Restrictions au droit des travailleurs/euses de former des syndicats de leur choix et d’y adhérer
- Système syndical unique imposé par la législation et/ou système interdisant ou limitant la syndicalisation à un certain niveau (de l’entreprise, industriel/sectoriel, régional/territorial, national)
- Pour tout ce qui a trait aux relations du travail dans les institutions de l’État, la Constitution prévoit que le secteur du travail n’est représenté que par une seule organisation (Constitution de la République de l’Équateur, article 326.9).
Restrictions au droit des syndicats d’organiser leur gestion
- Restrictions au droit d’élire des représentants et de s’autogérer librement
- Le Code du travail exige que les postes de direction syndicale soient réservés aux ressortissants équatoriens travaillant dans l’entreprise (Code du travail, article 466.4). En outre, la Constitution prévoit l'alternance dans la direction des organisations syndicales, limitant ainsi la possibilité de réélection des dirigeants.
Catégories de travailleurs/euses à qui la loi interdit ou restreint la possibilité de former un syndicat ou d’y adhérer, ou d’occuper une fonction syndicale
- Autres fonctionnaires ou agents publics
- La loi organique sur l’enseignement supérieur (LOES) du 12 octobre 2010 et la loi organique sur l’enseignement interculturel (LOEI) du 31 mars 2011 ne reconnaissent pas le droit des fonctionnaires du secteur de l’éducation de constituer des organisations syndicales.
Droit de négociation collective
Obstacles juridiques à la reconnaissance des agents de la négociation collective
- Conditions excessives quant au respect de la représentativité des syndicats ou au nombre minimum de membres nécessaires pour négocier collectivement
- Les organisations syndicales qui ne réunissent pas plus de la moitié des effectifs couverts par le Code du travail ne peuvent négocier au nom de leurs membres respectifs, ni seules ni en se regroupant entre elles (Code du travail, article 229, deuxième paragraphe).
Restrictions au principe de négociation libre et volontaire
- Procédure d’arbitrage
arbitrage
Mécanisme de résolution extrajudiciaire des litiges impliquant l’intervention d’un tiers neutre, qui peut être soit un arbitre unique, soit une commission d’arbitrage. Dans le cadre d’un arbitrage non contraignant, les parties en désaccord sont libres de rejeter la recommandation émise par le tiers. Si elles se soumettent à un arbitrage contraignant, elles sont alors liées par sa décision. On parlera d’arbitrage obligatoire lorsqu’il s’agit d’une procédure prescrite par la loi ou relevant d’une décision des autorités, à laquelle les parties ne se soumettent pas volontairement.
Voir conciliation, médiation
obligatoire en cas E149de différend durant la négociation collective négociation collective Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
, à l’exception des services essentiels services essentiels Services dont l’interruption mettrait en danger la vie, la sécurité personnelle ou la santé de l’ensemble ou d’une partie de la population. C’est par exemple le cas du secteur hospitalier, des services d’approvisionnement en électricité et en eau et du contrôle du trafic aérien. Les grèves y sont soumises à des restrictions, voire interdites.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI - Les conflits collectifs du travail sont soumis, dans tous les cas, à des tribunaux de conciliation et d'arbitrage (Constitution de la République de l’Équateur, article 326.12).
- Autorités ou employeurs habilités à annuler, à modifier ou à élargir unilatéralement les dispositions ou la portée des conventions collectives
- Certains des dénommés « mandats constituants », résultant de l’Assemblée nationale constituante de 2008, imposent des restrictions ou des modifications unilatérales aux conventions collectives négociées dans les institutions du secteur public, des entreprises d’État ou des entreprises du secteur privé dans lesquelles l’État détient une participation majoritaire. En outre, le mandat constituant n° 008, tout comme d’autres instruments légaux, confie au ministère des Relations professionnelles le contrôle de l’éventuel caractère abusif des clauses des conventions collectives dans le secteur public.
Limitations ou interdiction de la négociation collective dans certains secteurs
- Autres fonctionnaires et agents publics
- En vertu de la loi organique sur les entreprises privées (LOEP) et de la loi organique sur le service public (LOSEP), la liste des fonctionnaires dont la désignation et la révocation sont libres, qui occupent en général des postes de cadre, de direction, de représentation, de gestion, de conseil, de confiance, les fondés de pouvoir, les consultants et les fonctionnaires de carrière sont exclus du droit de négociation collective. De même, la loi LOES et la loi LOEI excluent tous les fonctionnaires du secteur de l’éducation, y compris les enseignants, du droit de négocier collectivement.
Droit de grève
Interdiction ou limitations de certains types d’actions de grève
- Restrictions en ce qui concerne le niveau ou la portée d’une grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage (par exemple, au niveau de l’entreprise, industriel et ou sectoriel, régional et/ou territorial, national) - Dans le secteur privé, le Code du travail stipule qu’une grève ne peut être déclarée qu’au seul niveau de l’entreprise ou de l’usine, interdisant implicitement le droit de grève aux fédérations et aux confédérations (Code du travail, article 505).
Dispositions sapant le recours aux actions de grève ou leur efficacité
- Sanctions civiles ou pénales excessives imposées aux travailleurs/euses et aux syndicats impliqués dans des actions de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage non autorisées - La loi sur la fonction publique et la carrière administrative prévoit la destitution des fonctionnaires impliqués dans la paralysie des services publics, sans préjudice d'autres actions juridiques pertinentes (loi sur la fonction publique et la carrière administrative, article 26.g).
- Autres dispositions légales sapant le droit de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage - Un décret de 1967 impose des peines de prison aux participants à des grèves ou à des arrêts de travail illégaux (décret 105).
Limitations ou interdiction de grèves dans certains secteurs
- Restrictions injustifiées en ce qui concerne les fonctionnaires
- La loi organique sur les entreprises publiques (LOEP) interdit la paralysie, à quelque titre que ce soit, de la prestation des services publics ou de l’exploitation des ressources naturelles par l’entreprise publique, sauf en cas de force majeure ou de cas fortuit (loi organique sur les entreprises publiques (LOEP), article 31.3).
- Détermination discrétionnaire ou liste excessivement longue des « services essentiels
services essentiels
Services dont l’interruption mettrait en danger la vie, la sécurité personnelle ou la santé de l’ensemble ou d’une partie de la population. C’est par exemple le cas du secteur hospitalier, des services d’approvisionnement en électricité et en eau et du contrôle du trafic aérien. Les grèves y sont soumises à des restrictions, voire interdites.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI » dans lesquels le droit de grève grève Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage est interdit ou strictement limité - La Constitution et la loi organique sur le service public (LOSEP) interdisent la paralysie des services publics dans les secteurs de la santé et de l’assainissement environnemental, de l’éducation, de la justice, de lutte contre l’incendie, de sécurité sociale, de l’électricité, de l’approvisionnement en eau potable, des égouts, de la production d’hydrocarbures, du traitement, du transport et de la distribution de combustibles, du transport public, des postes et des télécommunications (Constitution de la République de l’Équateur, article 326.15; loi organique sur le service public (LOSEP), article 24. h).
- Détermination déraisonnable ou discrétionnaire (sans négociation avec les partenaires sociaux
partenaires sociaux
Désigne les syndicats et les employeurs ou leurs organisations représentatives.
ou absence d’une autorité indépendante en cas de désaccord)de la portée du « service minimum
service minimum
Opérations normalement requises dans un établissement public ou privé lors d’une grève, pour ne pas mettre en danger la vie ou les besoins élémentaires de la population ou causer des dégâts irréversibles.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI » à garantir pendant les grèves dans les services publics - Le Code du travail prévoit pour certains secteurs la prestation de services minimums qui, en cas de désaccord entre les parties, doit être déterminée par le ministre du Travail (Code du travail, article 522, deuxième paragraphe).
En pratique
Le 1er mai 2017, des militants, des syndicalistes et des citoyens ont participé à une marche à Quito pour célébrer la fête du travail. La marche s’est soldée par la détention de 11 personnes. En outre, Patricia Echevarría, qui faisait partie d’un groupe de femmes syndicalistes et militantes, a été agressée physiquement et a fait l’objet d’une tentative de détention pour avoir participé à la marche.
Lors de la première rencontre internationale des travailleurs des bananeraies, organisée à Guayaquil le 3 octobre 2017 par l’Asociación Sindical de Trabajadores Agrícolas y Campesinos (Association syndicale des travailleurs agricoles et paysans – ASTAC), les travailleurs/euses équatoriens ont dénoncé des pratiques antisyndicales dans plusieurs exploitations en Équateur. Plus particulièrement, ils ont indiqué que, lorsque les employeurs constatent que les travailleurs/euses ont l’intention de se syndiquer, ils recourent aux persécutions, aux menaces et aux licenciements.
En décembre 2016, des dizaines de policiers ont débarqué sans mandat au siège de la Fédération interprovinciale des centres Shuar (FICSH), situé en Amazonie équatorienne, et de façon complètement arbitraire, s’en sont pris à son président, Agustin Wachapá, qu’ils ont torturé et arrêté. La police a ensuite mis à sac les locaux de la Fédération, retournant tout le mobilier et emportant les ordinateurs. Agustin Wachapá a été emmené dans une prison de haute sécurité à proximité de Quito malgré l’appel d’Amnesty International pour que ses droits soient respectés.
Agustin Wachapá a été accusé d’avoir publiquement incité à la mobilisation et à la résistance violente des communautés Shuars contre les forces de l’ordre à San Juan Bosco. L’éviction de la communauté autochtone de Nankints et la démolition de leurs habitations pour que la société chinoise Explorcobres S.A. (EXSA) puisse ouvrir sa mine de cuivre à ciel ouvert a mis le feu aux poudres. Par deux fois, les membres de la communauté ont tenté de reconquérir leurs terres. Le 14 décembre, lors de la seconde tentative, un policier a été tué et sept autres membres des forces de l’ordre ont été blessés.
À la suite de cet incident, plus de 8 000 militaires ont été envoyés dans la zone, et le gouvernement a décrété l’état d’urgence, a suspendu des droits fondamentaux, comme la liberté de réunion, la liberté de circulation et le droit à une procédure régulière, et a conféré à l’armée le pouvoir exceptionnel d’entrer dans les résidences privées et d’arrêter arbitrairement les personnes sans mandat ni preuve. Les dirigeants de la communauté Shuar ont demandé aux Nations Unies et à d’autres organisations internationales de défense des droits humains de surveiller la militarisation de ces terres.
Outre la persécution dont est victime Agustin Wachapá, trois autres dirigeants de la communauté Shuar – Jose Isidro Tendetza Antun (2014), Bosco Wisum (2009) et Freddy Taish (2013) – ont été violemment assassinés pour leur opposition à l’industrie minière. Dans certains cas, les témoins ont signalé que les auteurs étaient des employés de la mine chinoise, démontrant son comportement systématique contre l’organisation organisation Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat. .
En juillet 2016, le Sindicato de Trabajadores de Aerolane (SITA) a dénoncé l’absence de convention collective
convention collective
Accord, généralement écrit, qui intègre les résultats de la négociation collective entre les représentants des travailleurs et des employeurs.
Voir négociation collective
et, par conséquent, d’un mécanisme pour s’opposer collectivement aux licenciements massifs et aux politiques de réduction budgétaire découlant de programmes mis en œuvre par l’entreprise qui ont eu des effets dévastateurs sur les conditions de travail. Pendant sept ans, le syndicat a réclamé la signature d’une convention collective
convention collective
Accord, généralement écrit, qui intègre les résultats de la négociation collective entre les représentants des travailleurs et des employeurs.
Voir négociation collective
avec la compagnie, mais il n’a reçu que des réponses négatives et a été constamment agressé.
D’après un communiqué du Réseau de syndicats de travailleuses et de travailleurs du Groupe LATAM, auquel appartient Aerolane (LATAM Équateur), la compagnie adopte une politique antisyndicale systématique qui se manifeste sous la forme de renvois de dirigeants syndicaux qui organisent le personnel afin de pouvoir s’exprimer en son nom. C’est notamment le cas de Jimena López, une des fondatrices du premier syndicat de LAN Équateur qui a été renvoyée en 2014 et qui a lancé une procédure judiciaire pour licenciement injustifié et antisyndical.
Depuis son renvoi, son syndicat s’est consacré à défendre son droit à s’organiser et à négocier collectivement avec LAN, entamant une campagne juridique et de soutien international pour toutes les organisations syndicales du Réseau LATAM. En 2015, Jimena López avait déjà dénoncé la violation des droits syndicaux et constitutionnels auprès de la mission spéciale de l’OIT
Organisation internationale du travail
Structure tripartite créée par les Nations Unies (ONU) en 1919 pour promouvoir de bonnes conditions de vie et de travail. Principale instance internationale chargée de développer et de contrôler les normes internationales du travail.
Voir tripartisme, Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI
et l’Organisation
organisation
Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat.
avait ensuite soutenu ses actions et offert son soutien.
En octobre 2016, l’Asociación Sindical de Trabajadores Agrícolas Bananeros y Campesinos (ASTAC) a dénoncé l’infraction au droit à la liberté syndicale des travailleurs du secteur bananier. Selon les informations transmises par le syndicat, lors du dernier recensement agricole effectué dans le secteur bananier, 2 588 petites entreprises bananières ont été identifiées, employant 15 474 personnes. En moyenne, chacune de ces fermes emploie moins de 30 travailleurs, qui est le nombre minimum prescrit par la législation équatorienne pour former un syndicat. Cela signifie donc que, dans la pratique, les travailleurs du secteur bananier ne peuvent pas exercer leur droit fondamental de syndicalisation.
C’est pour cette raison que l’ASTAC a été créée, afin de représenter tous les travailleurs du secteur. Toutefois, le ministère du Travail équatorien refuse de l’enregistrer, estimant que ses membres ne dépendent pas d’un employeur unique.
L’ASTAC a créé des syndicats au sein des entreprises CEINCONSA, FRUTSESA et VIESFRUT qui ont réagi en attaquant les syndicalistes. Chez FRUTSESA, le secrétaire général a été menacé et chez VIESFRUT, l’employeur a engagé des tueurs à gages pour déloger les dirigeants syndicaux de la ferme. Des violations des droits humains, syndicaux et du travail persistent dans l’industrie bananière. Déjà en 2010, à la suite de réunions avec le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage, le syndicat avait dénoncé l’oppression et les attaques aux droits fondamentaux qui ont cours dans les plantations de bananes.
Des organisations de la société civile, dont la Confederación Unitaria de Comerciantes Minoristas y Trabajadores Autónomos del Ecuador (CUCOMITAE), ont dénoncé les exigences imposées à leur enregistrement et le fardeau administratif que cette procédure représente, qui, dans la pratique, affaiblissent la liberté syndicale.
En décembre 2016, le ministère de l’Inclusion économique et sociale (MIES) n’avait pas fini d’assigner les organisations aux ministères concernés, en fonction de leurs compétences respectives, et de ce fait, nombre d’associations se retrouvent sans enregistrement. Dans le cas de la CUCOMITAE, de l’avis du MIES, l’organisation organisation Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat. devrait être réassignée à la direction générale de l’Économie populaire et solidaire. Toutefois, au moment de la rédaction du présent article, cette procédure n’avait été suivie d’aucun acte.
La politique du ministère du Travail est de n’enregistrer que les organisations de travailleurs autonomes récemment créées. Les organisations plus anciennes se retrouvent sans enregistrement ce qui limite leur marge de manœuvre. De la même façon, les confédérations nationales et les fédérations provinciales, cantonales et paroissiales rencontrent des difficultés, car elles ne satisfont pas au quorum réglementaire qui exige un minimum de cinq organisations qui doivent respecter la directive, situation qui laisse les organisations qui désirent obtenir leur enregistrement sans défense.
Conformément au décret 16 (désormais, décret 739), les organisations qui ne sont pas régularisées dans le Registre des organisations sociales (RUOS) perdent en un an leur personnalité juridique. Compte tenu des complications au moment de l’enregistrement, de nombreuses organisations risquent de disparaître.
La réforme la plus importante liée aux droits au travail et à la syndicalisation s’est centrée sur la fonction publique. Sans tenir compte de l’avis des travailleurs, le gouvernement a lancé une campagne de persécution et d’élimination progressive des associations, dont l’agressivité a atteint son point d’orgue en 2015-2016.
Bien que les droits de syndicalisation et de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
existent, ils sont impossibles à exercer puisqu’il est interdit de paralyser un service public quel qu’il soit, sans qu’il ait été tenu compte des règles de l’OIT
Organisation internationale du travail
Structure tripartite créée par les Nations Unies (ONU) en 1919 pour promouvoir de bonnes conditions de vie et de travail. Principale instance internationale chargée de développer et de contrôler les normes internationales du travail.
Voir tripartisme, Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI
relatives à la définition concertée des services dits « essentiels » pour lesquels l’exercice du droit de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
est restreint. Si des fonctionnaires se déclarent en grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
et paralysent leurs services, ils peuvent faire l’objet d’une enquête et être jugés au pénal, accusés de sabotage, de terrorisme, d’invasion de locaux publics et d’attentats contre la sécurité de l’État.
Dès 2016, la possibilité d’exercer le droit à la négociation collective
négociation collective
Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
a été supprimée. Cela a engendré une perte de membres et une disparition de syndicats, car si la nature de ces organisations est bien la défense des droits individuels et collectifs de leurs membres, l’absence de conventions collectives supprime leur raison d’être.
Plusieurs institutions du secteur public refusent de prélever les cotisations syndicales des travailleurs syndiqués et d’autres les retiennent illégalement, comme l’entreprise Petroecuador. Les infractions systématiques à la liberté syndicale ont entraîné la prolifération d’organisations de travailleurs paraétatiques favorables au gouvernement. C’est le cas de la Central Unitaria de Trabajadores (CUT), qui soutient les positions gouvernementales et neutralise le Frente Unitario de los Trabajadores (FUT), et du Red de Maestros, opposé à l’Unión Nacional de Educadores (UNE).
Le 22 juillet 2014, le Dr Carlos Figueroa, dirigeant syndical et ancien secrétaire exécutif de la Federación Médica Ecuatoriana (Fédération médicale équatorienne), a été détenu par la police à Quito pendant qu’il rendait visite à sa mère atteinte d’un cancer en phase terminale. Le 24 mars 2014, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) avait demandé que des mesures de précaution soient prises en faveur de Carlos Figueroa, en appelant la République de l’Équateur à suspendre immédiatement la sentence judiciaire adoptée par la Cour nationale de justice de l’Équateur en 2013, le condamnant à six mois de prison pour le délit d’« injure judiciaire », l’accusation de diffamation concernant le président de l’Équateur suite à sa demande au Bureau du procureur général de l’État de vérifier le bien-fondé de l’ordre donnée par le président aux forces militaires d’intervenir à l’hôpital de la police nationale à Quito, durant la crise politique de septembre 2010, dans la mesure où plusieurs assassinats avaient été commis durant ces faits. La CIDH a demandé la suspension jusqu’à ce que cet organe puisse se prononcer au sujet des dénonciations d’abus dans le cadre de la procédure régulière durant le jugement contre ce dirigeant syndical, le dirigeant syndical du secteur pétrolier Fernando Villavicencio et le membre de l’Assemblée nationale Cléver Jiménez . Le 18 janvier 2015, Carlos Figueroa a purgé la peine imposée et a été libéré .
Le 27 mai 2014, la Cour nationale de justice a acquitté Mery Zamora, ancienne présidente de l’Unión Nacional de Educadores (Union nationale des éducateurs), laissant sans effet la sentence de huit ans de prison pour le délit de sabotage et de terrorisme qui lui avait été infligé. Le président Correa a immédiatement annoncé que le gouvernement analyserait le jugement, contestant ainsi l’autorité du pouvoir judiciaire .
Dès la fin de l’année 2014, le gouvernement de l’Équateur et les membres de l’assemblée de son mouvement politique ont lancé la promotion de changements dans la Constitution de la République. Ces changements ont été considérés comme des « amendements » par la Cour constitutionnelle, permettant une procédure directe à l’Assemblée, où le parti au pouvoir détient la majorité absolue. Deux de ces amendements visent à éliminer l’exercice de la liberté syndicale dans le secteur public (articles 229 et 326.16), moyennant la suppression progressive de la catégorie des ouvriers. Compte tenu de cette suppression, tous les travailleurs seraient désormais considérés comme des fonctionnaires et leur relation de travail serait régie par la loi organique sur le service public LOSEP (inscrite dans le droit administratif), qui ne reconnaît pas les droits de syndicalisation, de négociation collective
négociation collective
Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
et de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
. Ces « amendements » ont été approuvés lors du premier débat au Congrès en décembre 2014, et ne doivent plus qu’être approuvés lors du second débat définitif, qui aura lieu en novembre 2015, avant leur entrée en vigueur.
Autres violations :
Restrictions en matière de liberté syndicale : élimination des syndicats, impossibilité légale de se syndiquer, ingérence et contrôle par le gouvernement, organisations parallèles, retenue/refus du prélèvement des cotisations syndicales, obstacles administratifs au développement des organisations et absence de congé syndical.
Le décret exécutif 16 de juin 2013 prévoit la possibilité d’une dissolution administrative des organisations sociales (y compris les syndicats), sans procédure régulière et sans possibilité d’exercer le droit à la défense (articles 25 et 26). En outre, il stipule que les organisations qui ne s’enregistrent pas dans le système d’information unifié des organisations sociales et citoyennes ne peuvent exercer leurs activités dans le pays (sixième disposition transitoire), violant le principe du volontariat et l’autonomie dans la prise de décisions des organisations.
Restrictions en matière de droit de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
: la Constitution équatorienne reconnaît le droit de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
des travailleurs et interdit la paralysie de tous les services publics, sans distinction des services jugés essentiels. Même en vertu du Code organique intégral pénal, la paralysie des services publics, sans aucune distinction du service concerné (y compris lorsqu’une grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
est déclarée), est qualifiée d’infraction selon l’article 346, passible d’une peine de privation de la liberté d’un à trois ans.
Perte de représentation, désinstitutionnalisation du dialogue social
dialogue social
Discussion et coopération entre les partenaires sociaux sur des questions d’intérêt commun, telles que la politique économique et sociale. Implique la participation de l’État dans les pays où le tripartisme est la norme.
et du tripartisme
tripartisme
Système fondé sur l’implication et l’interaction de trois parties ayant le même statut, à savoir les partenaires sociaux et le gouvernement.
Voir dialogue social, Organisation internationale du travail
: ceux-ci sont remplacés par la négociation fragmentée et discrétionnaire de l’État comme employeur, entraînant une plus grande fragmentation et le contrôle politique du secteur public, l’élimination de la représentation des travailleurs au conseil d’administration des entreprises publiques ainsi que leur exclusion des discussions, des opinions ou des accords réglementant les relations de travail, ou de tout autre aspect concernant ou touchant les travailleurs de la fonction publique.
Modification des règles de négociation collective
négociation collective
Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
et sa restriction progressive : depuis que le gouvernement a révisé unilatéralement les conventions collectives dans la fonction publique, limitant la capacité de participation des travailleurs, interdisant toute révision ou demande au niveau administratif, judiciaire, voir constitutionnel ; à ce jour, la réduction des garanties et des avantages portant atteinte au principe d’intangibilité des droits reste en vigueur et les travailleurs considérés comme des fonctionnaires sont exclus légalement de la négociation collective
négociation collective
Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
.
Le secrétaire général de la Federación Médica Ecuatoriana (Fédération médicale équatorienne, affiliée à la PSI), Carlos Figueroa, le député du mouvement d’unité plurinational Pachakutik, Cléver Jiménez, et son conseiller, Fernando Villavicencio, ancien dirigeant du syndicat dans le secteur pétrolier, ont été accusés de diffamation envers le président de l’Équateur. Ils avaient tous trois requis l’ouverture d’une enquête auprès du procureur général sur ce qui s’était réellement passé lors de l’intervention des forces militaires en vue de faire sortir le président de l’hôpital de la police nationale de Quito lors d’une crise politique en septembre 2010. De nombreuses personnes ont trouvé la mort lors de cet assaut militaire violent.
Les affiliés de la PSI en Équateur ont protesté à plusieurs reprises contre le projet de loi organique du service public, finalement adopté le 6 octobre 2010, qui restreint considérablement la liberté syndicale et le droit à la négociation collective
négociation collective
Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
pour les fonctionnaires.
Carlos Figueroa a été condamné à six mois de prison, tandis que Cléver Jiménez et Fernando Villavicencio ont été condamnés à 18 mois d’emprisonnement. Les bureaux et domiciles de ces derniers ont été perquisitionnés le 26 décembre 2013 sous le prétexte d’avoir piraté le courrier électronique du président, alors qu’en fait ils enquêtaient sur les actions de corruption du gouvernement. Après avoir fait appel, sans succès, ils peuvent être tous les trois arrêtés à tout moment maintenant.
En décembre 2013, près de 25 salariés des plantations de María José 1 et 2, et de Banaloli 1 et 2 de la société Dole, dans la province de Los Ríos, tous membres du Comité de Empresa de Trabajadores de la Compañía Megabananas, un syndicat affilié à la Federación Nacional de Trabajadores Agroindustriales, Campesinos e Indígenas Libres del Ecuador (FENACLE), ont été renvoyés sans aucune raison.
Les services publics à l’Institut équatorien de sécurité sociale (IESS) et dans différents hôpitaux publics ont été privatisés, recourant à des entreprises qui précarisent les rémunérations et les conditions de travail. À l’hôpital Baca Ortiz à Quito, le licenciement de plus de 200 travailleurs/euses syndiqués a été justifié par le fait que les services avaient été confiés à des entreprises privées.
Des syndicalistes dans des bananeraies dans les provinces de Los Ríos et de Guayas ont été victimes d’actes de discrimination antisyndicale par les employeurs. En septembre 2012, 159 travailleurs/euses ont été licenciés de manière inattendue simplement pour avoir formé un syndicat.
Quelque 80 travailleurs/euses d’Aerolane/LAN Ecuador ont été licenciés en janvier 2012, dont 49 étaient affiliés au Sindicato de Trabajadores de Aerolane (SITA), établi récemment, et deux étaient membres de ses instances de direction.
Les employeurs recourent à toute une série de tactiques pour éviter la syndicalisation et la négociation collective
négociation collective
Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
, notamment l’absence de déclaration des employés auprès des autorités de la sécurité sociale. Ces travailleurs/euses ne sont dès lors pas reconnus officiellement comme employés permanents et ne bénéficient pas du droit de syndicalisation.
Le climat d’hostilité dont fait preuve le gouvernement à l’égard des dirigeants, des organisations et des droits du mouvement syndical dans le secteur public continue de régner, entraînant de multiples licenciements, discréditant leurs revendications et niant la possibilité du dialogue social dialogue social Discussion et coopération entre les partenaires sociaux sur des questions d’intérêt commun, telles que la politique économique et sociale. Implique la participation de l’État dans les pays où le tripartisme est la norme. et l’établissement négocié des conditions de travail dans le secteur public.
Le patronat continue à favoriser la création et le fonctionnement d’organisations solidaristes : des associations regroupant des travailleurs/euses, mais qui sont subordonnées aux employeurs, dont elles dépendent entièrement. Elles sont utilisées dans la pratique comme un moyen d’éviter la constitution de syndicats et d’affaiblir la négociation collective
négociation collective
Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
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