Équateur

L’organisations affiliéesà la CSI en Équateur est la Central Ecuatoriana de Organizaciones Clasistas Unitarias de Trabajadores (CEDOCUT).
L’Équateur a ratifié la Convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (1948) en 1967 et la Convention n° 98 sur le droit d’organisation organisation Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat. et de négociation collective (1949) en 1959.
Dans la loi
Liberté syndicale / Droit d’organisation
Liberté syndicale
Le droit à la liberté syndicale est garanti par la Constitution.
Le droit à la liberté syndicale est réglementé par un Code du travail.
Discrimination antisyndicale
La législation interdit la discrimination antisyndicale mais ne prévoit aucun moyen de protection adéquat.
Obstacles juridiques à l’établissement d’organisations
- Un nombre minimum de membres excessif est nécessaire pour établir un syndicat
- Le Code du travail exige un nombre minimum de 30 travailleurs/euses pour qu'un syndicat ou un comité d’entreprise puisse être constitué. En outre, pour constituer un comité d’entreprise, il est nécessaire d'obtenir l’approbation de la moitié plus un des effectifs de l’entreprise. Si le comité d’entreprise a davantage de membres que le syndicat, ce dernier n’aura aucun pouvoir sur le lieu de travail (Code du travail, articles 450, 459 et 466).
Restrictions au droit des travailleurs/euses de former des syndicats de leur choix et d’y adhérer
- Système syndical unique imposé par la législation et/ou système interdisant ou limitant la syndicalisation à un certain niveau (de l’entreprise, industriel/sectoriel, régional/territorial, national)
- Pour tout ce qui a trait aux relations du travail dans les institutions de l’État, la Constitution prévoit que le secteur du travail n’est représenté que par une seule organisation (Constitution de la République de l’Équateur, article 326.9).
Restrictions au droit des syndicats d’organiser leur gestion
- Restrictions au droit d’élaborer librement leurs Statuts et règlements
- L'article 10(c) de la décision ministérielle n° 0130 de 2013, qui réglemente les organisations syndicales, prévoit que les comités exécutifs des syndicats perdent leurs pouvoirs et leurs compétences s'ils ne convoquent pas d'élections dans les 90 jours suivant l'expiration de leur mandat, comme le prévoient les statuts de leurs syndicats respectifs.
- Autorités administratives habilitées à dissoudre, à suspendre ou à annuler unilatéralement l’enregistrement d’organisations syndicales
- Le décret n° 193 du 24 octobre 2017, qui s'applique aux syndicats du secteur public, maintient l'engagement dans des activités de politique de parti comme motif de dissolution administrative.
Catégories de travailleurs/euses à qui la loi interdit ou restreint la possibilité de former un syndicat ou d’y adhérer, ou d’occuper une fonction syndicale
- Autres fonctionnaires ou agents publics
- La loi organique sur l’enseignement supérieur (LOES) du 12 octobre 2010 et la loi organique sur l’enseignement interculturel (LOEI) du 31 mars 2011 ne reconnaissent pas le droit des fonctionnaires du secteur de l’éducation de constituer des organisations syndicales.
Droit de négociation collective
Droit de négociation collective
Le droit de négociation collective est garanti par la Constitution.
Le droit de négociation collective est reconnu par la législation mais n’est pas adéquatement encouragé ni promu.
Obstacles juridiques à la reconnaissance des agents de la négociation collective
- Conditions excessives quant au respect de la représentativité des syndicats ou au nombre minimum de membres nécessaires pour négocier collectivement
- Les organisations syndicales qui ne réunissent pas plus de la moitié des effectifs couverts par le Code du travail ne peuvent négocier au nom de leurs membres respectifs, ni seules ni en se regroupant entre elles (Code du travail, article 229, deuxième paragraphe).
Restrictions au principe de négociation libre et volontaire
- Procédure d’arbitrage
arbitrage
Mécanisme de résolution extrajudiciaire des litiges impliquant l’intervention d’un tiers neutre, qui peut être soit un arbitre unique, soit une commission d’arbitrage. Dans le cadre d’un arbitrage non contraignant, les parties en désaccord sont libres de rejeter la recommandation émise par le tiers. Si elles se soumettent à un arbitrage contraignant, elles sont alors liées par sa décision. On parlera d’arbitrage obligatoire lorsqu’il s’agit d’une procédure prescrite par la loi ou relevant d’une décision des autorités, à laquelle les parties ne se soumettent pas volontairement.
Voir conciliation, médiation
obligatoire en cas E149de différend durant la négociation collective négociation collective Processus de négociation de conditions de travail acceptables pour les deux parties et de réglementation des relations sociales entre un ou plusieurs représentants des travailleurs, des syndicats ou des centrales syndicales d’un côté et un employeur, un groupe d’employeurs ou une ou plusieurs organisations patronales de l’autre.
Voir convention collective
, à l’exception des services essentiels services essentiels Services dont l’interruption mettrait en danger la vie, la sécurité personnelle ou la santé de l’ensemble ou d’une partie de la population. C’est par exemple le cas du secteur hospitalier, des services d’approvisionnement en électricité et en eau et du contrôle du trafic aérien. Les grèves y sont soumises à des restrictions, voire interdites.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI - Les conflits collectifs du travail sont soumis, dans tous les cas, à des tribunaux de conciliation et d'arbitrage (Constitution de la République de l’Équateur, article 326.12).
- Autorités ou employeurs habilités à annuler, à modifier ou à élargir unilatéralement les dispositions ou la portée des conventions collectives
- Certains des dénommés « mandats constituants », résultant de l’Assemblée nationale constituante de 2008, imposent des restrictions ou des modifications unilatérales aux conventions collectives négociées dans les institutions du secteur public, des entreprises d’État ou des entreprises du secteur privé dans lesquelles l’État détient une participation majoritaire. En outre, le mandat constituant n° 008, tout comme d’autres instruments légaux, confie au ministère des Relations professionnelles le contrôle de l’éventuel caractère abusif des clauses des conventions collectives dans le secteur public.
Limitations ou interdiction de la négociation collective dans certains secteurs
- Autres fonctionnaires et agents publics
- En vertu de la loi organique sur les entreprises privées (LOEP) et de la loi organique sur le service public (LOSEP), la liste des fonctionnaires dont la désignation et la révocation sont libres, qui occupent en général des postes de cadre, de direction, de représentation, de gestion, de conseil, de confiance, les fondés de pouvoir, les consultants et les fonctionnaires de carrière sont exclus du droit de négociation collective. De même, la loi LOES et la loi LOEI excluent tous les fonctionnaires du secteur de l’éducation, y compris les enseignants, du droit de négocier collectivement.
Droit de grève
Droit de grève
Le droit de grève est garanti par la Constitution.
Le droit de grève est reconnu par la législation mais est strictement réglementé.
Interdiction ou limitations de certains types d’actions de grève
- Restrictions en ce qui concerne le niveau ou la portée d’une grève (par exemple, au niveau de l’entreprise, industriel et ou sectoriel, régional et/ou territorial, national)
- Dans le secteur privé, le Code du travail stipule qu’une grève ne peut être déclarée qu’au seul niveau de l’entreprise ou de l’usine, interdisant implicitement le droit de grève aux fédérations et aux confédérations (Code du travail, article 505).
Dispositions sapant le recours aux actions de grève ou leur efficacité
- Sanctions civiles ou pénales excessives imposées aux travailleurs/euses et aux syndicats impliqués dans des actions de grève non autorisées
- La loi sur la fonction publique et la carrière administrative prévoit la destitution des fonctionnaires impliqués dans la paralysie des services publics, sans préjudice d'autres actions juridiques pertinentes (loi sur la fonction publique et la carrière administrative, article 26.g).
- Autres dispositions légales sapant le droit de grève
- Un décret de 1967 impose des peines de prison aux participants à des grèves ou à des arrêts de travail illégaux (décret 105).
Limitations ou interdiction de grèves dans certains secteurs
- Restrictions injustifiées en ce qui concerne les fonctionnaires
- La loi organique sur les entreprises publiques (LOEP) interdit la paralysie, à quelque titre que ce soit, de la prestation des services publics ou de l’exploitation des ressources naturelles par l’entreprise publique, sauf en cas de force majeure ou de cas fortuit (loi organique sur les entreprises publiques (LOEP), article 31.3).
- Détermination discrétionnaire ou liste excessivement longue des « services essentiels
services essentiels
Services dont l’interruption mettrait en danger la vie, la sécurité personnelle ou la santé de l’ensemble ou d’une partie de la population. C’est par exemple le cas du secteur hospitalier, des services d’approvisionnement en électricité et en eau et du contrôle du trafic aérien. Les grèves y sont soumises à des restrictions, voire interdites.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI » dans lesquels le droit de grève grève Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage est interdit ou strictement limité - La Constitution et la loi organique sur le service public (LOSEP) interdisent la paralysie des services publics dans les secteurs de la santé et de l’assainissement environnemental, de l’éducation, de la justice, de lutte contre l’incendie, de sécurité sociale, de l’électricité, de l’approvisionnement en eau potable, des égouts, de la production d’hydrocarbures, du traitement, du transport et de la distribution de combustibles, du transport public, des postes et des télécommunications (Constitution de la République de l’Équateur, article 326.15; loi organique sur le service public (LOSEP), article 24. h).
- Détermination déraisonnable ou discrétionnaire (sans négociation avec les partenaires sociaux
partenaires sociaux
Désigne les syndicats et les employeurs ou leurs organisations représentatives.
ou absence d’une autorité indépendante en cas de désaccord)de la portée du « service minimum
service minimum
Opérations normalement requises dans un établissement public ou privé lors d’une grève, pour ne pas mettre en danger la vie ou les besoins élémentaires de la population ou causer des dégâts irréversibles.
Voir Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI » à garantir pendant les grèves dans les services publics - Le Code du travail prévoit pour certains secteurs la prestation de services minimums qui, en cas de désaccord entre les parties, doit être déterminée par le ministre du Travail (Code du travail, article 522, deuxième paragraphe).
En pratique
Le vice-président de la confédération syndicale équatorienne, la Confederación Ecuatoriana de Organizaciones Clasistas Unitarias de Trabajadores (CEDOCUT), Edwin Bedoya, a signalé que, à la demande des entreprises et du Fonds monétaire international, le gouvernement équatorien avait réduit le nombre d’employé(e)s de la fonction publique et licencié environ 10.000 personnes, en particulier dans le secteur de la santé. La fédération syndicale Federación Ecuatoriana de Trabajadores (FET) a lancé un appel aux bases syndicales et aux organisations sociales et populaires pour qu’elles restent unies et vigilantes à l’égard de ces mesures gouvernementales.
Plusieurs centaines de milliers d’Équatorien(ne)s sont descendus dans les rues du pays depuis début octobre, à l’appel d’organisations indigènes, des étudiants, des agriculteurs et du Front unitaire des travailleurs (FUT) dont la centrale CEDOCUT est membre, et affiliée à la CSI.
Le gouvernement a réagi en décrétant l’état d’urgence et en faisant appel à la police anti-émeute pour réprimer les manifestations. Des centaines de personnes ont été arrêtées et au moins une d’entre elles a perdu la vie lors des affrontements. Le mardi, alors que les chars de l’armée étaient déployés dans la capitale, Quito, le président Moreno a transféré le siège du gouvernement à la ville côtière de Guayaquil, à cause des manifestations.
La Confédération syndicale internationale (CSI) et le Front unitaire des travailleurs (FUT) ont exigé la fin de la violence de l’État et demandé la libération des manifestants arrêtés, en condamnant par ailleurs l’abus d’autorité dont les forces publiques ont fait preuve lors des manifestations.
De son côté, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a publié un rapport contenant les observations relevées pendant sa visite en Équateur après les manifestations, dans lequel elle exhorte les autorités à enquêter rapidement et de manière exhaustive sur toute violence signalée, et à appliquer les sanctions correspondantes, non seulement en ce qui concerne l’usage excessif de la force par les agents de police et les forces de sécurité, mais aussi les agressions et les pillages commis par la population.
Les 3 et 4 octobre, les manifestations qui ont eu lieu à Quito pour protester contre la forte hausse du prix des carburants ont été durement réprimées, faisant un mort et 73 blessés ; en outre, 477 personnes ont été arrêtées. Dans ce contexte, le Bureau du procureur général équatorien a poursuivi le président de la fédération syndicale des chauffeurs de taxi, la Federación Nacional de Cooperativas de Transporte en Taxis (FEDOTAXIS), Jorge Calderón, pour avoir « paralysé le service public », ainsi que le secrétaire général du syndicat des chauffeurs de taxi Sindicato de Choferes del Azuay et le président de la Chambre des transports de Cuenca, qui n’ont finalement pas fait l’objet de restriction à leur liberté mais qui ont eu l’interdiction de quitter le pays.
Du 30 août au 3 septembre 2018, le Fondo de Cesantías del Magisterio Ecuatoriano (FCME) a renvoyé 90 travailleurs, dont des membres du comité d’entreprise affiliés au Frente Unitario de Trabajadores (FUT), parce qu’ils refusaient de signer des documents et des bilans financiers de l’entité. Les travailleurs ont indiqué que les rapports en question avaient été modifiés pour dissimuler des actes de corruption commis par les administrations antérieures et ont précisé qu’ils n’endosseraient pas la responsabilité pénale et disciplinaire d’utilisations abusives des fonds publics. Le 5 septembre, un groupe d’anciens travailleurs ont entamé une grève de la faim pour attirer l’attention sur la situation dramatique des membres du personnel renvoyés. La Banque de l’institut équatorien de la sécurité sociale (BIESS), responsable du fonds, a alors mis fin au contrat du directeur général du FCME, Robert Andrade, et a nommé une commission pour gérer temporairement l’entité et examiné attentivement le cas de toutes les personnes licenciées. L’entité a réintégré progressivement les travailleurs.
En juin 2018, le gouvernement national a ordonné à toutes les institutions publiques du pays de mettre un terme à tous les contrats de travail temporaires pour réduire les dépenses publiques. L’objectif des autorités est d’en finir avec 160.000 contrats temporaires, dont au moins 75.000 pour des services occasionnels et 70.000 nominations provisoires. Ces contrats permettaient à l’État de mener des activités de gestion sans avoir à prendre en charge les coûts du travail, à gérer les relations syndicales, ni à verser les cotisations que supposent des contrats permanents. Toutefois, lorsqu’il faut réduire les dépenses, ce sont ces contrats précaires qu’il supprime, indiquant qu’ils sont « irréguliers » ou « inutiles » et transférant la charge de travail vers les travailleurs permanents. De plus, compte tenu de la fragilité de leur contrat de travail, ces travailleurs évitent de se syndiquer pour s’assurer d’éventuels contrats avec l’administration.
Les employé(e)s de l’entreprise de transport équatorienne Transportes Noroccidental Cía. Ltda. attendent toujours une réponse juste de la part du ministère du Travail par rapport à leur demande d’enregistrement de leur syndicat. Les travailleurs ont déposé le dossier d’enregistrement en 2016, et 22 employés ont ensuite été licenciés par leur employeur influent, qui préside une fédération de transport en Équateur et empêche la création d’un syndicat dans l’entreprise qu’il dirige. L’employeur a continué de menacer les personnes syndiquées qui travaillent toujours dans l’entreprise et celles qui ont été licenciées figurent sur une liste noire
liste noire
Liste de travailleurs établie et diffusée parmi les employeurs, qui identifie les membres d’organisations syndicales et les activistes à boycotter ou à pénaliser.
, ce qui signifie qu’il leur est impossible de trouver un autre emploi. Le représentant régional de l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB), Nilton Freitas, a récemment demandé au président de la république, Lenin Moreno, d’agir rapidement pour réintégrer les travailleurs licenciés et accepter l’enregistrement du syndicat refusé par le ministère du Travail. Le jour de la fête du travail, les travailleurs de la nouvelle organisation
organisation
Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat.
syndicale ont exprimé leur mécontentement dans les rues de Quito au moyen de banderoles et de slogans. Les travailleurs en grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
ont protesté contre l’action illégale du ministère du Travail et l’impunité avec laquelle l’employeur a pu licencier, intimider et placer les travailleurs sur une liste noire
liste noire
Liste de travailleurs établie et diffusée parmi les employeurs, qui identifie les membres d’organisations syndicales et les activistes à boycotter ou à pénaliser.
pour les empêcher de trouver un autre emploi dans le secteur des transports.
Suite à une longue période d’irrégularités de salaires, un groupe de 150 travailleurs/euses d’une entreprise de transport, Transportes Noroccidental Cía. Ltda, a décidé de créer un syndicat et, dans cet objectif, a remis la documentation nécessaire aux autorités du travail le 12 décembre 2016. Le ministère du Travail a enregistré la demande six jours plus tard. À ce moment-là, le principal dirigeant du syndicat, Víctor Hugo Obando Galván, a été licencié et l’entreprise a lancé une véritable campagne visant à discréditer et à intimider les autres dirigeants syndicaux. Depuis décembre 2016, 22 travailleurs, tous membres du syndicat, ont été progressivement licenciés.
« La direction nous a convoqués et nous avons dû signer des lettres sous la contrainte pour annoncer que nous nous retirions du syndicat », a indiqué Víctor Hugo Obando Galván. L’entreprise a ensuite utilisé cet argument pour déposer un recours administratif demandant au ministère du Travail de refuser d’enregistrer le syndicat. « Il s’agit d’une pratique antisyndicale à laquelle les employeurs équatoriens recourent souvent ».
L’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) a dénoncé ces licenciements abusifs. « Pouvoir créer un syndicat ou adhérer à un syndicat de son choix est un droit fondamental des travailleurs », affirme Nilton Freitas, le représentant régional de l’IBB en Amérique latine. « Il est temps que Transportes Noroccidental cesse de s’en prendre aux travailleurs qui essaient simplement d’améliorer leurs conditions de travail ».
Lors de la première rencontre internationale des travailleurs des bananeraies, organisée à Guayaquil le 3 octobre 2017 par l’Asociación Sindical de Trabajadores Agrícolas y Campesinos (Association syndicale des travailleurs agricoles et paysans – ASTAC), les travailleurs/euses équatoriens ont dénoncé des pratiques antisyndicales dans plusieurs exploitations en Équateur. Plus particulièrement, ils ont indiqué que, lorsque les employeurs constatent que les travailleurs/euses ont l’intention de se syndiquer, ils recourent aux persécutions, aux menaces et aux licenciements.
Le 1er mai 2017, des militants, des syndicalistes et des citoyens ont participé à une marche à Quito pour célébrer la fête du travail. La marche s’est soldée par la détention de 11 personnes. En outre, Patricia Echevarría, qui faisait partie d’un groupe de femmes syndicalistes et militantes, a été agressée physiquement et a fait l’objet d’une tentative de détention pour avoir participé à la marche.
La réforme la plus importante liée aux droits au travail et à la syndicalisation s’est centrée sur la fonction publique. Sans tenir compte de l’avis des travailleurs, le gouvernement a lancé une campagne de persécution et d’élimination progressive des associations, dont l’agressivité a atteint son point d’orgue en 2015-2016.
Bien que les droits de syndicalisation et de grève existent, ils sont impossibles à exercer puisqu’il est interdit de paralyser un service public quel qu’il soit, sans qu’il ait été tenu compte des règles de l’OIT
Organisation internationale du travail
Structure tripartite créée par les Nations Unies (ONU) en 1919 pour promouvoir de bonnes conditions de vie et de travail. Principale instance internationale chargée de développer et de contrôler les normes internationales du travail.
Voir tripartisme, Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI
relatives à la définition concertée des services dits « essentiels » pour lesquels l’exercice du droit de grève est restreint. Si des fonctionnaires se déclarent en grève et paralysent leurs services, ils peuvent faire l’objet d’une enquête et être jugés au pénal, accusés de sabotage, de terrorisme, d’invasion de locaux publics et d’attentats contre la sécurité de l’État.
Dès 2016, la possibilité d’exercer le droit à la négociation collective a été supprimée. Cela a engendré une perte de membres et une disparition de syndicats, car si la nature de ces organisations est bien la défense des droits individuels et collectifs de leurs membres, l’absence de conventions collectives supprime leur raison d’être.
Plusieurs institutions du secteur public refusent de prélever les cotisations syndicales des travailleurs syndiqués et d’autres les retiennent illégalement, comme l’entreprise Petroecuador. Les infractions systématiques à la liberté syndicale ont entraîné la prolifération d’organisations de travailleurs paraétatiques favorables au gouvernement. C’est le cas de la Central Unitaria de Trabajadores (CUT), qui soutient les positions gouvernementales et neutralise le Frente Unitario de los Trabajadores (FUT), et du Red de Maestros, opposé à l’Unión Nacional de Educadores (UNE).
Des organisations de la société civile, dont la Confederación Unitaria de Comerciantes Minoristas y Trabajadores Autónomos del Ecuador (CUCOMITAE), ont dénoncé les exigences imposées à leur enregistrement et le fardeau administratif que cette procédure représente, qui, dans la pratique, affaiblissent la liberté syndicale.
En décembre 2016, le ministère de l’Inclusion économique et sociale (MIES) n’avait pas fini d’assigner les organisations aux ministères concernés, en fonction de leurs compétences respectives, et de ce fait, nombre d’associations se retrouvent sans enregistrement. Dans le cas de la CUCOMITAE, de l’avis du MIES, l’organisation organisation Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat. devrait être réassignée à la direction générale de l’Économie populaire et solidaire. Toutefois, au moment de la rédaction du présent article, cette procédure n’avait été suivie d’aucun acte.
La politique du ministère du Travail est de n’enregistrer que les organisations de travailleurs autonomes récemment créées. Les organisations plus anciennes se retrouvent sans enregistrement ce qui limite leur marge de manœuvre. De la même façon, les confédérations nationales et les fédérations provinciales, cantonales et paroissiales rencontrent des difficultés, car elles ne satisfont pas au quorum réglementaire qui exige un minimum de cinq organisations qui doivent respecter la directive, situation qui laisse les organisations qui désirent obtenir leur enregistrement sans défense.
Conformément au décret 16 (désormais, décret 739), les organisations qui ne sont pas régularisées dans le Registre des organisations sociales (RUOS) perdent en un an leur personnalité juridique. Compte tenu des complications au moment de l’enregistrement, de nombreuses organisations risquent de disparaître.
En décembre 2016, des dizaines de policiers ont débarqué sans mandat au siège de la Fédération interprovinciale des centres Shuar (FICSH), situé en Amazonie équatorienne, et de façon complètement arbitraire, s’en sont pris à son président, Agustin Wachapá, qu’ils ont torturé et arrêté. La police a ensuite mis à sac les locaux de la Fédération, retournant tout le mobilier et emportant les ordinateurs. Agustin Wachapá a été emmené dans une prison de haute sécurité à proximité de Quito malgré l’appel d’Amnesty International pour que ses droits soient respectés.
Agustin Wachapá a été accusé d’avoir publiquement incité à la mobilisation et à la résistance violente des communautés Shuars contre les forces de l’ordre à San Juan Bosco. L’éviction de la communauté autochtone de Nankints et la démolition de leurs habitations pour que la société chinoise Explorcobres S.A. (EXSA) puisse ouvrir sa mine de cuivre à ciel ouvert a mis le feu aux poudres. Par deux fois, les membres de la communauté ont tenté de reconquérir leurs terres. Le 14 décembre, lors de la seconde tentative, un policier a été tué et sept autres membres des forces de l’ordre ont été blessés.
À la suite de cet incident, plus de 8 000 militaires ont été envoyés dans la zone, et le gouvernement a décrété l’état d’urgence, a suspendu des droits fondamentaux, comme la liberté de réunion, la liberté de circulation et le droit à une procédure régulière, et a conféré à l’armée le pouvoir exceptionnel d’entrer dans les résidences privées et d’arrêter arbitrairement les personnes sans mandat ni preuve. Les dirigeants de la communauté Shuar ont demandé aux Nations Unies et à d’autres organisations internationales de défense des droits humains de surveiller la militarisation de ces terres.
Outre la persécution dont est victime Agustin Wachapá, trois autres dirigeants de la communauté Shuar – Jose Isidro Tendetza Antun (2014), Bosco Wisum (2009) et Freddy Taish (2013) – ont été violemment assassinés pour leur opposition à l’industrie minière. Dans certains cas, les témoins ont signalé que les auteurs étaient des employés de la mine chinoise, démontrant son comportement systématique contre l’organisation organisation Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat. .
En octobre 2016, l’Asociación Sindical de Trabajadores Agrícolas Bananeros y Campesinos (ASTAC) a dénoncé l’infraction au droit à la liberté syndicale des travailleurs du secteur bananier. Selon les informations transmises par le syndicat, lors du dernier recensement agricole effectué dans le secteur bananier, 2 588 petites entreprises bananières ont été identifiées, employant 15 474 personnes. En moyenne, chacune de ces fermes emploie moins de 30 travailleurs, qui est le nombre minimum prescrit par la législation équatorienne pour former un syndicat. Cela signifie donc que, dans la pratique, les travailleurs du secteur bananier ne peuvent pas exercer leur droit fondamental de syndicalisation.
C’est pour cette raison que l’ASTAC a été créée, afin de représenter tous les travailleurs du secteur. Toutefois, le ministère du Travail équatorien refuse de l’enregistrer, estimant que ses membres ne dépendent pas d’un employeur unique.
L’ASTAC a créé des syndicats au sein des entreprises CEINCONSA, FRUTSESA et VIESFRUT qui ont réagi en attaquant les syndicalistes. Chez FRUTSESA, le secrétaire général a été menacé et chez VIESFRUT, l’employeur a engagé des tueurs à gages pour déloger les dirigeants syndicaux de la ferme. Des violations des droits humains, syndicaux et du travail persistent dans l’industrie bananière. Déjà en 2010, à la suite de réunions avec le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage, le syndicat avait dénoncé l’oppression et les attaques aux droits fondamentaux qui ont cours dans les plantations de bananes.
En juillet 2016, le Sindicato de Trabajadores de Aerolane (SITA) a dénoncé l’absence de convention collective
convention collective
Accord, généralement écrit, qui intègre les résultats de la négociation collective entre les représentants des travailleurs et des employeurs.
Voir négociation collective
et, par conséquent, d’un mécanisme pour s’opposer collectivement aux licenciements massifs et aux politiques de réduction budgétaire découlant de programmes mis en œuvre par l’entreprise qui ont eu des effets dévastateurs sur les conditions de travail. Pendant sept ans, le syndicat a réclamé la signature d’une convention collective
convention collective
Accord, généralement écrit, qui intègre les résultats de la négociation collective entre les représentants des travailleurs et des employeurs.
Voir négociation collective
avec la compagnie, mais il n’a reçu que des réponses négatives et a été constamment agressé.
D’après un communiqué du Réseau de syndicats de travailleuses et de travailleurs du Groupe LATAM, auquel appartient Aerolane (LATAM Équateur), la compagnie adopte une politique antisyndicale systématique qui se manifeste sous la forme de renvois de dirigeants syndicaux qui organisent le personnel afin de pouvoir s’exprimer en son nom. C’est notamment le cas de Jimena López, une des fondatrices du premier syndicat de LAN Équateur qui a été renvoyée en 2014 et qui a lancé une procédure judiciaire pour licenciement injustifié et antisyndical.
Depuis son renvoi, son syndicat s’est consacré à défendre son droit à s’organiser et à négocier collectivement avec LAN, entamant une campagne juridique et de soutien international pour toutes les organisations syndicales du Réseau LATAM. En 2015, Jimena López avait déjà dénoncé la violation des droits syndicaux et constitutionnels auprès de la mission spéciale de l’OIT
Organisation internationale du travail
Structure tripartite créée par les Nations Unies (ONU) en 1919 pour promouvoir de bonnes conditions de vie et de travail. Principale instance internationale chargée de développer et de contrôler les normes internationales du travail.
Voir tripartisme, Guide des droits syndicaux internationaux de la CSI
et l’Organisation
organisation
Processus consistant à former ou à s’affilier à un syndicat ou à inciter d’autres travailleurs à former ou à s’affilier à un syndicat.
avait ensuite soutenu ses actions et offert son soutien.
Le 22 juillet 2014, le Dr Carlos Figueroa, dirigeant syndical et ancien secrétaire exécutif de la Federación Médica Ecuatoriana (Fédération médicale équatorienne), a été détenu par la police à Quito pendant qu’il rendait visite à sa mère atteinte d’un cancer en phase terminale. Le 24 mars 2014, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) avait demandé que des mesures de précaution soient prises en faveur de Carlos Figueroa, en appelant la République de l’Équateur à suspendre immédiatement la sentence judiciaire adoptée par la Cour nationale de justice de l’Équateur en 2013, le condamnant à six mois de prison pour le délit d’« injure judiciaire », l’accusation de diffamation concernant le président de l’Équateur suite à sa demande au Bureau du procureur général de l’État de vérifier le bien-fondé de l’ordre donnée par le président aux forces militaires d’intervenir à l’hôpital de la police nationale à Quito, durant la crise politique de septembre 2010, dans la mesure où plusieurs assassinats avaient été commis durant ces faits. La CIDH a demandé la suspension jusqu’à ce que cet organe puisse se prononcer au sujet des dénonciations d’abus dans le cadre de la procédure régulière durant le jugement contre ce dirigeant syndical, le dirigeant syndical du secteur pétrolier Fernando Villavicencio et le membre de l’Assemblée nationale Cléver Jiménez . Le 18 janvier 2015, Carlos Figueroa a purgé la peine imposée et a été libéré .
Le 27 mai 2014, la Cour nationale de justice a acquitté Mery Zamora, ancienne présidente de l’Unión Nacional de Educadores (Union nationale des éducateurs), laissant sans effet la sentence de huit ans de prison pour le délit de sabotage et de terrorisme qui lui avait été infligé. Le président Correa a immédiatement annoncé que le gouvernement analyserait le jugement, contestant ainsi l’autorité du pouvoir judiciaire .
Dès la fin de l’année 2014, le gouvernement de l’Équateur et les membres de l’assemblée de son mouvement politique ont lancé la promotion de changements dans la Constitution de la République. Ces changements ont été considérés comme des « amendements » par la Cour constitutionnelle, permettant une procédure directe à l’Assemblée, où le parti au pouvoir détient la majorité absolue. Deux de ces amendements visent à éliminer l’exercice de la liberté syndicale dans le secteur public (articles 229 et 326.16), moyennant la suppression progressive de la catégorie des ouvriers. Compte tenu de cette suppression, tous les travailleurs seraient désormais considérés comme des fonctionnaires et leur relation de travail serait régie par la loi organique sur le service public LOSEP (inscrite dans le droit administratif), qui ne reconnaît pas les droits de syndicalisation, de négociation collective et de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
. Ces « amendements » ont été approuvés lors du premier débat au Congrès en décembre 2014, et ne doivent plus qu’être approuvés lors du second débat définitif, qui aura lieu en novembre 2015, avant leur entrée en vigueur.
Autres violations :
Restrictions en matière de liberté syndicale : élimination des syndicats, impossibilité légale de se syndiquer, ingérence et contrôle par le gouvernement, organisations parallèles, retenue/refus du prélèvement des cotisations syndicales, obstacles administratifs au développement des organisations et absence de congé syndical.
Le décret exécutif 16 de juin 2013 prévoit la possibilité d’une dissolution administrative des organisations sociales (y compris les syndicats), sans procédure régulière et sans possibilité d’exercer le droit à la défense (articles 25 et 26). En outre, il stipule que les organisations qui ne s’enregistrent pas dans le système d’information unifié des organisations sociales et citoyennes ne peuvent exercer leurs activités dans le pays (sixième disposition transitoire), violant le principe du volontariat et l’autonomie dans la prise de décisions des organisations.
Restrictions en matière de droit de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
: la Constitution équatorienne reconnaît le droit de grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
des travailleurs et interdit la paralysie de tous les services publics, sans distinction des services jugés essentiels. Même en vertu du Code organique intégral pénal, la paralysie des services publics, sans aucune distinction du service concerné (y compris lorsqu’une grève
grève
Forme d’action collective la plus répandue, la grève désigne un arrêt de travail concerté sur une période limitée et peut revêtir de nombreuses formes.
Voir grève générale, grève intermittente, grève tournante, grève d’occupation, grève de solidarité, grève sauvage
est déclarée), est qualifiée d’infraction selon l’article 346, passible d’une peine de privation de la liberté d’un à trois ans.
Perte de représentation, désinstitutionnalisation du dialogue social
dialogue social
Discussion et coopération entre les partenaires sociaux sur des questions d’intérêt commun, telles que la politique économique et sociale. Implique la participation de l’État dans les pays où le tripartisme est la norme.
et du tripartisme
tripartisme
Système fondé sur l’implication et l’interaction de trois parties ayant le même statut, à savoir les partenaires sociaux et le gouvernement.
Voir dialogue social, Organisation internationale du travail
: ceux-ci sont remplacés par la négociation fragmentée et discrétionnaire de l’État comme employeur, entraînant une plus grande fragmentation et le contrôle politique du secteur public, l’élimination de la représentation des travailleurs au conseil d’administration des entreprises publiques ainsi que leur exclusion des discussions, des opinions ou des accords réglementant les relations de travail, ou de tout autre aspect concernant ou touchant les travailleurs de la fonction publique.
Modification des règles de négociation collective et sa restriction progressive : depuis que le gouvernement a révisé unilatéralement les conventions collectives dans la fonction publique, limitant la capacité de participation des travailleurs, interdisant toute révision ou demande au niveau administratif, judiciaire, voir constitutionnel ; à ce jour, la réduction des garanties et des avantages portant atteinte au principe d’intangibilité des droits reste en vigueur et les travailleurs considérés comme des fonctionnaires sont exclus légalement de la négociation collective.
Le secrétaire général de la Federación Médica Ecuatoriana (Fédération médicale équatorienne, affiliée à la PSI), Carlos Figueroa, le député du mouvement d’unité plurinational Pachakutik, Cléver Jiménez, et son conseiller, Fernando Villavicencio, ancien dirigeant du syndicat dans le secteur pétrolier, ont été accusés de diffamation envers le président de l’Équateur. Ils avaient tous trois requis l’ouverture d’une enquête auprès du procureur général sur ce qui s’était réellement passé lors de l’intervention des forces militaires en vue de faire sortir le président de l’hôpital de la police nationale de Quito lors d’une crise politique en septembre 2010. De nombreuses personnes ont trouvé la mort lors de cet assaut militaire violent.
Les affiliés de la PSI en Équateur ont protesté à plusieurs reprises contre le projet de loi organique du service public, finalement adopté le 6 octobre 2010, qui restreint considérablement la liberté syndicale et le droit à la négociation collective pour les fonctionnaires.
Carlos Figueroa a été condamné à six mois de prison, tandis que Cléver Jiménez et Fernando Villavicencio ont été condamnés à 18 mois d’emprisonnement. Les bureaux et domiciles de ces derniers ont été perquisitionnés le 26 décembre 2013 sous le prétexte d’avoir piraté le courrier électronique du président, alors qu’en fait ils enquêtaient sur les actions de corruption du gouvernement. Après avoir fait appel, sans succès, ils peuvent être tous les trois arrêtés à tout moment maintenant.
En décembre 2013, près de 25 salariés des plantations de María José 1 et 2, et de Banaloli 1 et 2 de la société Dole, dans la province de Los Ríos, tous membres du Comité de Empresa de Trabajadores de la Compañía Megabananas, un syndicat affilié à la Federación Nacional de Trabajadores Agroindustriales, Campesinos e Indígenas Libres del Ecuador (FENACLE), ont été renvoyés sans aucune raison.
Les services publics à l’Institut équatorien de sécurité sociale (IESS) et dans différents hôpitaux publics ont été privatisés, recourant à des entreprises qui précarisent les rémunérations et les conditions de travail. À l’hôpital Baca Ortiz à Quito, le licenciement de plus de 200 travailleurs/euses syndiqués a été justifié par le fait que les services avaient été confiés à des entreprises privées.
Des syndicalistes dans des bananeraies dans les provinces de Los Ríos et de Guayas ont été victimes d’actes de discrimination antisyndicale par les employeurs. En septembre 2012, 159 travailleurs/euses ont été licenciés de manière inattendue simplement pour avoir formé un syndicat.
Quelque 80 travailleurs/euses d’Aerolane/LAN Ecuador ont été licenciés en janvier 2012, dont 49 étaient affiliés au Sindicato de Trabajadores de Aerolane (SITA), établi récemment, et deux étaient membres de ses instances de direction.
Bien que le travail des enfants soit interdit par la loi, il constitue un problème en Équateur, notamment ses pires formes. Le gouvernement déploie des efforts significatifs pour l’éliminer. Toutefois, il est estimé qu’en 2011 près de 367.000 mineurs entre cinq et 14 ans travaillent illégalement dans le pays.
Les employeurs, tant du secteur privé que public, ont recouru, en 2011, à diverses pratiques, notamment la sous-traitance du travail et l’établissement d’associations ‘solidaristes’ contrôlées par les employeurs en vue de restreindre le droit d’association syndicale et le pouvoir de négociation. Par ailleurs, les travailleurs et travailleuses temporaires ne sont pas couverts par le Code du travail, ne bénéficiant dès lors pas du même niveau de protection du travail ni des droits syndicaux.
Les conflits collectifs de travail, à tous les niveaux, sont soumis à des tribunaux de conciliation
conciliation
Tentative par un tiers neutre ou un conciliateur de favoriser la résolution d’un conflit du travail par la discussion, des conseils ou une reformulation des problèmes afin d’amener les parties en conflit à aplanir leurs divergences. Le conciliateur ne joue pas un rôle aussi actif qu’un médiateur ou un arbitre.
Voir arbitrage, médiation
et d’arbitrage
arbitrage
Mécanisme de résolution extrajudiciaire des litiges impliquant l’intervention d’un tiers neutre, qui peut être soit un arbitre unique, soit une commission d’arbitrage. Dans le cadre d’un arbitrage non contraignant, les parties en désaccord sont libres de rejeter la recommandation émise par le tiers. Si elles se soumettent à un arbitrage contraignant, elles sont alors liées par sa décision. On parlera d’arbitrage obligatoire lorsqu’il s’agit d’une procédure prescrite par la loi ou relevant d’une décision des autorités, à laquelle les parties ne se soumettent pas volontairement.
Voir conciliation, médiation
. Une longue période précède la sentence prononcée par le Tribunal de première instance, compte tenu des exigences d’élargissement et/ou d’éclaircissement. Les conflits sont ensuite soumis aux tribunaux de deuxième instance, dont les complexités bureaucratiques peuvent prendre plus de quatre ans avant que le jugement ne soit rendu.
Les employeurs recourent à toute une série de tactiques pour éviter la syndicalisation et la négociation collective, notamment l’absence de déclaration des employés auprès des autorités de la sécurité sociale. Ces travailleurs/euses ne sont dès lors pas reconnus officiellement comme employés permanents et ne bénéficient pas du droit de syndicalisation.
Le climat d’hostilité dont fait preuve le gouvernement à l’égard des dirigeants, des organisations et des droits du mouvement syndical dans le secteur public continue de régner, entraînant de multiples licenciements, discréditant leurs revendications et niant la possibilité du dialogue social dialogue social Discussion et coopération entre les partenaires sociaux sur des questions d’intérêt commun, telles que la politique économique et sociale. Implique la participation de l’État dans les pays où le tripartisme est la norme. et l’établissement négocié des conditions de travail dans le secteur public.
Entre le 25 janvier et le 1er février, Mme Gulnara Shahinian, la rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences, a visité l’Équateur. La rapporteuse a constaté qu’il existe dans le pays des pratiques analogues à l’esclavage, telles que le travail des enfants, le travail forcé et les conditions d’asservissement, en particulier dans les plantations de bananes, la floriculture, les exploitations d’huile de palme, l’extraction aurifère et les secteurs informels de l’économie. Ces pratiques touchent plus spécialement les Afro-équatoriens, les indigènes, les enfants des familles pauvres, les demandeurs d’asile, les réfugiés, les migrants en situation irrégulière ou victimes de la traite des personnes, et les femmes. L’experte a salué les efforts et le sincère engagement du gouvernement à mettre en œuvre des politiques visant à affronter ces graves problèmes.
Le patronat continue à favoriser la création et le fonctionnement d’organisations solidaristes : des associations regroupant des travailleurs/euses, mais qui sont subordonnées aux employeurs, dont elles dépendent entièrement. Elles sont utilisées dans la pratique comme un moyen d’éviter la constitution de syndicats et d’affaiblir la négociation collective.