Tailandia - Une nouvelle législation invoquée pour réprimer une manifestation pacifique et intimider des dirigeants

Le 6 janvier 2016, trois unités de policiers, soutenues par des militaires, ont été chargées de disperser une manifestation à laquelle participaient 500 travailleurs lock-outés par l’équipementier automobile japonais en pièces détachées, Sanko Gosei, devant le ministère du Travail. Le gouvernement thaïlandais a invoqué de nouveaux pouvoirs en vertu de la Loi 2015 sur les réunions publiques qui prévoit une peine pouvant aller jusqu’à dix ans d’emprisonnement pour avoir causé des troubles ou une interruption des services publics.

Plus de 600 travailleurs et travailleuses de Sanko Gosei, tous membres du syndicat, ont été lock-outés le 20 décembre 2015, après l’échec des négociations sur une nouvelle convention collective et sur des primes. L’entreprise affirme que c’était non rentable. Pourtant, dans le même temps, du personnel occasionnel a été engagé pour remplacer les salariés lock-outés. Le syndicat des travailleurs de Sanko Gosei accuse l’entreprise de se servir du conflit pour se débarrasser de l’organisation et remplacer le personnel permanent par des sous-traitants.

Après la dispersion de la manifestation, deux dirigeants syndicaux, Chalee Loysoong, vice-président du Comité thaïlandais de solidarité syndicale (TLSC) et Amorndech Srimuang, président du syndicat des travailleurs de Gosei Sanko, ont été interrogés par les autorités. Pendant ce temps, leurs téléphones et pièces d’identité leur ont été temporairement confisqués et ils ont été escortés à tout moment, même pour se rendre aux toilettes. Les dirigeants syndicaux avaient pris part dans la journée à des négociations de médiation avec Sanko Gosei et le ministère du Travail, tandis que le rassemblement avait lieu devant le bâtiment.

Les intimidations se sont poursuivies le lendemain lorsque Wilaiwan Saetia, présidente du TLSC, a été suivie de l’usine jusqu’à sa maison par quatre ou cinq militaires en uniforme et en civil. Yongyut Mentapao, vice-président du TLSC, a aussi fait savoir qu’il avait été suivi par des militaires et des policiers d’unités non identifiées.

La semaine suivante, le mercredi 13 janvier 2016, vers 8 heures du matin, cinq militaires ont rendu visite à Wilaiwan Saetia au bureau syndical de Om Noi/Om Yai dans la province de Samut Sakhon. Après la discussion, qui a duré jusqu’à 23 heures, les militaires ont fait valoir leur pouvoir en vertu de la section 44 de la Constitution intérimaire qui leur octroie le pouvoir absolu pour maintenir la sécurité et ont fait savoir à la dirigeante du TLSC qu’elle devait désormais informer l’armée avant de prendre politiquement position.

© ITUC-CSI-IGB 2013 | www.ituc-csi.org | Contact Design by Pixeleyes.be - maps: jVectorMap